ANALYSE. Une enquête d'opinion montre un regain de confiance des dirigeants de très petites entreprises envers la politique économique de l'exécutif mais pointe aussi une perception mitigée des organisations patronales. Le dialogue social au sein de ces structures semble pour sa part au rendez-vous.

Que pensent les dirigeants des très petites entreprises (TPE, de 0 à 19 salariés) de l'actualité, entre réformes économiques et dialogue social ? C'est pour tenter de répondre à cette question que le groupe de services Fiducial et l'institut Ifop ont réalisé la 72e édition de leur baromètre des TPE auprès d'un millier de chefs d'entreprises, y compris des auto-entrepreneurs, au début de l'été 2023. Les entreprises réalisant un chiffre d'affaires annuel inférieur à 50.000 € ont été écartées de l'étude, qui a en revanche interrogé 500 salariés d'entreprises privées et publiques employant de 1 à 19 travailleurs.

 

 

Partant de là, plusieurs enseignements peuvent être tirés de ce baromètre. Pour commencer, la confiance des entrepreneurs envers la politique économique de l'exécutif connaît un regain. Les mesures annoncées ou déjà instaurées par le Gouvernement au deuxième trimestre 2023 permet à celui-ci de gagner 7 points de confiance, passant de 34% à 41%.

 

61% des TPE affirment ne pas rencontrer de difficultés financières

 

Corollaire de cet indicateur, le niveau d'optimisme envers le climat général des affaires s'élève à 35%, bondissant de 11 points sur trois mois. Les patrons de TPE sont également confiants sur leur propre activité (56% au deuxième trimestre contre 48% au premier trimestre).

 

Cette bonne santé économique ne se traduit cependant pas vraiment dans les intentions d'embauches, en retrait de 2 points pour atteindre 13%. A contrario, 7% des TPE ont même supprimé un ou plusieurs postes.

 

Pourtant, 61% des TPE affirment ne pas rencontrer de difficultés financières (contre 56% le trimestre précédent). Ceci dit, la part des entreprises confrontées à des problèmes importants de trésorerie, bien qu'en recul de 4 points, est tout de même de 18%.

 

Dialogue social à géométrie variable

 

En matière de dialogue social, le lancement d'un "nouveau pacte de la vie au travail" annoncé par Emmanuel Macron après l'épisode des retraites est jugé utile par 62% des chefs d'entreprises... qui ne sont plus que 46% à trouver que cette discussion arrive au bon moment.

 

Toujours est-il que les deux propositions considérées comme prioritaires dans ce pacte sont la réforme du RSA (Revenu de solidarité active, pour 22% des sondés), qui prévoit de conditionner l'aide à un minimum d'heures d'activité par semaine, ainsi que la réforme du lycée professionnel et le développement de l'alternance (pour 19%).

 

Comme le notent les auteurs du baromètre, il s'agit malgré tout des mesures "qui seraient les moins coûteuses pour les dirigeants".

 

Celles qui auraient un impact pour leur trésorerie arrivent derrière, comme un meilleur partage de la valeur (16%), la mise en place d'un CDI "senior" (15%), une aide à la reconversion (9%), un fonds pour la prévention de l'usure professionnelle (7%), une visite médicale en fin de carrière pour les salariés les plus exposés (5%) ou encore un index "senior" (4%).

 

 


Les TPE demeurent toujours attractives pour les salariés mais...

 

Le baromètre met en avant l'attractivité des très petites entreprises : 57% des salariés préfèrent travailler dans une TPE, un niveau qui chute cependant de 18 points par rapport à 2006. Mécaniquement, la part d'employés souhaitant travailler pour une plus grande entreprise bondit de 11 points, atteignant 30%.

 

Plus d'un tiers des sondés expliquent ressentir une plus grande précarité dans les TPE, ce qui s'observe tout particulièrement chez les jeunes de 18-24 ans (63%). La proximité et la qualité des relations demeurent par contre des atout indéniables dans les petites structures : plus de 6 salariés sur 10 affirment connaître une meilleure ambiance de travail au sein des TPE, et autant considèrent avoir plus d'autonomie et de responsabilités dans ces petites structures.

 


Remise en question des fédérations professionnelles

 

La défiance des patrons de TPE envers les organisations représentatives constitue l'autre enseignement majeur de cette étude. "Seule une petite majorité de dirigeants considère que leur propre syndicat de branche et les syndicats de branches en général ont une bonne compréhension de leurs enjeux et contraintes (respectivement 56% dont 14% 'très bien' ; et 55% dont 8% 'très bien')", peut-on lire dans le baromètre.

 

La remise en question du rôle des fédérations professionnelles est réelle : 57% des patrons de TPE jugent que leurs contraintes et enjeux ne sont pas "compris" par leurs syndicats.

 

"Conséquences : à peine plus d'un chef d'entreprise sur 2 (54%) déclare avoir une bonne image de son syndicat de branche. Seuls 8% déclarent en avoir une très bonne image. 54% ont une mauvaise image du Medef. Aucune des autres organisations syndicales testées ne bénéficient en majorité d'une bonne image : qu'il s'agisse de la CPME (49%), de l'UPA (33%) ou de l'UNAPL (32%), ces deux derniers ayant fusionné au sein de l'U2P", détaille le document.

 

27% des dirigeants considèrent que les TPE sont "une zone de 'non-droit'"

 

À l'inverse, les relations internes aux entreprises semblent au beau fixe puisque 99% des employeurs et 86% des employés soulignent la qualité du dialogue social dans leur TPE. Néanmoins, 27% des dirigeants considèrent encore que les TPE sont "une zone de 'non-droit' où le droit social ne s'applique pas correctement".

 

Fait notable : un tiers des sondés jugent qu'il existe du "favoritisme" entre patrons et salariés au sein des TPE et qu'il peut de surcroît prendre le dessus sur le dialogue social.

 

Pour le reste, la satisfaction l'emporte largement dans les TPE. D'après le baromètre Fiducial-Ifop, 97% des entrepreneurs se disent contents de leurs employés, tandis que 82% des salariés se déclarent épanouis dans leur situation professionnelle. Sans grande surprise, les deux aspects de la vie en entreprise qui recueillent le moins d'assentiment chez les travailleurs sont les perspectives d'évolution (66%) et le niveau de rémunération (63%).

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