CONJONCTURE. Depuis le début de l'année 2024, les TPE et indépendants font face à une situation économique particulièrement dégradée, les poussant à rogner sur leurs revenus ou à repousser les recrutements, sans parler des faillites. Le Syndicat des indépendants et des TPE (SDI) appelle le gouvernement à réagir.

Y a-t-il un ministre pour sauver les TPE ? Le Syndicat des indépendants et des TPE (SDI) a publié un état des lieux de ces entreprises au troisième 2024. L'étude donne à voir des professionnels qui n'arrivent pas à sortir la tête de l'eau, lestés par des trésoreries en difficulté, obligés de rogner sur leurs revenus pour limiter les malus financiers.

 

Inquiet de l'impact que pourraient avoir de potentielles hausses d'impôts et de charges salariales sur des professionnels déjà en peine, le SDI propose au gouvernement des solutions pour réaliser des économies.

 

Le moral reste au plus bas chez les chefs d'entreprise

 

L'état d'esprit des chefs d'entreprise au T3 2024 ne se porte pas mieux que les trimestres précédents. "Au fil de nos enquêtes trimestrielles, l'état d'esprit négatif se maintient à un niveau élevé depuis janvier 2024", constate le SDI. En effet, 86% des chefs d'entreprises indiquent avoir un état d'esprit négatif sur la période étudiée, contre 86% et 85% au premier et deuxième trimestre.

 

Dans le détail, l'inquiétude est le sentiment qui ressort le plus. 41% des chefs d'entreprises se disent ainsi inquiets. 27% sont désabusés, 11% en colère. Seulement 4% s'estiment confiants, 5% optimistes et 6% sereins. Ces chiffres s'expliquent notamment par la situation économique instable, qui influe les activités et trésoreries des entreprises.

 

Des activités et trésoreries dégradées

 

Le troisième trimestre 2024 a été marqué par une dégradation de l'activité des TPE et indépendants. 63% des interrogés constatent en effet une baisse de leur activité par rapport au T3 2023, dont 24% notent une forte baisse. À peine 8% connaissent une hausse de leur activité.

 

Cette situation impacte fortement la trésorerie des entreprises. 55% des sondés disent ainsi faire face à ce type de problèmes. Les difficultés sont particulièrement marquées pour les TPE titulaires d'un prêt garanti par l'État (PGE) en cours de remboursement, un dispositif mis en place suite à la crise Covid. 68% d'entre elles déclarent ainsi peiner avec leur trésorerie, contre 47% pour les entreprises n'ayant pas de PGE à rembourser.

 

Face à cette situation, les professionnels peuvent de moins en moins compter sur les banques pour les soutenir. "L'accroissement des bilans négatifs et la hausse des défaillances diminuent le soutien des banques envers nos indépendants", souligne en effet le SDI, alors même que le nombre TPE ayant demandé un crédit de trésorerie est en augmentation. Il est passé de 11% au T2 2024 à 13%. Cependant, seulement 57% d'entre elles l'ont obtenu en totalité et 8% partiellement, contre respectivement 78% et 8% au trimestre précédent.

 

Les revenus et le recrutement, leviers d'ajustement de la trésorerie

 

Le levier principal d'ajustement utilisé par les dirigeants de TPE et indépendants pour ajuster leur trésorerie sont leurs revenus. "52% des personnes interrogées déclarent constater une baisse de leurs revenus sur le T3 2024", note ainsi le SDI. Dans le détail, 51% des dirigeants interrogés gagnent moins d'un Smic mensuel, contre 47% sur l'année 2023. 16% d'entre eux se situent entre 1.000 et 1.398 euros, 20% entre 500 et 1.000 euros et 15% à moins de 500 euros. Seuls 13% gagnent plus de 3.000 euros par mois.

 

Les recrutements sont également une variable d'ajustement privilégiée. Seulement 13% des interrogés recherchent du personnel au T3 2024, contre 19% au T2 2024 et 22% au T1. La situation se dégrade donc depuis le début de l'année. Et parmi ceux souhaitant recruter, 98% disent rencontrer des difficultés pour y parvenir, contre 50% au T1 et 70% au T2.

 

Le SDI propose de s'attaquer aux cotisations des complémentaires santé

 

Alors que le budget 2025 doit être annoncé dans les prochains jours, 62% des interrogés pensent être concernés par les hausses d'impôts à venir. Les TPE et indépendants craignent également une hausse des salaires : "Suite à l'annonce du Premier ministre d'une hausse du Smic de 2%, seuls 41% des responsables de TPE seraient en capacité de l'assumer. 59% ne le pourront pas en l'état".

 

Afin de soulager ces professionnels, le SDI propose de s'attaquer à la question du système de santé. "Le système de protection sociale en France, dont le financement est essentiellement fondé sur les cotisations du travail, ne parvient pas à maintenir son équilibre", souligne le syndicat. Selon ce dernier, les dirigeants de TPE et professionnels indépendants sont attachés à ce système, mais dénoncent de nombreux abus et fraudes.

 

Il invite donc le gouvernement à se pencher sur les coûts de gestion des complémentaires santés, intégrés aux cotisations, qui sont "proportionnellement huit fois plus élevés que ceux de la sécurité sociale avec 7,7 milliards d'euros".

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