EN CHIFFRES. Une enquête du groupe Fiducial s'est penchée sur la position des petits patrons face aux nouvelles organisations du travail, tels que le télétravail, la semaine de 4 jours ou encore l'intelligence artificielle. S'ils admettent que leur propre rapport au travail a évolué ces dernières années, ils appellent dorénavant à une plus grande "flexibilité".
Depuis la crise du Covid, chacun aura constaté que le monde du travail a assurément changé. Télétravail, semaine de 4 jours, intelligence artificielle : les nouvelles organisations professionnelles amènent les chefs d'entreprises à repenser le fonctionnement de leurs sociétés... ou pas. Si cette réflexion débouche parfois sur des évolutions concrètes pour les salariés, il arrive aussi qu'elle reste lettre morte.
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Dans son enquête de conjoncture du 2e trimestre 2024, le groupe Fiducial a demandé à l'institut de sondage Ipsos d'interroger un millier de dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés (auto-entrepreneurs inclus) sur ces nouvelles pratiques du travail. Les entreprises réalisant moins de 50.000 € de chiffre d'affaires à l'année n'ont pas été sollicitées.
28% des dirigeants de TPE approuvent la semaine de 4 jours
Premier item sondé : la semaine de 4 jours. Alors que 70% des Français se déclarent favorables à l'instauration de ce rythme, les petits patrons sont seulement 28% à l'approuver. Précision : l'Ifop entend par semaine de 4 jours le fait d'effectuer la même charge de travail en 4 jours au lieu de 5, et pour un salaire identique.
Les dirigeants de TPE avancent plusieurs raisons à cela. Quarante-et-un pour cent d'entre eux estiment qu'il y a un risque d'une mauvaise coordination avec les les clients de l'entreprise, si ceux-ci ne sont pas alignés sur le même rythme ; 37% font état de difficultés à couvrir des heures de service ; et 31% la peur d'une baisse de la production. Paradoxalement, les deux tiers des sondés considèrent qu'ils appliquent déjà une organisation "flexible" dans leurs structures.
46% assurent que la semaine de 4 jours a amélioré le bien-être au travail et a réduit le stress de leurs salariés
L'étude met toutefois en lumière des différences générationnelles et politiques. En effet, 53% des patrons de moins de 35 ans et 40% de ceux ayant une sensibilité politique de gauche se disent favorables à la semaine de 4 jours, soit respectivement 25 et 12 points de plus que la moyenne.
Toutes catégories confondues, 13% des dirigeants interrogés expliquent avoir déjà institué ce nouveau rythme au sein de leurs entreprises. Le principal bénéfice qu'ils en tirent est un meilleur équilibre des temps de vie pour leurs salariés (60% des réponses), suivi par un meilleur bien-être au travail et une réduction du stress perçu (46%).
À noter : les chefs d'entreprises avancent également que la semaine de 4 jours permettrait d'attirer et de conserver des salariés (32%), d'avoir un impact positif sur l'environnement en diminuant le nombre de jours de déplacement des collaborateurs (25%) et de réduire les coûts opérationnels de l'entreprise, comme le chauffage et l'électricité (16%).
1 petit patron sur 4 a autorisé le télétravail
Sur le télétravail, les avis sont partagés. Seulement un quart des petits patrons déclarent autoriser le télétravail, dont 18% à hauteur d'un ou deux jours par semaine.
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On peut lire dans le baromètre Fiducial que "ce sont majoritairement les dirigeants d'entreprises du secteur des services aux entreprises - soit le seul secteur d'activité compatible avec cette organisation du travail à distance - qui déclarent l'avoir autorisé (58%), tandis que les patrons d'entreprises des secteurs de l'industrie, du BTP, de l'hôtellerie, de la santé et de l'action sociale sont largement et logiquement sous-représentés". Difficile effectivement d'imaginer un plombier, un compagnon ou un menuisier télétravailler pour honorer les commandes de leurs clients.
L'étude relève par ailleurs que "les patrons des plus grandes TPE (de 10 à 19 salariés) et d'Île-de-France sont également plus nombreux à avoir accepté la mise en place de cette nouvelle organisation du travail (respectivement 34% et 47% d'entre eux)".
11% des chefs d'entreprises du BTP considèrent que l'IA aura un rôle dans leur organisation du travail
Enfin, le développement de l'intelligence artificielle générative (IA) n'est pour l'instant pas une priorité des chefs d'entreprises. Seuls 28% de ceux employant au moins un salarié estiment que celle-ci aurait un rôle significatif sur l'organisation du travail et la nature des tâches réalisées.
Sans trop de surprise et à l'image du télétravail, les dirigeants du BTP font partie des moins nombreux à considérer (11%) que l'IA puisse impacter leurs entreprises. Conséquence : presque 6 patrons sur 10 n'envisagent pas de la développer dans leur boîte.
7 patrons sur 10 pensent que la génération Z est moins "travailleuse"...
L'étude s'est par ailleurs penchée sur le rapport entre les différentes générations qui se côtoient sur le lieu de travail. Quatre-vingt pour cent des sondés considèrent que les salariés, quel que soit leur âge, cherchent dorénavant à trouver un épanouissement en-dehors de leur travail.
S'ils sont 64% à juger que la génération Z (les personnes nées entre 1997 et 2010) affirme davantage ses limites dans le travail par rapport à ses aînés, ils ne sont toutefois que 37% à estimer qu'elle a fait évoluer les pratiques de travail. Sept patrons sur dix pensent d'ailleurs que la génération Z est moins "travailleuse" que ses prédécesseurs.
... 47% des dirigeants de TPE d'Île-de-France confirment ce constat, contre 74% pour ceux installés en région
Là encore, la couleur politique des dirigeants affecte ce ressenti. Les partisans du Rassemblement national et de Reconquête partagent à 86% ce préjugé, contre 52% des sympathisants de gauche. Et une nouvelle fois, le constat varie selon que l'entreprise est basée en région parisienne ou dans le reste du pays : les patrons de TPE d'Île-de-France ne sont que 47% à confirmer ce constat, contre 74% pour ceux installés en province.
"Paradoxalement, les plus convaincus des travers de la génération Z sont ceux qui ne travaillent pas avec eux : 76% des patrons n'ayant eu aucun 'Gen Z' dans leur entreprise considèrent qu'ils sont moins travailleurs, contre 66% des patrons ayant compté un 'Gen Z' parmi leurs effectifs", précise Fiducial.