CONJONCTURE. La situation économique des très petites entreprises ne se dégrade pas, notamment grâce aux aides de l'État déployées pendant la crise du Covid. Mais les défis à relever restent nombreux, et l'amélioration de la trésorerie, encore précaire, d'autant que les retards de paiement s'aggravent. Une fois encore, les professionnels de la construction s'en sortent mieux que leurs homologues d'autres secteurs.
Si la conjoncture économique globale semble s'améliorer - en tout cas ne pas se dégrader - pour les très petites entreprises (TPE), d'autres facteurs viennent néanmoins grever leur activité. Fait notable, la confiance des dirigeants de petites structures, tous secteurs confondus, est revenue à ce qu'elle était en 2019, donc avant la crise du Covid : 37% des patrons (+13 points par rapport à 2020) déclarent être optimistes vis-à-vis de la situation économique de la France, quand 66% assurent être confiants dans la performance de leur propre structure (+3 points). Ces chiffres sont issus de la dernière édition de l'Observatoire des TPE (comptant de 0 à 9 salariés), publié par le spécialiste en moyens de paiement American Express en partenariat avec l'institut de sondage BVA.
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Le constat sous-jacent à cet optimisme retrouvé est donc celui d'un amoindrissement des conséquences de la crise sanitaire et de toutes les perturbations économiques qui en ont découlé depuis. Quasiment 60% des chefs d'entreprises interrogés ont précisé que leur chiffre d'affaires (CA) s'est stabilisé au cours des derniers mois, contre 39% lors de l'édition 2020 du baromètre. Ils sont même près d'1 sur 5 à indiquer que leur CA a augmenté depuis le début de l'année (10% en 2020). "La part des dirigeants de TPE qui ont subi une baisse de leur CA ces derniers mois s'élève à 24% contre 48% en 2020", peut-on encore lire dans l'étude qui a été réalisée courant avril auprès de 500 dirigeants.
Le lien entre les retards de paiement et la dégradation de la trésorerie incontestable
À l'inverse des secteurs de l'industrie et du commerce, les professionnels de la construction sont ceux qui affichent d'ailleurs l'optimisme le plus marqué. Presque 8 patrons sur 10 de TPE du BTP disent ainsi être confiants dans l'activité de leur entreprise (contre 66% tous secteurs confondus) ; de même, ils sont 71% à juger leur trésorerie stable (contre 66% aussi en général). L'amélioration de la santé financière des plus petites structures est en effet encore précaire. Bien que 36% des sondés ont bénéficié d'une aide de l'État - prêt garanti (PGE), paiement de loyer, remise d'impôt, chômage partiel... - et que 82% d'entre eux estiment que tous ces dispositifs ont eu un impact positif sur leur trésorerie, ils sont encore 20% à subir des retards de paiement depuis un an.
Certes, cette proportion s'améliore légèrement en comparaison à 2020, où elle atteignait 22%. Mais le problème reste malheureusement bien ancré : "Le lien entre les retards de paiement et la dégradation de la trésorerie est clair puisque près d'1 dirigeant sur 3 dont l'état de la trésorerie s'est détérioré ces derniers mois déclare subir des retards de paiement", analyse l'Observatoire American Express-BVA. Les auteurs de l'étude ont constaté une moyenne de 59 jours de retards de paiement, ce qui représente 16 jours de plus qu'en 2020.
6 TPE sur 10 n'ont pas encore commencé à rembourser leur PGE
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Et cela pourrait encore avoir des répercussions dans les prochains mois : "Ces retards sont d'autant plus problématiques puisque 75% des dirigeants d'entreprises prévoient d'avoir recours à leur trésorerie pour financer leurs principaux postes de dépenses en 2022", prévient l'étude. Un autre défi à relever pour des petits patrons qui doivent déjà composer avec l'inflation des matières premières et des énergies, héritée de la pandémie et aggravée par le conflit russo-ukrainien. Le coût du travail, la complexité des démarches administratives et la nécessité de trouver de nouveaux clients complètent la liste des préoccupations des patrons de TPE.
À noter : alors que les derniers chiffres des défaillances d'entreprises ne sont pas bons et que le ministère de l'Économie insiste sur les modalités de remboursement des PGE, assurant que le taux de défaut devrait être très faible, 41% des sondés disent avoir commencé à rembourser leur prêt.