COLLECTIVITES. Dans un climat social déjà tendu, le Gouvernement doit aussi affronter la grogne des élus locaux : alors que s'ouvre ce mardi 20 novembre le 101e Congrès des maires de France, une étude indique que 6 édiles sur 10 sont prêts à jeter l'éponge. Le Premier ministre doit s'exprimer en clôture de l'évènement.

Alors que le mécontentement social se fait entendre dans plusieurs secteurs d'activité, le Gouvernement se retrouve également en première ligne face aux élus locaux. Le coup d'envoi du 101e Congrès des maires de France est donné ce mardi 20 novembre, dans un climat de défiance entre l'exécutif et les collectivités territoriales, dont les relations n'ont eu de cesse de se dégrader depuis plusieurs mois. Emmanuel Macron a d'ores-et-déjà annoncé qu'il ne se rendrait pas à la clôture de l'évènement pour prononcer le traditionnel discours du président de la République. Ce sera donc le Premier ministre qui se chargera de répondre aux inquiétudes des édiles ce jeudi 22 novembre.

 

 

Côté programme, l'Association des maires de France (AMF) indique que des débats seront organisés autour de sujets variés, tels que la relation commune-intercommunalité, les changements climatiques, la décentralisation, la gestion patrimoniale de l'eau et de l'assainissement, les outils pour maîtriser l'urbanisation sur les littoraux, l'accès aux services publics de proximité, la collecte et la gestion des déchets de petits chantiers, le numérique ou encore les Plans locaux d'urbanisme. Autant dire que les trois jours du Congrès seront bien remplis, et que des gestes de l'exécutif sont attendus.

 

31% des maires veulent arrêter à cause des contraintes budgétaires

 

L'évènement annuel de l'AMF s'inscrit par ailleurs dans un autre contexte : celui de la publication d'une enquête réalisée par l'Association des maires ruraux de France (AMRF) auprès d'un millier d'élus locaux au début du mois de novembre. Il en ressort des résultats pessimistes : 59% des édiles déclarent vouloir arrêter leur mandat, contre 41% qui souhaitent le poursuivre. Dans le détail des raisons données pour expliquer le premier cas de figure, les maires indiquent en premier lieu "la toute-puissance des intercommunalités qui rogne leurs pouvoirs", à hauteur de 36,9%, talonnée par "les contraintes budgétaires - baisse des dotations, absence de visibilité, etc -" qui atteignent 31,2%. S'ensuivent "les normes - contraintes réglementaires et complexité des démarches -" à 25,9%, puis "les exigences accrues des citoyens", de l'ordre de 20,8%. Les élus locaux sont 18,5% à avoir précisé que leur intention de quitter leurs fonctions était motivée par "le mépris des représentants de l'Etat".

 

Les élus sont 40% à vouloir continuer par attachement à la commune et à la ruralité

 

Concernant ceux qui souhaitent poursuivre leur mandat, ils sont 40,2% à vouloir le faire "par attachement au territoire communal", et 40% "pour défendre la ruralité et un certain art de vivre". Ils sont également nombreux à ambitionner de "mener à bien les projets en cours" (37,8%) et à s'engager "pour l'intérêt général" (34,6%). Enfin, ils sont 31% à considérer qu'ils doivent continuer leur mandat "parce que la commune est utile". Fait notable : les maires ne sont que 3,9% à vouloir rester à leur poste "pour être le porte-parole de la population".

 

 

Toujours est-il que l'AMRF profite de la publication de cette étude pour tirer la sonnette d'alarme : "Ce panorama engage les responsables politiques à saisir l'urgence de la situation pour changer la donne : en faveur d'un aménagement du territoire qui vise à l'équilibre entre urbanité et ruralité, par l'introduction d'un véritable statut de l'élu qui incruste dans la loi la conviction que l'échelon de base de notre démocratie, la commune, doit disposer d'élus formés, sécurisés, en mesure d'assumer leurs immenses tâches au service de l'intérêt général", souligne-t-elle dans un communiqué. Avant de conclure : "La poursuite de sa fragilisation par l'emprise d'une haute administration toute puissante et par les décisions du législateur depuis des décennies, remet en cause le socle de notre fonctionnement démocratique et le rôle d'amortisseur que sont les maires dans la vie de la cité".

 

En attendant d'éventuelles annonces d'Edouard Philippe ce jeudi 22 novembre ?

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