CONJONCTURE. Les entreprises de proximité ont de nouveau vu leur chiffre d'affaires diminuer au 2e trimestre 2024, la construction étant la plus impactée. Si la prudence reste de mise, les professionnels ne veulent pas pour autant faire une croix sur leurs embauches.

La rentrée s'annonce compliquée aussi bien pour le nouveau Premier ministre que pour les entreprises artisanales. Alors que Michel Barnier vient d'être nommé à Matignon après deux mois de tergiversations politiques, et qu'il doit maintenant composer son gouvernement, l'Union des entreprises de proximité (U2P), l'une des trois grandes organisations patronales françaises, dévoile sa note de conjoncture pour le 2e trimestre 2024.

 

 

Trois mois qui ont été marqués par une dégradation de l'activité. Après avoir déjà perdu 1,1% en début d'année, l'artisanat accuse encore une baisse de 1,4% de son chiffre d'affaires en volume entre avril et juin. Dans une enquête menée par l'Institut Xerfi auprès de 7.700 chefs d'entreprises au mois de juillet, le repli atteint même 1,5% sur les 12 derniers mois. Le secteur de la construction est le plus impacté (-3%), suivi par celui de l'alimentation (-1,9%).

 

Seulement 1 artisan sur 10 a déclaré une hausse de sa trésorerie

 

Une situation confirmée par la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), membre de l'U2P, qui fait état de nombreuses difficultés chez les entreprises de maçonnerie, particulièrement exposées à la chute de la construction neuve. Plus de 6.000 postes auraient déjà été détruits entre janvier et mars d'après la confédération, bien que leurs carnets de commandes représentaient encore 72 jours de travail en moyenne à fin juin.

 

D'une manière générale, "la taille des entreprises a été déterminante puisque les entreprises sans salarié ont enregistré une chute de 3,9% tandis que les entreprises employant plus de 10 salariés parvenaient à limiter le repli (-0,4%)", détaille l'U2P dans un communiqué. Autrement dit, il est confirmé que les plus petites structures sont encore et toujours les plus exposées aux aléas économiques.

 

Leur santé financière en subit logiquement les conséquences : tous secteurs confondus, environ 10% des professionnels ont déclaré une hausse de leur trésorerie, quand ils sont 22% à avoir constaté une détérioration - ceux-ci n'étaient que 16% il y a encore trois mois. "Les avis négatifs l'emportent quel que soit le secteur étudié", résume l'U2P. La prudence reste donc de mise mais les dirigeants ne veulent pas pour autant faire une croix sur leurs embauches.

 

Absence de candidatures et manque de qualification

 

En effet, la morosité économique et le brouillard politique ne les découragent pas à recruter de nouveaux salariés : 16% des entreprises comptant au moins un employé ont embauché durant le 1er semestre 2024, un niveau similaire à celui des six premiers mois de 2023. En moyenne, le nombre de salariés recrutés a toutefois légèrement reculé pour s'établir à 1,6, contre 1,7 un an plus tôt. Cette dynamique s'observe dans le commerce alimentaire (21%, +4 points) et l'hôtellerie-restauration (29%, +4 points), mais pas dans l'artisanat du bâtiment, où le niveau a stagné autour des 13%.

 

Cela dit, de plus en plus d'entreprises affirment rencontrer des difficultés de recrutement. Elles étaient 27% dans ce cas au 2e semestre 2024, soit une hausse de 3 points. Dans le détail, 67% des entrepreneurs regrettent une absence de candidatures, tandis que 60% pointent le manque de qualification des postulants. Pour les six prochains mois, les artisans ne semblent pas envisager de licenciements, mais ils ne comptent pas non plus embaucher : les intentions en ce sens tombent à 8%, contre 10% en 2023. En moyenne, le nombre de salariés recrutés devrait se stabiliser autour de 1,4.

 

Le rôle économique des TPE sous-estimé

 

 

Tant du côté de la Capeb que de l'U2P, on attend désormais la feuille de route du nouveau gouvernement, si tant est que les textes qu'il présentera - à commencer par le projet de loi de finances 2025 - parviennent à franchir l'étape de l'Assemblée nationale, transformée en véritable chaudron suite aux élections législatives anticipées de juin. La confédération a carrément appelé à un "Grenelle du logement", revendiquant notamment le maintien du budget alloué à la rénovation énergétique ou de l'éligibilité des gestes simples à Ma prime rénov' en 2025.

 

Les entreprises de proximité profitent aussi de l'occasion pour enfoncer de nouveau le clou sur la représentativité des TPE, avec à la clé une étude réalisée par l'Institut Terram. Celle-ci souligne que les sociétés employant de 1 à 9 salariés ne seraient pas assez considérées par les politiques publiques et les autres catégories d'entreprises, en dépit de leur rôle incontournable dans la création de richesses et d'emplois. Elle avance plusieurs pistes pour remédier à cette situation, de la décentralisation des mécanismes de soutien et d'accompagnement à l'élargissement de l'accès à la commande publique.

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