ANALYSE. Les défaillances d'entreprises ont bondi de 20% entre juillet et septembre 2024, selon Altares. Des "signaux rassurants" apparaissent toutefois, notamment dans le secteur de la construction dont la résistance se fait remarquer dans un contexte économique pourtant difficile.

Un nouveau record a été franchi cet été : sur 12 mois glissants, 66.000 faillites d'entreprises ont été recensées à fin septembre, dont 64.000 cessations de paiement. "Bien que le chiffre impressionne, notre pays affiche encore un solde positif par rapport à sa moyenne de long terme puisque la moyenne des cinq dernières années, post-Covid, se situera fin 2024 aux environs de 45.500 défaillances", analyse Thierry Millon, le directeur des études d'Altares, qui publie son bilan des défaillances d'entreprises pour le 3e trimestre 2024.

 

 

"Cependant, l'irrégularité des sinistres observée durant l'été ne permet pas d'excès d'optimisme. Alors que l'horizon s'éclaircit un peu du côté des ménages, l'incertitude est encore forte du côté des entreprises ne favorisant ni l'investissement ni l'emploi", ajoute-t-il. Au total, 13.429 entreprises se sont retrouvées en défaut entre le 1er juillet et le 30 septembre, en progression de 20,1% par rapport à la même période de 2023. Un plus haut, malgré la décélération observée depuis plusieurs mois.

 

Les trois quarts des TPE en défaut sont directement liquidées

 

Quatre-vingt-six pour cent des entreprises défaillantes, soit près de 11.600 sociétés, employaient moins de cinq salariés, ce qui prouve que les plus petites structures sont encore et toujours les plus exposées. En un an, ce chiffre a bondi de 20%, et Altares précise que 73% d'entre elles ont fait l'objet d'une liquidation directe.

 

Les TPE de six à neuf salariés rencontrent aussi des difficultés : 775 ont fait faillite cet été, 31% de plus sur 12 mois. Les PME de moins de 50 salariés résistent davantage (970 procédures, +13%). Toutes tailles d'entreprises confondues, environ 52.000 emplois ont été menacés au cours de ce 3e trimestre, 13.300 de plus qu'à l'été 2023.

 

L'immobilier encore très largement plombé

 

Des "signaux rassurants" apparaissent toutefois, notamment dans le secteur de la construction dont la résistance se fait remarquer dans un contexte économique pourtant difficile. Pour l'ensemble de la filière, Altares a enregistré 3.359 faillites sur la période, en hausse de "seulement" 26% en un an.

 

L'immobilier est encore très largement plombé par le contexte, particulièrement les promoteurs (74 dossiers, +85%) et les agences immobilières (226, +30%).

 

Le bâtiment réserve plutôt une bonne surprise : le second-oeuvre ne progresse "que" de 16% (1.596) en dépit du mauvais chiffre de l'activité de revêtement des sols et des murs (129, +65%). Le gros-oeuvre souffre davantage (1.019, +33%), surtout la maçonnerie (676,+ 36%) et la construction de maisons individuelles (222, +29%).

 

L'Île-de-France dans le rouge, le Centre - Val de Loire dans le vert

 

Comme d'habitude, la situation varie d'une région à l'autre. Tous secteurs confondus, la Bretagne (+38,3%), la Normandie (+32%) et l'Île-de-France (+31%) sont les cancres du 3e trimestre 2024.

 

 

La Provence-Alpes-Côte d'Azur (+26%), la Nouvelle-Aquitaine (+25%), l'Occitanie (+20%) et les Pays de la Loire (+18%) font un peu mieux que la moyenne, tandis que l'Auvergne-Rhône-Alpes, le Grand-Est (+12% chacun), la Bourgogne-Franche-Comté (+8%) et les Hauts-de-France (+7%) limitent la casse. La Corse (-9%) et le Centre - Val de Loire (+1%) sont les meilleurs élèves.

 

En Outre-mer, la situation se détend un peu : les défaillances ralentissent sensiblement en Guadeloupe et à La Réunion (+19% chacune) et en Martinique (+9%), tandis que Mayotte (-20%) revient dans le vert.

 

Pour la suite, Thierry Millon estime que "si un mur des faillites au-delà de 70.000 reste toujours évidemment exclu, il semble difficile de redescendre sous le plafond actuel dans les prochaines semaines". Les observateurs resteront attentifs à "la fragilité des PME et ETI, dont les défauts reportent le risque sur les fournisseurs et l'emploi".

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