CONJONCTURE. Routes de France et le Syndicat des équipements de la route ont profité de la présentation conjointe de leurs vœux pour souligner l'importance de la commande publique et des grands chantiers d'infrastructures pour leurs entreprises.
L'organisation Routes de France, membre de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), et le Syndicat des équipements de la route (SER) ont conjointement présenté leurs vœux ce mardi 22 janvier. L'occasion pour la profession de dresser un bilan de l'année 2018 et de dessiner les perspectives de l'année 2019, tout en insistant sur certaines spécificités propres à leur domaine d'activité et à leurs carnets de commandes : des travaux sur la normalisation européenne aux questions d'éthique des affaires en passant par les problématiques de formation professionnelle, l'actualité est riche. Aly Adham, président du SER : "En 2019, notre organisation va s'agrandir en intégrant l'APREA [Association professionnelle des réalisateurs d'écrans acoustiques, ndlr], le syndicat qui regroupe aussi bien les industriels que les installateurs des protections acoustiques, qui gravitent autour de notre écosystème et qui, avec leurs 20-25 entreprises, viendront renforcer la création d'une nouvelle section de travaux au SER. On continue à défendre nos valeurs, à faire progresser nos métiers, nos entreprises, et je crois que la route est encore longue."
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Les travaux routiers enregistrent une activité 2018 en hausse de 10%
Le président de Routes de France, Pierre Calvin, a succédé à Aly Adham à la tribune pour détailler les évènements marquants rencontrés par les travaux routiers au cours de l'année 2018 : le problème de ravitaillement en bitume ; la divulgation de l'audit externe sur l'état du réseau routier national non-concédé, qui n'a d'ailleurs que confirmé les signaux d'alerte envoyés depuis quelques temps par les travaux publics aux autorités ; l'effondrement du pont de Gênes (Italie), qui a braqué les projecteurs sur l'état parfois extrêmement vétuste des ouvrages d'art. Mais malgré ces difficultés, les travaux routiers sont parvenus à faire progresser leur activité de 10% en 2018 par rapport à l'année précédente, soit plus de 13 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Cependant, l'évolution est évidemment variable en fonction des régions et des tissus économiques locaux.
Mais il est une statistique plus inquiétante pour Routes de France : les tonnages d'enrobés des entreprises de travaux routiers n'ont augmenté que de 3% sur les deux dernières années. "Pour nous, l'enrobé est quand même un indicateur fort de l'entretien des réseaux", souligne Pierre Calvin. "Et aujourd'hui, quand on n'a que 3% de hausse des tonnages d'enrobés en comparaison à l'évolution de notre activité, on se rend compte qu'on n'a pas encore atteint le niveau nécessaire à l'entretien de ces infrastructures." Au niveau de la profession, 2018 aura également été marquée par la création de branches régionales de Routes de France, dans l'optique de mieux capter les retours du terrain. De plus, le premier marché global de performances, appliqué aux travaux routiers, a été signé l'année dernière par la commune de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine).
Inquiétude autour des élections municipales et des CPER
Et quid de 2019 ? "En termes d'activité, on est sur les mêmes prévisions pour les 6 premiers mois de l'année que ce que nous avons connu à la même période en 2018", poursuit le président de Routes de France. "Nous sommes un peu plus inquiets pour la fin 2019, car on se rapprochera alors des élections municipales et on le sait, à l'approche de ces échéances électorales, il y a toujours un effet couperet sur les travaux dans les territoires. Je rappelle à ce titre que Routes de France rassemble 1.350 entreprises de travaux routiers à l'échelle nationale, et que ce maillage territorial est source à la fois d'activités économiques mais aussi sociales, et qu'il faut veiller à ne pas abandonner les territoires, car le service doit toujours être présent."
Néanmoins, la profession continue à s'interroger sur plusieurs sujets, tous en lien avec la commande publique et les décisions émanant soit de l'Etat, soit des collectivités territoriales. Tout d'abord, elle déplore que le quatrième appel à projets en sites propres ne soit toujours pas lancé, à l'heure où la puissance publique pousse les usagers à recourir à des mobilités plus propres. Ensuite, le taux de réalisation des contrats de plan Etat-régions (CPER) en termes d'autorisations de programmes est inférieur à 40%, alors que les contrats doivent officiellement se clôturer en 2020, ce qui inquiète les professionnels des infrastructures routières. Enfin, ces derniers regrettent aussi que le second plan de relance autoroutier ne soit pas encore rentré dans sa phase opérationnelle.
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De nombreux atouts dans la manche des Routes de France
En parallèle, le budget de l'AFITF (Agence de financement des infrastructures de transports de France) est pointé du doigt par la profession, qui déplore une légère baisse et quelques 500 millions d'euros qui manqueraient à l'appel. "Nous allons donc tenter de lever ces inquiétudes au cours de l'année 2019", conclut Pierre Calvin, avant d'énumérer les innovations techniques et technologiques sur lesquelles la profession mise beaucoup : la route 100% recyclée, la route à énergie positive, la signalisation dynamique... Expérimenter les liens entre infrastructure connectée et véhicule connecté est également au programme. Certes, la route est donc encore longue, mais les travaux routiers semblent déterminés à passer à la vitesse supérieure... à condition que les pouvoirs publics lèvent la limitation de vitesse.