EN CHIFFRES. Historiquement confiants dans leur propre activité, les petits patrons le sont beaucoup moins dans le climat des affaires, révèle le dernier baromètre du cabinet Fiducial. La défiance en la matière atteint même un plus haut historique. Les sujets de transitions écologique et numérique sont pour leur part de plus en plus considérés.

Les petits patrons font-ils face à des vents contraires ? Certes, Bercy vient de lancer une large concertation auprès des professionnels pour recueillir leurs contributions sur une arlésienne : la simplification administrative. Le Gouvernement a cependant déjà prévenu que les mesures retenues ne devront pas coûter un centime aux caisses de l'État.

 

 

Et, dans le même temps, l'exécutif, qui s'est lancé dans une revue des dépenses publiques, réfléchirait à l'efficacité de certains dispositifs d'aide aux entreprises. Tout en souhaitant mettre l'accent sur le commerce extérieur afin de booster les capacités d'exportation des PME françaises.

 

Dans ce contexte, quel est l'état d'esprit des dirigeants des petites entreprises ? Dans sa 73e édition, le baromètre des TPE de Fiducial, cabinet d'experts-comptables et de commissaires aux comptes, livre quelques éléments de réponses. Cette enquête, réalisée par l'institut Ifop au mois de septembre, a interrogé un millier de chefs d'entreprises employant 0 à 19 salariés, ce qui inclut les auto-entrepreneurs mais exclut les sociétés réalisant moins de 50.000 € de chiffre d'affaires à l'année.

 

63% des patrons de TPE sont optimistes pour leur activité

 

Premier enseignement : la confiance des petits patrons dans leur propre activité atteint un record depuis 16 ans. L'optimisme de ces dirigeants a ainsi bondi de 15 points en six mois, dont 7 points sur le dernier trimestre, pour finalement atteindre 63%. Ce niveau n'avait pas été atteint depuis 2007.

 

Cela dit, le contexte ne les rassure guère : quasiment les trois quarts des personnes sondées disent ne pas avoir confiance dans les mesures du Gouvernement. Un chiffre en progression de 14 points et qui traduit une défiance envers les politiques économiques atteignant un plus haut historique. Et ils sont tout autant (73%) à être pessimistes pour le climat des affaires, en augmentation de huit points entre juillet et septembre.

 

Stabilisation de l'emploi

 

Un contexte économique qui ne provoque toutefois pas de difficultés pour 73% d'entre eux - contre 56% au 1er trimestre et 61% au 2e trimestre, preuve que les petites entreprises semblent tout de même résister à la conjoncture et préserver leur santé financière. La forte hausse des taux d'intérêts a néanmoins amené 7% des TPE à renoncer à contracter un emprunt bancaire ces derniers mois.

 

Dans le domaine de l'emploi, les suppressions de postes se stabilisent : 8% des entrepreneurs interrogés ont affirmé avoir détruit un ou plusieurs emplois depuis juillet, un taux comparable aux deux premiers trimestres. Parallèlement, 12% ont embauché un ou plusieurs salariés sur le même laps de temps.

 

80% des TPE engagent des actions de décarbonation

 

La conjoncture a engendré d'autres conséquences. Mais l'étude Ifop-Fiducial souligne aussi la considération de plus en plus importante des enjeux de transitions écologique et numérique au sein des TPE, respectivement cités à hauteur de 64% et de 55% parmi les sujets prioritaires de leurs dirigeants. La formation des collaborateurs et la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) arrivent derrière, avec 54% et 52%.

 

 

S'agissant de l'écologie, 80% des patrons de TPE ont déjà engagé, ou comptent engager, une action permettant de réduire l'empreinte carbone de leur entreprise. Ils sont 64% à avoir instauré des mesures de sobriété énergétique afin de mieux maîtriser la consommation d'énergie dans leurs locaux professionnels, ce qui représente un bond de 20 points en comparaison à l'année 2015.

 

Pression des clients et fournisseurs

 

Les partenariats avec des entreprises, associations ou organismes publiques oeuvrant pour le recyclage des matériaux et équipements ont également progressé, passant de 44% en septembre 2015 à 49% en septembre 2023. À l'inverse, l'utilisation de véhicules professionnels hybrides ou électriques a reculé sur la période (de 45% à 34%), de même que la réalisation d'audits environnementaux (de 32% à 28%).

 

Cette prise de conscience s'accompagne malheureusement, pour 54% des chefs d'entreprises (+14 points par rapport à 2015), du sentiment que les problématiques environnementales entraînent des surcoûts de production, et in fine, une réduction des marges. Ils sont malgré tout incités à franchir le pas : 21% évoquent une pression de la part de leurs clients pour prendre en compte la transition écologique, et jusqu'à 23% quand il s'agit de leurs fournisseurs. Le chiffre tombe à 13% eu égard aux incitations des banques.

 

71% des TPE renouvellent leurs équipements en vue de la numérisation

 

La numérisation des activités suscite quant à elle des perceptions diverses, qui ont évolué au fil du temps. Si, en 2017, 59% des sondés estimaient que le numérique représentait autant de menaces que d'opportunités pour leur activité, ils ne sont plus que 48% à le penser. De fait, 31% considèrent désormais que le digital propose plus d'avantages que d'inconvénients (contre 25% en 2017), et 18% jugent a contrario que la dématérialisation a plus de conséquences négatives que positives (contre 14% en 2017).

 

Dans tous les cas, la transition numérique implique des investissements. Pour 71% des patrons interrogés, ceux-ci se traduisent par de nouveaux équipements et outils de travail, quand 64% préfèrent plutôt adapter leurs produits et services à cette nouvelle donne, et 59% choisissent de former leurs collaborateurs.

 

Plusieurs constats ont par ailleurs émergé : 48% estiment que la numérisation a entraîné une hausse de la concurrence par les prix, 46% qu'elle a permis l'arrivée de nouveaux concurrents, et 44% qu'elle a accru l'innovation dans leur secteur d'activité (42% au sein de leur propre entreprise).

 

Espoirs et craintes autour de l'IA

 

Quant au dossier brûlant et incontournable de l'intelligence artificielle générative, là aussi les avis divergent. Un peu plus de trois entrepreneurs sur quatre indiquent ne pas avoir eu recours à l'IA, aussi bien à titre personnel que dans leur vie professionnelle, et ne prévoient pas de le faire dans l'immédiat.

 

Ils sont par contre 5% à déjà l'utiliser ponctuellement, 3% de manière fréquente et 6% à ne pas s'en servir aujourd'hui mais à l'envisager prochainement. Enfin, l'IA est vue comme une menace par 34% des patrons de TPE, ou comme une opportunité pour 31%. Les 35% restants portent un regard neutre sur le sujet.

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