ÉCONOMIE. Le blocage politique à l'oeuvre depuis les élections législatives anticipées laisse pantois plus de 9 travailleurs indépendants sur 10, souligne une enquête d'opinion. Ils en rejettent la responsabilité sur l'ensemble de la classe politique.

"Un gros ras-le-bol général", voilà ce que ressentent les travailleurs indépendants à l'égard de la situation politique actuelle. Dans le cadre d'une enquête d'opinion réalisée fin août auprès de 1.300 artisans et patrons de TPE, le Syndicat des indépendants (SDI) a constaté qu'un état d'esprit pour le moins négatif s'était installé à l'encontre de la classe politique.

 

 

Déplorant le spectacle d'une "lutte de partis au détriment de l'intérêt général" et consternés par un "jeu politique inadmissible", 39% des entrepreneurs interrogés se disent inquiets, 34% désabusés et 15% en colère. Le Smic à 1.600 € nets mensuels est toujours jugé néfaste pour l'activité des entreprises par 79% de ses adhérents.

 

Rejet d'une nouvelle hausse des prélèvements obligatoires

 

Mais il est désormais détrôné par une hausse des prélèvements obligatoires (89%), suivie par une politique de rigueur budgétaire (57%), et ce, alors que les finances publiques sont dans le rouge et que la Commission européenne a lancé une procédure de déficit excessif contre la France.

 

"L'augmentation des taxes/impôts/charges reste par principe urticant pour les professionnels indépendants. L'affirmation selon laquelle seuls les 'riches' seraient concernés ne convainc pas, y compris parmi une population dont 48% gagnent moins d'un Smic mensuel pour 200 heures de travail par mois", analyse-t-on au SDI.

 

Attentisme

 

Pour autant, 62% des dirigeants interrogés ne considèrent pas que l'absence de gouvernement nuise à leur activité. "De fait, les services publics continuent à fonctionner normalement, l'Urssaf poursuit ses prélèvements et les taxes foncières sont en cours de réception à la date prévue. Globalement, la vie suit son cours", commente le syndicat.

 

D'autres pointent malgré tout une "anxiété générale", aussi bien chez les particuliers que chez les professionnels, tandis que certains pointent une "situation anxiogène" chez leurs clients qui "limitent leurs achats". Un attentisme et un manque de visibilité qui n'aident pas les carnets de commandes à se remplir, même si ceux-ci affichent encore plus de deux mois d'activité en moyenne du côté de l'artisanat du bâtiment.

 

Responsabilité collective

 

Le blocage politique à l'oeuvre depuis les élections législatives anticipées laisse pantois plus de 9 travailleurs indépendants sur 10, qui en rejettent la responsabilité sur l'ensemble de la classe politique.

 

Le président de la République, Emmanuel Macron, est particulièrement visé par 46% des répondants, en raison de sa décision surprise de dissoudre l'Assemblée nationale au lendemain des élections européennes qui s'étaient soldées par une victoire écrasante du Rassemblement national (RN). Cela dit, les partis politiques dans leur ensemble sont pointés du doigt par 40% des chefs d'entreprises.

 

 

Gel ou annulation des embauches

 

Avant la dissolution, environ un tiers des indépendants (soit près de 700.000 TPE) avait prévu un investissement ou un recrutement. Après cette annonce, 52% ont suspendu voire annulé leurs projets d'embauche (soit 364.000 entreprises), un chiffre qui grimpe à 69% pour les projets d'investissement (ce qui concerne 483.000 sociétés).

 

La responsabilité de la conjoncture délétère "doit aussi être partagée avec les citoyens et les médias", nuance le SDI, qui considère la crise actuelle comme "une défaite collective". Et d'appeler les nouveaux députés à "se hisser à la hauteur des enjeux".

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