TRANSITION ÉNERGÉTIQUE. Emmanuel Macron devrait présenter les "grands axes" du projet de loi d'accélération des énergies renouvelables lors d'un déplacement à Saint-Nazaire après-demain. C'est au large de la sous-préfecture de Loire-Atlantique que le premier parc français d'éoliennes en mer a été implanté. En parallèle, le Gouvernement demande aux préfets de passer eux aussi à la vitesse supérieure sur les ENR.

Avec la crise énergétique qui guette, le texte est vivement attendu. Lors d'un déplacement prévu après-demain à Saint-Nazaire, Emmanuel Macron devrait "saluer la mise en service du premier parc éolien en mer de France" implanté au large de la sous-préfecture de Loire-Atlantique, mais également présenter les "grands axes" du projet de loi d'accélération des énergies renouvelables (ENR).

 

 

Annoncé depuis le mois de juin, ce texte se fixe pour objectif de rattraper le retard pris par l'Hexagone dans le développement des capacités d'ENR. La flambée des cours de l'électricité et du gaz, l'arrêt des livraisons de gaz russe, les déboires du parc nucléaire - la moitié des réacteurs sont arrêtés pour cause de maintenance ou de réparation - et le retard dans l'essor des renouvelables mettent la France dans une situation fragile. Le Gouvernement mise donc notamment sur ce projet de loi, "qui sera présenté au Conseil des ministres le 26 septembre", pour renverser la tendance.

 

Décupler la puissance solaire installée

 

D'une manière générale, le texte est censé raccourcir les délais d'implantation des installations d'ENR, en simplifiant notamment les procédures administratives, comme le rappelle l'AFP. Dans son discours de Belfort en février dernier, le président de la République avait déjà annoncé la relance du parc nucléaire tricolore avec la construction de six nouveaux EPR (réacteurs européens à eau pressurisée), qui doivent entrer en service "autour de 2035", et la possibilité d'en édifier huit autres.

 

Le chef de l'État avait en parallèle fixé l'objectif de bâtir une cinquantaine de parcs éoliens en mer afin de "viser 40 gigawatts en service en 2050", et de quasiment décupler la puissance solaire installée pour dépasser 100 GW, contre un peu plus de 13 GW aujourd'hui disponibles. La crise énergétique oblige toutefois le Gouvernement à aller plus vite. "Le cap posé à Belfort est plus urgent (encore) compte tenu de la situation que nous vivons sur les prix de l'énergie et la sécurité d'approvisionnement énergétique", en référence à la guerre en Ukraine, et sans oublier l'impact du changement climatique, a souligné l'Élysée.

 

Emmanuel Macron ambitionne donc de faire de la France le premier pays à s'affranchir des énergies fossiles et à consolider sa souveraineté en produisant davantage d'énergie localement. C'est aussi dans cette optique que les 80 aérogénérateurs composant le parc de Saint-Nazaire ont été installés, entre 12 et 20 kilomètres des côtes. Le site, dont les travaux ont été achevés le 6 septembre, doit permettre de produire l'équivalent de 20% de la consommation d'électricité annuelle du département de la Loire-Atlantique.

 

Une partie des éoliennes est déjà raccordée au réseau et produit du courant, mais le site sera complètement en service d'ici la fin de l'année. Elles tourneront "au moins 40 à 50% du temps, une performance importante pour les renouvelables", grâce surtout aux vents forts durant la saison hivernale, selon un conseiller du Palais.

 

"Faire en sorte qu'aucune instruction n'excède 24 mois", et 18 mois pour les parcs éoliens existants

 

Le déplacement présidentiel consacré à ce sujet intervient au même moment qu'une demande adressée par le Gouvernement aux préfets : le premier a enjoint aux seconds de "mettre en place toutes les actions requises afin de faciliter et d'accélérer le traitement des dossiers (...) en cours et à venir" dans le domaine des ENR, selon une circulaire datée du 16 septembre, obtenue par le site Internet Contexte et relayée par l'AFP.

 

Les ministères de l'Intérieur, de la Transition écologique et de la Transition énergétique demandent donc aux services déconcentrés de l'État de faire le nécessaire pour ces dossiers en cours d'instruction qui représentent "près de 10 GW de projets photovoltaïques et éoliens et environ 5 térawatts-heure de capacités de gaz renouvelables". L'exécutif veut "faire en sorte qu'aucune instruction n'excède 24 mois, sauf situation très exceptionnelle", précise la circulaire.

 

 

Les préfectures sont par ailleurs invitées à observer "un objectif de 18 mois entre la date de dépôt d'un projet de renouvellement ou d'augmentation de puissance de parcs éoliens existants, et sa mise en oeuvre". Le délégué général de France énergie éolienne - le syndicat des professionnels de la filière -, Michel Gioria, indique que la circulaire vise particulièrement les projets d'aérogénérateurs terrestres. "Il y a 5 GW de projets en attente d'autorisation, soit 15% de la capacité déjà installée sur le territoire ; c'est considérable", a-t-il souligné.

 

Les éoliennes terrestres suscitent de plus en plus d'opposition dans l'opinion publique, ce qui ralentit leur déploiement. Emmanuel Macron lui-même, dans son discours de Belfort, avait annoncé un coup de frein sur ces parcs, à rebours de l'essor des éoliennes marines. "Dans la situation énergétique que nous connaissons avec des hivers qui s'annoncent difficiles au moins jusqu'en 2025, l'indisponibilité d'une partie du parc nucléaire et la crise du gaz russe, l'éolien, le solaire et la méthanisation sont les seuls moyens de production que nous avons pour produire des mégawatts-heures en plus", a encore estimé Michel Gioria.

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