EN CHIFFRES. L'organe rattaché à la Banque de France a enregistré un faible nombre de dossiers au cours du 1er semestre 2024. Les restructurations liées aux PGE constituent le premier motif de saisine. Les économistes demeurent vigilants sur l'évolution de la situation.

Moins de sollicitations mais une vigilance qui se maintient. En cette fin août, la Médiation du crédit annonce avoir recensé 672 demandes éligibles sur les six premiers mois de l'exercice 2024.

 

 

Un nombre contenu, qui témoigne d'une certaine résilience des entreprises françaises à la succession de crises qui a démarré en 2020 avec le Covid. Malgré les difficultés conjoncturelles, l'accès au financement bancaire n'a semble-t-il jamais vraiment été perturbé.

 

"Dans cette situation, le niveau de sollicitations de la Médiation du crédit n'a cessé de se réduire", explique, dans un communiqué, l'organe rattaché à la Banque de France. Parmi les principaux motifs de saisine, on trouve la rupture de financement bancaire existant (25%), le réaménagement d'une dette bancaire (20%) ou encore le refus d'octroi d'un nouveau financement bancaire (14%).

 

81% des dossiers éligibles proviennent d'entreprises de moins de 11 salariés

 

Tous secteurs confondus, et en combinant la France métropolitaine et les Outre-mer, 81% des dossiers éligibles proviennent d'entreprises employant moins de 11 salariés, 17% de sociétés comptant entre 11 et 50 personnes. Par encours de crédit, la moitié des demandes porte sur une enveloppe allant jusqu'à 50.000 €, 32% pour une somme comprise entre 50.000 et 300.000 €.

 

Le bâtiment et les travaux publics ne représentent que 11% des dossiers, quand les services immobiliers ne pèsent que 4%. Le faible nombre de dossiers admis au 1er semestre concerne aussi bien les procédures classiques que les restructurations liées aux PGE (Prêts garantis par l'État), qui représentent encore un tiers des saisines.

 

Deux cent dix-sept demandes relatives aux PGE ont ainsi été traitées durant la première moitié de 2024 - le chiffre grimpe à 1.309 depuis l'accord de place de 2022, dont 884 pour des PGE de plus de 50.000 €. Les demandes de restructurations de PGE ont surtout émané du secteur des services (57%), très loin devant les entreprises de la construction (7%) et de l'immobilier (3%).

 

Les dossiers finalisés ont abouti favorablement dans 63% des cas

 

"Après le recul observé pendant la crise sanitaire, en raison du caractère dégradé de la situation financière des entreprises éligibles, les dossiers finalisés au 1er semestre 2024 ont abouti favorablement dans 63% des cas", précise la Médiation du crédit.

 

La situation est plus mitigée s'agissant des PGE. Un petite majorité (54%, soit 712 dossiers) a débouché sur un accord, avec à la clé une restructuration des autres crédits bancaires arrivés "à maturité" et un "constat d'accord" signé au terme de la médiation.

 

Néanmoins, 20% (262 dossiers) n'ont pas pu être bouclés, "pour deux raisons principales : une absence de besoin avéré (demande de 'confort') ou le refus des banques de renégocier les autres prêts bancaires (hors PGE), comme l'impose l'accord de place pour bénéficier de la restructuration des PGE".

 

 

D'autres dossiers (6%) sont toujours en cours de médiation, tandis qu'un dossier sur cinq a été réorienté en cours de procédure, "soit parce qu'il n'était pas éligible (cas d'entreprises de taille intermédiaire), soit parce que l'entreprise avait renoncé à sa demande ou encore parce qu'une orientation vers les procédures devant les tribunaux de commerce a été jugée plus appropriée".

 

Le bâtiment concentre 1 procédure de faillite sur 5

 

Les économistes restent prudents sur l'évolution de la situation. "Dans ce contexte globalement favorable au financement des entreprises, le ralentissement de l'activité économique attendu sur l'année 2024 ainsi que l'augmentation des défaillances d'entreprises (qui affecte des entreprises de taille plus importante), appellent à la vigilance et à mieux faire connaître les dispositifs existants de détection précoce et de soutien aux entreprises en difficulté", ajoute l'institution.

 

C'est pourquoi la Médiation du crédit et la Médiation des entreprises ont conjointement lancé une "boîte à outils du dirigeant", fondée sur trois principes : "anticipation, accompagnement, prévention". Les entrepreneurs confrontés à des difficultés de trésorerie ou de financement peuvent se tourner vers ces deux services et leur dispositif commun pour bénéficier d'une prise en charge.

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