POLITIQUE. En réaction à des déclarations "inacceptables" de Bakou sur la colonisation de ses territoires ultramarins, Paris a décidé de ne pas envoyer de représentant de son gouvernement à la COP29, qui se tient du 11 au 22 novembre en Azerbaïdjan. La ministre de la Transition écologique et de l'Énergie épingle au passage la promotion des combustibles fossiles par le régime azéri.
La tension est montée d'un cran. À l'occasion de l'ouverture de la COP29 (conférence internationale de lutte contre le dérèglement climatique) à Bakou, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a violemment attaqué la France sur la colonisation de ses territoires ultramarins, sur fond d'ingérence du régime azéri dans les émeutes qui secouent les Outre-mer françaises depuis plusieurs mois.
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La réaction de Paris ne s'est pas faite attendre. Lors d'une séance de questions au Sénat, le Gouvernement a été interpellé sur le sujet par la sénatrice LR Christine Lavarde. "À l'heure où la France et l'Europe sont bafouées, je pense qu'il est temps d'avoir le courage de faire la politique de la chaise vide", a notamment lancé l'élue des Hauts-de-Seine à Agnès Pannier-Runacher.
"L'Azerbaïdjan instrumentalise la lutte contre le dérèglement climatique"
La ministre de la Transition écologique et de l'Énergie lui a répondu avec vigueur. "Les propos tenus par le président Aliyev à l'occasion de l'ouverture de la COP29 à Bakou contre la France et l'Europe, sont inacceptables. Les attaques directes contre notre pays, ses institutions et ses territoires sont injustifiables."
Selon la locataire de Roquelaure, "l'Azerbaïdjan instrumentalise la lutte contre le dérèglement climatique pour un agenda personnel indigne. Ces attaques constituent une violation flagrante du code de conduite de la CCNUCC (Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, NDLR). Il est par ailleurs ironique que l'Azerbaïdjan, régime répressif et liberticide, donne des leçons de droit de l'Homme."
La grand-messe internationale se tient du 11 au 22 novembre dans ce pays du Caucase, ex-république soviétique devenu un important exportateur de pétrole. Un paradoxe que n'a pas manqué de souligner Agnès Pannier-Runacher dans la suite de sa réponse. "Les propos tenus par l'Azerbaïdjan en faveur des énergies fossiles sont également inacceptables, alors même que la diplomatie française et européenne avait obtenu un accord universel sur la sortie progressive des énergies fossiles à la COP28. Cela est indigne d'une présidence de COP."
"Nous continuerons à plaider pour le plus haut niveau d'ambition dans la mise en oeuvre de l'Accord de Paris"
Fustigeant encore une fois une "attaque d'une déplorable bassesse", la ministre a ensuite indiqué avoir pris ses responsabilités. "Dans cette situation nouvelle, après échange et en accord avec le président de la République (Emmanuel Macron) et le Premier ministre (Michel Barnier), je ne me rendrai pas à Bakou la semaine prochaine."
Avant de conclure : "Je veux également vous assurer que les équipes de négociation françaises ne ménageront pas leur effort, avec mon appui à distance et en lien avec nos partenaires européens, pour protéger la planète et nos populations. Nous continuerons à plaider pour le plus haut niveau d'ambition dans la mise en oeuvre de l'Accord de Paris dont nous sommes les gardiens, 10 ans après son obtention."
Dépendance
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Suite à l'invasion russe en Ukraine, l'Union européenne a cherché à diversifier son approvisionnement en gaz. En juillet 2022, un protocole d'accord "sur un partenariat stratégique dans le domaine de l'énergie" a notamment été signé par Ilham Aliyev et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Le document comprenait "un engagement à doubler la capacité du corridor gazier sud-européen afin de fournir chaque année au moins 20 milliards de mètres cubes d'ici à 2027 à l'UE", selon Bruxelles. Une dépendance aux combustibles fossiles azéris dénoncé depuis par une partie de la classe politique française.