MARCHÉ. En cette fin d'année 2018, l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières - Arafer - dresse un bilan des différents secteurs placés sous sa régulation ou son contrôle : le chemin de fer, le marché du transport interurbain et les infrastructures autoroutières concédées. L'organisation adresse des recommandations aux réformes qui ont libéralisé ces activités.

L'Arafer a mis à profit la publication, ce 11 décembre 2018, du deuxième bilan sur le marché du transport ferroviaire de voyageurs en France, pour faire un point d'étape sur les secteurs dont elle a la charge. Pour rappel, l'autorité administrative indépendante assure la régulation ou le contrôle de trois pôles d'activité à l'échelle nationale : le chemin de fer, le marché du transport interurbain et les infrastructures autoroutières concédées. Autant de secteurs qui ont fait l'objet de réformes libérales ces derniers mois : "2018 a constitué un profond tournant pour les mobilités de demain : l'adoption de la loi pour un nouveau pacte ferroviaire en juin a permis d'inscrire l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire domestique de voyageurs comme une prochaine réalité tangible, à laquelle tout le monde se prépare, à commencer par le groupe public ferroviaire historique dont cette loi acte une nouvelle transformation", a expliqué à ce sujet Bernard Roman, président de l'Arafer.

 

 

Un réseau ferré français performant mais très hétérogène

 

Le chemin de fer constitue évidemment le cœur historique de l'activité de régulation de l'Arafer. Le bilan 2017 démontre que le réseau ferré national comptabilise 28.710 km de lignes exploitées, soit une extension de 346 km sur un an (+1,2%), rendue possible par la mise en service des LGV Tours-Bordeaux et Le Mans-Rennes ainsi que le contournement Nîmes-Montpellier. A l'échelle européenne, la France se classe deuxième pour la taille totale de son réseau (derrière l'Allemagne) et pour la longueur de ses LGV (derrière l'Espagne). L'âge des infrastructures ferroviaires est d'ailleurs en baisse : il s'établit en moyenne à 29,8 ans, grâce à trois facteurs - l'ouverture de nouvelles lignes, les opérations de régénération des voies existantes, et la fermeture de lignes trop anciennes.

 

Pour autant, l'utilisation du réseau reste extrêmement hétérogène suivant les régions et les périodes : "50% du trafic ferré total sont réalisés sur 15% des lignes du réseau, tandis que 80% du trafic total s'effectuent sur 39% des voies", note Bernard Roman. "Et seuls 20% du réseau ne voient passer qu'1% de la circulation de trains." Entre 2016 et 2017, la plupart des trains ont vu leur fréquentation progresser : les TGV engrangent 9,7%, les services internationaux (Thalys, Eurostar...) progressent de 6,8%, les TER augmentent de 5%, les Intercités gagnent 3,3% et les Transilien enregistrent +1,7%. Au total, la fréquentation des chemins de fer bondit de 7% entre 2016 et 2017, pendant que l'aérien et la voiture n'augmentent respectivement que de 4% et de 0,4%.

 

Le taux moyen d'occupation des trains s'établit à 44%

 

Toujours d'après le bilan 2017 de l'Arafer, 2.573 communes seraient desservies "régulièrement" par au moins un service ferroviaire, dont 99,6% par un TER ou un Transilien. Chaque jour, ce sont environ 3,8 millions de passagers ferroviaires qui sont transportés par le rail, dont 87% par des services régionaux conventionnés (TER ou Transilien). Cependant, sur la période 2015-2017, le nombre de TGV en circulation a baissé de 3,2%, soit 7.400 circulations en moins, en dépit du développement des Ouigo et des ouvertures de LGV. Malgré cela, SNCF a compensé en mettant en circulation de nouveaux matériels avec une capacité plus importante, notamment les doubles-rames. "Le taux d'occupation moyen des trains s'établit, tous services confondus, à 44%, en hausse de 1,6 point sur un an, porté par la longue distance et avec des disparités importantes entre les services", ajoute Bernard Roman. Enfin, le taux moyen de trains en retard de plus de 5 minutes au terminus s'établit à 13%.

