SANTÉ. Une enquête menée auprès de dirigeants de TPME confrontés à des maladies longues, et particulièrement à des cancers, met en lumière l'impact de ces pathologies sur leur quotidien mais aussi celui de leurs collaborateurs. La situation est souvent plus problématique pour les femmes entrepreneures.

Comment réagir et adapter son quotidien lorsqu'on apprend être atteint d'une maladie longue ? La question se pose évidemment pour n'importe quel individu, mais a fortiori pour les chefs d'entreprises, et notamment ceux de très petites, petites et moyennes entreprises.

 

 

Dans le cadre de leur baromètre consacré à la forme et l'état d'esprit des dirigeants, la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur et le Lab de BPI France ont conjointement mené une enquête auprès de patrons de TPME confrontés à cette situation, en collaboration avec l'association Caire 13 (Cancer aide info réseau entrepreneurs). L'étude met en lumière l'impact de ces pathologies sur le quotidien des patrons mais aussi de leurs collaborateurs.

 

Sur les 1.500 entrepreneurs interrogés, 4% ont déclaré être ou avoir été touchés par une maladie longue. Quasiment 9 petits patrons malades sur 10 ont choisi d'en parler à leur entourage professionnel, et presque 1 sur 5 a même choisi de communiquer publiquement sur son état de santé.

 

21% des petits patrons ont constaté une baisse du chiffre d'affaires de leur entreprise durant leur maladie

 

Une situation qui n'est toutefois pas sans conséquences sur leur activité : 44% ont craint pour l'avenir de leur structure, tandis que 21% ont constaté une baisse du chiffre d'affaires de leur entreprise durant leur maladie. Une fois guéris, 84% ont choisi de conserver leur fonction de dirigeant.

 

Leur capacité de travail et leur "temps de cerveau" disponible sont malgré tout restreints par la maladie. Entre les démarches administratives, la transmission des dossiers et la réorganisation de l'activité, certains doivent jongler entre leurs impératifs médicaux (opération, chimiothérapie...) et la continuité de l'activité de leur société. Pas évident de mener les deux de front, d'autant que le dirigeant est encore souvent perçu comme le rouage central de l'entreprise.

 

Dès que ce dernier est diminué, c'est ainsi tout le fonctionnement de la structure qui doit s'adapter, parfois en rencontrant des limites. "Ce cycle d'entretiens nous livre un témoignage bouleversant sur les réalités, les difficultés rencontrées par les dirigeants qui restent indéfectiblement attachés à leur entreprise et leur équipe", explique Sylvie Bonello, la déléguée générale de la Fondation MMA Entrepreneurs du Futur.

 

Prévention inadaptée et prévoyance manquante

 

"Le chef d'entreprise, il est seul. Je pensais avoir une entreprise très autonome avec un management très décentralisé. Mais sur des éléments plus stratégiques qui appellent des décisions difficiles, je n'ai eu aucun soutien", témoigne un chef d'entreprise anonyme, cité dans l'étude. Celle-ci souligne également que les mesures de prévention ne sont pas en phase avec le quotidien des petits patrons, "en particulier pour les femmes", et que la prévoyance "reste un sujet impensé".

 

 

Elle n'est clairement pas considérée comme "un enjeu prioritaire" pour les décideurs qui évoquent pêle-mêle "l'absence de sensibilisation auprès des créateurs d'entreprises, le coût des solutions prévoyance, la défiance envers les assureurs et une réglementation jugée peu avantageuse".

 

D'après l'enquête, avoir une bonne hygiène de vie "n'est pas toujours compatible" avec la vie quotidienne d'un chef d'entreprise, et surtout d'une cheffe d'entreprise, "avec une 'intersection' de stéréotypes qui peuvent conduire parfois à un retard de diagnostic". La directrice du Lab de BPI France, Élise Tissier, note d'ailleurs que "les femmes entrepreneures atteintes d'une maladie grave ont accepté de témoigner plus facilement que leurs homologues masculins". Preuve, à ses yeux, que "les tabous sont inégalement levés", y compris dans ce domaine.

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