EN CHIFFRES. Le réseau des Chambres de métiers et de l'artisanat appelle le nouveau Premier ministre à donner de la visibilité et de la stabilité aux plus de 2 millions d'entreprises artisanales du pays. Les difficultés restent nombreuses, comme le prix des matières premières et de l'énergie, ainsi que la lourdeur administrative.

Sitôt nommé, Michel Barnier est déjà attendu au tournant par les professionnels de la construction et de l'immobilier. Dans un contexte inédit marqué par une morosité économique et un brouillard politique, les chefs d'entreprises sont encore loin d'être rassurés par la nomination de ce Premier ministre, néanmoins saluée par la plupart des organisations patronales et fédérations professionnelles.

 

 

C'est le cas notamment du réseau des Chambres de métiers et de l'artisanat (CMA), qui attend maintenant de la future équipe gouvernementale des gestes forts. "La stabilité est essentielle pour que les artisans retrouvent confiance en l'avenir. Sans elle, il devient difficile d'investir, de former, d'embaucher, de se transformer ou se développer", plaide son président, Joël Fourny.

 

88% des artisans du bâtiment se disent encore passionnés par leur métier

 

Malgré les félicitations qu'il adresse à Michel Barnier, le réseau consulaire l'appelle à "redonner confiance dans l'avenir" aux quelque 2,4 millions d'entreprises artisanales que compte le pays. Le baromètre annuel de la confiance des artisans, réalisé fin juillet - début août par l'institut Opinion Way auprès de 600 professionnels, rejoint le constat dressé par l'U2P (Union des entreprises de proximité) et la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) : les artisans ont encore de nombreuses difficultés à surmonter.

 

D'après ce sondage (dans lequel l'artisanat du bâtiment représente 45% du panel), 88% des chefs d'entreprises de la construction se disent encore passionnés par leur métier. Cela dit, quasiment 4 sur 10 ont déjà envisagé de cesser leur activité à cause du contexte économique. Sur les 12 derniers mois, seulement 23% affirment que la situation de leur entreprise s'est améliorée, contre 36% pour qui elle s'est dégradée - 41% déclarent que leur activité a stagné.

 

La complexité administrative préoccupe 67% des professionnels

 

La confiance en l'avenir des artisans du bâtiment semble s'éroder au fil du temps. Ils sont 7 sur 10 à rester optimistes pour les six prochains mois, 6 sur 10 pour l'année qui vient, et 54% à plus long terme.

 

Les dirigeants sondés par Opinion Way ont listé une dizaine de défis dont l'impact est plus ou moins fort sur leur activité. La hausse du prix des matières premières continue à truster le haut des préoccupations (81% des répondants), suivie par celle des tarifs de l'énergie (74%) et la complexité administrative (67%).

 

22% des artisans s'interrogent sur la concurrence des plateformes en ligne

 

Les deux tiers des artisans du bâtiment attendent le retour de la croissance, quand 58% s'interrogent sur les changements des habitudes de consommation à l'oeuvre chez nos concitoyens. Les difficultés de trésorerie sont toujours problématiques pour 56% d'entre eux, et la recherche de financements demeure un obstacle pour un gros tiers.

 

En revanche, les difficultés de recrutement, bien que toujours présentes, ne concernent plus que 36% des professionnels. À noter : la concurrence émanant des plateformes en ligne (Amazon, Etsy...) émerge et préoccupe dorénavant 22% d'entre eux.

 

 

29% des chefs d'entreprises du bâtiment comptent se former

 

Sans surprise, les deux enjeux majeurs identifiés par les artisans du bâtiment pour l'avenir de leur entreprise sont l'instabilité économique (incluant l'inflation et le pouvoir d'achat) et les futures politiques publiques du prochain gouvernement, respectivement à hauteur de 64% et de 49%.

 

Les professionnels ne comptent pas pour autant baisser les bras et envisagent malgré tout, pour 71% d'entre eux, d'atteindre les objectifs financiers qu'ils se sont fixé pour 2024. La formation et le développement des compétences de leurs collaborateurs intéressent respectivement 29% et 24% du panel.

 

32% des artisans envisagent d'investir dans leurs ressources informatiques

 

Les intentions d'embauches plongent cependant : seulement 17% comptent embaucher un apprenti, 12% un salarié. Les intentions d'investissements sont par contre beaucoup plus élevées : 92% des professionnels en envisagent, prioritairement dans le marketing et la publicité (47%), la relation client et le service après-vente (44%), l'informatique (notamment la cybersécurité, 32%), l'innovation et la R&D (25%).

 

Les ressources humaines (formation, recrutement...) ne pèseraient que 14% des projets d'investissements, et la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) tomberait à 6%.

 

Pour CMA, "ces données mettent en lumière un besoin accru de soutien et d'accompagnement". Le réseau consulaire propose trois mesures à cette fin : des politiques publiques qui s'ancrent dans la durée, une amélioration du cadre législatif et réglementaire, et une pérennisation du soutien au système d'apprentissage.

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