 

Voilà pour les statistiques pratiques. Mais l'Arafer s'intéresse également aux résultats financiers du secteur ferroviaire : en 2017, les entreprises du transport ferré de voyageurs ont perçu plus de 13,7 milliards de revenus, dont 8,4 milliards d'euros de recettes commerciales et 5,4 milliards de concours publics. Il est à noter que les recettes commerciales ont bondi de 8,2% en comparaison à 2016, surtout grâce à la hausse de la fréquentation.

 

Les cars Macron tracent leur route

 

L'Arafer s'intéresse par ailleurs à la libéralisation du marché du transport interurbain de voyageurs par autocar, autrement dit la réforme des cars Macron. Sur ce sujet, Bernard Roman parle d'une "incontestable réussite" : "Le 2e trimestre 2018 est le meilleur trimestre jamais réalisé par les cars Macron depuis la libéralisation, tant au niveau de la fréquentation que du chiffre d'affaires, qui atteignent des niveaux inédits". Concrètement, 2,4 millions de passagers ont été transportés en autocars, soit un score stratosphérique de +43% de la fréquentation par rapport au même trimestre, un an auparavant.

 

Les opérateurs ont quant à eux vu leur chiffre d'affaires s'envoler de 40%, pour atteindre 36,2 millions d'euros. Le taux d'occupation des autocars est de l'ordre de 61% contre 44,7% au 2e trimestre 2017. "Il s'agit d'un marché non seulement en pleine expansion mais aussi en pleine mutation : au deuxième trimestre de l'année 2018, l'arrivée de quatre nouveaux opérateurs qui se sont appuyés sur la plateforme Blablacar pour la commercialisation de leurs offres, confirme la faculté des acteurs économiques du secteur à s'adapter aux évolutions d'un marché qui se caractérise par de faibles barrières à l'entrée." D'après les calculs de l'Arafer, 279 communes seraient aujourd'hui desservies par les cars Macron (+17%).

 

En revanche, le dossier des gares routières pose encore problème au niveau des accès et aménagements, ainsi que de la réglementation : "Il existe donc encore des perspectives d'amélioration du marché, qui n'a pas encore atteint sa maturité", relève Bernard Roman. "C'est un immense chantier, très chronophage et qui se heurte aussi à un flou sur les périmètres de compétences entre collectivités dans certains cas."

 

 

Le chiffre d'affaires des sociétés autoroutières augmente de 3,4%

 

Autre secteur dans le giron de l'Arafer : les sociétés concessionnaires d'autoroutes, qui, en 2017, ont vu leur chiffre d'affaires progresser de 3,4%, pour atteindre 10,1 milliards d'euros. Une situation qui s'explique par la hausse de 3,5% des recettes générées par les péages, ces derniers représentant 97% des revenus des concessionnaires. Le dynamisme du trafic est aussi à noter, en augmentation de 1,9%, et notamment celui des poids lourds, qui enregistre +4,7%. Les tarifs des péages ont légèrement augmenté, de 0,9% en moyenne, tandis que les charges d'exploitation des concessionnaires n'ont progressé que de 0,4%. En cause : une baisse des achats, des charges externes et de personnels, en lien avec la diminution constante des effectifs (-2,6%). Les dépenses d'investissements des sociétés autoroutières ont par contre augmenté de 4,1% en 2017, pour atteindre 1,3 milliard d'euros. Le réseau a donc été étendu et modernisé, en application du plan de relance autoroutier. Pour rappel, celui-ci s'établit désormais à moins de 700 millions d'euros, contre plus de 800 millions initialement.

 

Pour les mois à venir, l'Arafer attend beaucoup de la loi d'orientation des mobilités (LOM), présenté fin novembre en Conseil des ministres par Elisabeth Borne, la ministre des Transports. "Nous souhaiterions étendre notre domaine de collecte de données à un plus grand nombre de secteurs", confie Bernard Roman. "C'est l'un des grands enjeux de la LOM : plus la collecte de données sera étendue, plus l'information délivrée aux autorités, aux entreprises et aux usagers sera efficiente."

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