ANALYSE. Basé sur un panel bien plus large que les années précédentes, le baromètre sur la transformation numérique des très petites, petites et moyennes entreprises indique qu'elles sont de moins en moins nombreuses à penser que ces outils peuvent générer des profits ou capter une nouvelle clientèle. La crainte du piratage est également de plus en plus forte.

Les professionnels sont moins convaincus qu'auparavant sur les retombées économiques et commerciales des technologies numériques pour leur activité. C'est ce qui ressort de l'édition 2023 du baromètre annuel sur la transformation numérique des très petites, petites et moyennes entreprises du dispositif France Num, lancé en 2018 et piloté par la Direction générale des entreprises (DGE, rattachée à Bercy).

 

 

La quatrième mouture de cette analyse a été présentée aux ministres Olivia Grégoire (Artisanat et PME) et Jean-Noël Barrot (Numérique), avec cette année un panel beaucoup plus large : 9.453 entreprises répondantes, dont 6.110 TPE. En 2022, ce chiffre n'était que de 4.671, ce qui confère davantage de crédibilité à ces indicateurs.

 

12% des professionnels du BTP vendent en ligne

 

Ceux-ci nous apprennent donc que la confiance des TPE-PME dans le numérique s'érode "sensiblement", puisque le taux d'entreprises considérant que ces outils représentent un atout baisse de 5 points, pour atteindre 76% d'une manière générale - 66% dans le bâtiment et les travaux publics. Une conviction en perte de vitesse qui s'explique par la difficulté à générer des profits avec le digital, partagée par 39% des répondants.

 

De même, la possibilité de capter une nouvelle clientèle via Internet varie fortement d'un secteur à l'autre : pour la moitié des TPE et PME tous secteurs confondus, au moins 5% des clients sont issus du Web. "En outre, les entreprises françaises investissent moins dans les solutions de visibilité ou de vente en ligne (site Internet, réseaux sociaux, sites e-commerce) que dans les solutions de gestion, de facturation et de paiement auxquelles elles portent un intérêt croissant", relève le rapport.

 

"Les entreprises françaises investissent moins dans les solutions de visibilité ou de vente en ligne que dans les solutions de gestion, de facturation et de paiement"

 

"En effet, 90% d'entre elles ont au moins un outil de gestion (+5 points). Le recours à ce type de solution varie selon la taille de l'entreprise ; au total 69% ont un outil de gestion de la facturation et ce chiffre bondit à 84% pour les PME de plus de 10 salariés", peut-on encore lire. Les solutions de gestion comptable arrivent en tête avec 72%, soit un bond de 16 points en un an. Suivent les logiciels de facturation avec 69%, qui enregistrent eux aussi une forte hausse de 15 points.

 

En termes de communication, les sites Internet arrivent en tête avec 67%, quand les réseaux sociaux stagnent à 35%. Le recours aux solutions de vente en ligne varie selon les secteurs ; dans le BTP, ce taux monte à 12%, mais dans le même temps 76% des professionnels de la construction ne jugent pas pertinent de vendre en ligne.

 

La crainte du piratage est également de plus en plus présente dans l'esprit des professionnels : 48%, en progression de 4 points. Ceux-ci contrebalancent donc les bénéfices attendus par l'utilisation des logiciels et autres applications, par l'inquiétude de perdre et/ou de se faire voler leurs données. Une situation qui pourrait expliquer que 81% des TPE-PME préfèrent acheter des services de sécurité auprès de prestataires français, dont 56% qui privilégient des entreprises implantées près de chez elles.

 

L'IA en est encore à ses prémices dans la construction

 

En dépit de ces indicateurs en demi-teinte, 40% des répondants assurent continuer à investir au moins un millier d'euros par an dans les outils numériques (14% plus de 5.000 €), tandis que 71% (+4 points) comptent réaliser des projets numériques dans les deux ans qui viennent. Deux nouvelles rubriques font par ailleurs leur entrée dans le baromètre 2023 de France Num, à commencer par "l'écoresponsabilité numérique", c'est-à-dire l'impact environnemental des usages du numérique.

 

 

Cette notion semble déjà assez répandue dans les esprits, dans la mesure où 42% des entreprises disent mettre en place des actions en faveur de leur sobriété énergétique, et 15% prévoient de le faire dans l'année à venir. L'intelligence artificielle constitue la deuxième nouveauté, bien qu'elle soit encore peu utilisée. Seulement 5% des sondés affirment recourir à l'IA - 1% dans le BTP -, lui préférant visiblement les solutions d'analyse de données, employées par 11% d'entre eux - 4% dans la construction.

 

Formations gratuites et diagnostics numériques

 

Enfin, les 2.000 experts numériques du réseau France Num, dont les régions sont partenaires, continuent à miser sur leur accompagnement professionnel des entreprises dans leur transition numérique. Ces spécialistes proposent des formations gratuites financées par France Relance et des diagnostics numériques menés par les Chambres de commerce et d'industrie ainsi que les Chambres de métiers et de l'artisanat.

 

Toujours d'après le baromètre, 36% des chefs d'entreprises se tournent vers leurs réseaux professionnels pour se faire conseiller dans leur transformation digitale ; un chiffre en hausse de 4 points. Le recours aux réseaux personnels arrive loin derrière, à 13%, en baisse de 8 points. D'après la DGE, plus de 200.000 TPE-PME auraient déjà été soutenues par France Num depuis 2020.

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