CATASTROPHE. Le président de la République, Emmanuel Macron, s'est rendu durant deux jours à Mayotte pour s'entretenir avec les élus et habitants de cet archipel détruit par le cyclone Chido. La reconstruction a fait l'objet de nombreuses discussions et des mesures ont été annoncées.

La tâche sera "surhumaine", selon le Premier ministre. François Bayrou, invité de France 2 le 19 décembre 2024, s'est exprimé sur la reconstruction de Mayotte, dévastée après le passage du cyclone Chido cinq jours plus tôt.

 

Le nouveau chef du gouvernement espère que la reconstruction du département le plus pauvre de France, balayé par des vents à plus de 200 km/h, se fera dans des délais "brefs", "peut-être deux ans". "Je pense qu'il faut se fixer un délai beaucoup plus bref que les cinq années" de la reconstruction de Notre-Dame de Paris, une comparaison faite par Emmanuel Macron depuis Mayotte.

 

Le président de la République a, en effet, fait le déplacement du 18 au 20 décembre. Au conseil départemental de Mayotte, il a promis aux élus mahorais une "loi spéciale" afin de "déroger aux règles" pour accélérer la reconstruction de ce territoire ultra-marin comptant 320.000 habitants.

 

Emmanuel Macron a notamment pris l'exemple du chantier de la cathédrale parisienne, dont la restauration a été inaugurée les 7 et 8 décembre derniers, et l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Promettant de "rebâtir" Mayotte, il a ainsi déclaré : "On a été capables de rebâtir notre cathédrale en cinq ans. Ce serait quand même un drame qu'on n'arrive pas à rebâtir Mayotte."

 

Un contexte difficile

 

"La France a été touchée par un cyclone inédit", "avec une violence inédite", a-t-il rappelé. Le bilan provisoire fait état de 31 morts et 2 500 blessés mais le gouvernement s'attend à un bilan humain plus lourd encore. Le ministère de l'Intérieur estime que 70% des habitants ont été gravement touchés.

 

Cette situation "vient aussi dans un contexte de crises multiples", après le Covid, le choléra, et "les difficultés économiques et sociales liées aussi à la pression migratoire", a-t-il reconnu.

 

Les élus présents à Mamoudzou, chef-lieu du département, ont eu un échange houleux avec le président, qui a décrété un jour de deuil national le 23 décembre. "Nous devons agir immédiatement pour éviter de retomber dans un cycle infernal. Nous devons interdire la reconstruction des bidonvilles", a réclamé Ambdilwahedou Soumaila, maire de Mamoudzou, affirmant que "ce drame" n'était "malheureusement pas une surprise".

 

 

 

"Une zone de guerre"

 

Présente à cette réunion, une représentante du Medef local a comparé le territoire après le cyclone à une "zone de guerre" et a demandé un "plan Marshall". Une autre intervenante a parlé des "trois urgences vitales": "manger, boire et avoir de l'électricité".

 

Une partie des habitants de l'archipel de l'Océan indien attend toujours des distributions d'eau et de nourriture. Le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, a déclaré sur les réseaux sociaux ce vendredi que huit communes seraient livrées aujourd'hui.

 

 

Également ce vendredi, l'Union européenne a annoncé qu'elle allait fournir des hébergements d'urgence ainsi que des tentes médicales et kits d'hygiène aux sinistrés.

 

Un fonds d'indemnisation prévu

 

La Caisse centrale de réassurance (CCR), réassureur public français, a estimé que les coûts des dégâts pris en charge par les assurances dans le cadre du régime de catastrophe naturelle seraient entre 650 et 800 millions d'euros. La CCR prendra en charge au moins la moitié du montant du coût estimé. Ces indemnisations se feront dans le cadre de l'état de catastrophe naturelle, décrété jeudi dans les 17 communes de l'archipel, par un arrêté du gouvernement publié au Journal officiel.

 

Mayotte est un département comptant très peu d'assurés. Seuls 6% des particuliers disposent d'une assurance habitation (contre 96% de l'Hexagone), selon un rapport de l'inspection générale des services en 2020. Environ un tiers de la population vit dans de l'habitat précaire. Un "fonds d'indemnisation" pour les assurés sera débloqué, sans qu'on connaisse encore le montant, a indiqué le chef d'Etat.

 

L'Urssaf fait un geste

 

De son côté, l'Urssaf a annoncé dans un communiqué le 20 décembre la "suspension de la collecte et du recouvrement des cotisations et contributions sociales jusqu'à nouvel ordre" par ce dernier et la Caisse de sécurité sociale de Mayotte (CSSM). "Et cela même si des échéanciers et des demandes de paiement ont été reçus", a ajouté le recouvreur social.

 

"La priorité est bien aujourd'hui à la mise en sécurité des habitants de Mayotte, puis au redémarrage de l'activité et à la reconstruction. S'agissant de l'accompagnement des professionnels, à ce stade, les accueils de la CSSM sont fermés et la prise en charge téléphonique n'est plus assurée. Nous sommes pleinement mobilisés pour rechercher des solutions qui permettent de rétablir le service tout en assurant la sécurité des usagers comme de nos collaborateurs."

 

Plusieurs mesures étatiques

 

Cette déclaration a été proclamée quelques heures avant celle du Premier ministre, qui indique dans un communiqué que "la collecte et le recouvrement des cotisations et contributions sociales sont suspendus jusqu'à nouvel ordre pour soutenir les employeurs, auto-entrepreneurs et travailleurs indépendants mahorais affectés. Par ailleurs, les retards de paiement à date du 15 décembre ne prêtent pas à conséquences et les entreprises qui devaient payer le 5 ou le 15 janvier et qui ne pourront pas payer n'auront aucune démarche à faire."

 

Des mesures permettant le report du paiement des impôts des entreprises comme des particuliers, ainsi que la remise gracieuse des majorations et pénalités de retard, sont adoptées, comme celle du paiement des impôts par les entreprises mahoraises qui pourra faire l'objet d'un report. En outre, "des aides d'urgence à destination des indépendants par CCI France et CMA France vont être mises en place", indique François Bayrou.

 

D'autres premières mesures de soutien économique et sociales ont été dévoilées. Un décret autorise le Préfet du 20 décembre 2024 au 15 juin 2025 à réguler les prix de nombreux produits afin d'éviter une flambée des prix. Cela concerne notamment les matériaux de construction.

 

Activité partielle

 

L'activité partielle peut être mise en œuvre pour les employeurs dont l'activité est affectée par le drame. Elle se fera "dans les conditions prévues par le code du travail pour le motif 'sinistre ou intempéries de caractère exceptionnel'", précise François Bayrou. Une procédure simplifiée pour le dépôt des demandes d'activité partielle par les employeurs sera mise en place.

 

Les entreprises auront 30 jours, à compter du placement de ses salariés en situation d'activité partielle, pour envoyer leur demande d'autorisation aux services de l'Etat. "La prise en charge sera donc rétroactive et ce délai de trente jours pourra être prolongé si besoin. Les services de l'Etat instruiront les demandes dans des délais très brefs et selon une procédure allégée. Les allocations seront versées aux employeurs quelques jours après la validation des demandes d'indemnisation qu'ils adresseront."

 

A cela s'ajoute un numéro dédié, ouvert dans les prochains jours et destiné aux chefs d'entreprises, pour leur offrir un soutien psychologique. De prochaines mesures seront annoncées dans les jours à venir.

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