L'attribution de deux tranches de la construction de la route du littoral à la Réunion à des groupements du BTP n'en finit pas de faire des remous. Le parquet de Saint-Denis de la Réunion a ouvert une enquête préliminaire sur des soupçons de malversations.
Bien qu'Eiffage TP - le grand perdant de l'appel d'offres de la route du littoral sur l'île de la Réunion - ait été définitivement débouté par le Conseil d'Etat au mois de mars 2014, pour avoir contesté l'attribution des marchés à ses deux principaux concurrents, le choix du Conseil régional de l'île fait toujours débat. Suite à une dénonciation anonyme, le parquet de Saint-Denis de la Réunion a ouvert une enquête préliminaire sur les conditions d'attribution des deux premières tranches à des groupements d'entreprises distincts. Rappelons que ce nouvel axe autoroutier comprend six voies sur un viaduc marin de 5 km (attribué à Vinci, Dodin, Bouygues et Demathieu Bard) se prolongeant sur une digue de 3 km (GTOI, SBTPC et Vinci). L'ensemble du chantier devrait représenter un chantier de 1,6 Mrd € (dont 715 M€ pour le viaduc, 480 M€ pour la digue et 400 M€ pour les chaussées).
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Soupçons sur le conseil régional
Le président de l'intersyndicale des professionnels de la route, qui a été entendu dans le cadre de cette enquête à la fin de 2014, a expliqué à l'AFP, avoir été interrogé sur d'éventuelles sommes d'argent perçues pour l'attribution des marchés. "Quatre noms d'élus de la majorité régionale ont été cités", selon lui, dont celui du président du conseil régional. Mais selon l'assemblée délibérante de la région, les investigations en cours "sont classiques et courantes compte tenu de l'importance et des enjeux attachés à un projet de cette envergure". Une analyse que ne partage pas Yves Le Meur, secrétaire général de la chambre régionale des comptes de la Réunion, pour qui "le parquet ne peut pas s'approprier une instruction sous prétexte qu'il s'agit d'un marché d'importance et que des grosses sommes financières sont en jeu".