EN CHIFFRES. Les dirigeants de très petites entreprises se disent plutôt satisfaits de la feuille de route du nouveau Premier ministre, selon le dernier baromètre Fiducial. L'examen chaotique du budget 2025 et la morosité économique plombent malgré tout leur moral.

Un nouveau Premier ministre certes, mais pour quelle politique ? Si les petits patrons sont visiblement rassurés par la nomination de Michel Barnier à Matignon, ils sont en revanche bien moins confiants dans l'évolution de leur activité. C'est ce que révèle le dernier baromètre Fiducial des très petites entreprises, pour lequel l'institut Ifop a interrogé un millier d'entrepreneurs, tous secteurs confondus et auto-entrepreneurs inclus, en septembre-octobre. Les sociétés réalisant un chiffre d'affaires annuel inférieur à 50.000€ n'ont pas été sollicitées par cette enquête.

 

 

57% des petits patrons du BTP craignent les conséquences d'une motion de censure du gouvernement Barnier

 

Pour commencer, la personnalité du nouveau chef du Gouvernement est plutôt perçue positivement : 57% des dirigeants de petites structures se disent satisfaits de sa nomination, 75% le jugeant ouvert au dialogue, 73% compétent et 68% estiment qu'il a de l'autorité. Il faut dire que les autres noms qui avaient circulé pour Matignon - surtout à gauche - n'ont pas franchement convaincu les professionnels : 21% se disent favorables à Xavier Bertrand ou Bernard Cazeneuve, 11% à Lucie Castets et 4% à Huguette Bello.

 

Cela dit, l'inquiétude des dirigeants de TPE reste vive. En cause : l'instabilité politique et la morosité économique qui leur plombent le moral. Ainsi, la moitié (51%) des sondés craint les conséquences d'une motion de censure sur le gouvernement de Michel Barnier - un chiffre qui grimpe à 57% chez les petits patrons du BTP.

 

22% des TPE sont optimistes envers le climat général des affaires en France

 

Plus largement, le pessimisme semble s'installer durablement chez les professionnels : 77% n'ont pas confiance dans le climat général des affaires qui règne en France, 10 points de plus qu'il y a un an. Ce niveau n'avait pas été observé depuis 2016.

 

En toute logique, le niveau d'optimisme envers le climat des affaires, qui n'est déjà pas bien élevé en temps normal, s'érode encore de six points et tombe à 22%, un chiffre qui n'avait, là aussi, pas été atteint depuis 2016. Idem pour le niveau d'optimisme vis-à-vis de sa propre activité : bien que souvent plus élevé, cet indicateur perd également 11 points en un an et s'établit à 52%.

 

L'immigration et la transition écologique ne préoccupent que 14% et 10% des TPE

 

Interrogés sur ce qu'ils redoutent le plus dans les prochains mois, 4 petits patrons sur 10 (44%) citent d'abord le ralentissement de leur activité, quand un tiers (33%) se prépare à une hausse des prix et une aggravation des tensions sociales. La hausse du coût du travail (17%), les difficultés de recrutement (16%), la baisse des aides aux entreprises (14%) et l'allongement des délais de paiement (13%) arrivent loin derrière.

 

Les entrepreneurs attendent surtout de l'exécutif des mesures en faveur des ménages et des entreprises. D'après le baromètre Fiducial, ils sont 35% à penser que le pouvoir d'achat doit être la priorité du nouveau gouvernement. Suivent la réduction de la dette publique (25%) et les mesures sécuritaires (24%), talonnées par l'emploi (23%) et la compétitivité des entreprises (20%). On notera que l'immigration et la transition écologique arrivent en queue de peloton, avec respectivement 14% et 10%.

 

71% des petits patrons plaident pour une baisse des aides de l'État

 

 

Sur le plan fiscal, et sans surprise, les dirigeants de TPE attendent prioritairement une baisse des cotisations patronales sur les salaires (32%) et des aides sociales (27%) afin de résorber le déficit public. Un patron sur cinq (21%) cite l'augmentation des aides aux petites et moyennes entreprises, la diminution de l'impôt sur le revenu ainsi que la baisse de la TVA sur les biens de première nécessité. En outre, 19% mentionnent la lutte contre l'absentéisme au travail… quand ils ne sont que 7% à soutenir une hausse de l'impôt sur les sociétés afin d'augmenter les recettes fiscales.

 

Globalement, les deux tiers (63%) des entrepreneurs interrogés considèrent donc qu'il est urgent de soutenir les entreprises, et ils sont 8 sur 10 (81%) à plaider pour un desserrement de la pression fiscale. À l'heure où les partis politiques rivalisent d'imagination pour baisser le déficit public, 71% des petits patrons préfèreraient en outre réduire les aides de l'État plutôt que de les augmenter, même pour soutenir des populations ou des secteurs d'activité en difficulté.

 

1 TPE sur 3 rencontre des difficultés financières

 

Le baromètre Ifop - Fiducial s'est enfin penché sur la situation économique des TPE. La conjoncture s'améliore un peu : si 36% des chefs d'entreprises disent toujours rencontrer des difficultés financières, ils n'étaient plus, fin septembre, que 43% à être dans une situation qui pourrait les contraindre à déposer le bilan, contre 50% en juin dernier.

 

Les mouvements de personnel semblent par ailleurs s'accentuer : 19% des sondés déclarent avoir embauché ou prévoient de le faire, soit 10 points de plus qu'au second trimestre. La taille de l'entreprise joue toutefois un rôle important, puisque 58% des TPE de 10 salariés et plus comptent effectivement recruter, contre seulement 16% des TPE de moins de 10 salariés.

 

Mais le phénomène contraire s'accentue lui aussi : 15% des professionnels interrogés assurent avoir supprimé un ou plusieurs postes au cours du 2e trimestre 2024, ce qui représente un bond de 9 points en comparaison à la même époque un an plus tôt. Malgré tout, les embauches devancent les licenciements de 4 points, un niveau stable depuis le printemps.

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