EN CHIFFRES. D'après le réseau des Chambres de commerce et d'industrie, les trois quarts des entrepreneurs sont confiants dans les perspectives d'activité de leur entreprise, mais ils sont seulement 27% à avoir confiance dans l'économie française au cours de l'année qui vient. Les difficultés à constituer un nouveau gouvernement risquent de laisser des traces.

Le patronat a du mal à s'y retrouver, et pas sûr que les tergiversations politiques autour de la nomination d'un nouveau Premier ministre leur facilitent la tâche. Dans un baromètre qui vient d'être publié, le réseau des Chambres de commerce et d'industrie (CCI) a interrogé 465 chefs d'entreprises (tous secteurs confondus) employant de 3 à 49 salariés entre la fin juillet et le début août, afin de connaître leur état d'esprit en cette période de brouillard politique et d'incertitude économique.

 

 

Le résultat est clair : si, dans leur globalité, les patrons sont 73% à avoir confiance dans les perspectives d'activité de leur entreprise (idem dans le BTP), ils ne sont plus que 27% à être confiants dans l'économie française au cours de l'année qui vient (29% dans la construction). La composition de la nouvelle Assemblée nationale suscite clairement des inquiétudes dans les milieux d'affaires : 59% des chefs d'entreprises craignent des conséquences négatives sur l'économie, et 56% adoptent de fait une gestion plus prudente de leur société.

 

70% des patrons du BTP pensent que le psychodrame politique actuel aura un impact négatif durable sur l'économie française

 

Dans le détail, 57% des entrepreneurs sondés par la CCI estiment que l'hémicycle sorti des urnes lors des législatives anticipées du début de l'été aurait des effets néfastes pour l'attractivité économique du pays (52% pour les chefs d'entreprises du BTP). Ils sont cependant 49% à penser que les futurs travaux parlementaires n'auraient aucune répercussion sur la situation de leur société (57% dans la construction).

 

Cela dit, le psychodrame politique actuel risque de laisser des traces. Les difficultés à constituer un nouveau gouvernement auraient un impact négatif durable sur la situation économique de l'Hexagone pour 68% des patrons sondés (70% dans le bâtiment et les travaux publics), quand 56% d'entre eux se montrent plus prudents dans leurs décisions d'embauches ou d'investissements (61% dans la construction).

 

21% souhaitent embaucher dans les 12 mois qui viennent

 

Par ailleurs, l'appréciation de la situation actuelle diverge entre les chefs d'entreprises de l'ensemble des secteurs et ceux travaillant dans la construction. Les premiers sont 34% à déclarer que la conjoncture était plus favorable auparavant (38% chez les seconds), 45% qu'elle est satisfaisante en ce moment (contre 37%) et 21% qu'elle sera encore meilleure à l'avenir (contre 25%).

 

Pour autant, l'emploi devrait être relativement épargné dans les 12 mois qui viennent : dans le BTP, 11% des entrepreneurs envisagent de procéder à des licenciements, un chiffre malgré tout en hausse par rapport à juillet. Vingt-et-un pour cent souhaitent embaucher, tandis que les deux tiers restants misent sur une stabilisation de leurs effectifs.

 

25% des sociétés du BTP octroient des avances sur salaires à leurs collaborateurs

 

Bien qu'en reflux, l'inflation élevée a encore des conséquences sur l'activité des entreprises de 3 à 49 salariés. En août, 84% des sociétés du BTP se disent encore plus attentives à leurs charges que d'habitude, et 51% craignent que la hausse des prix remette en question leur viabilité.

 

Quarante-cinq pour cent ont du mal à être payées dans les temps par leurs clients, et 11% à régler leurs propres factures. Ce qui amène notamment 27% des dirigeants du secteur à envisager de baisser leur rémunération, sachant qu'ils sont déjà 25% à octroyer des avances sur salaires à leurs collaborateurs.

 

 

67% des entrepreneurs de la construction considèrent qu'ils doivent être disponibles pour leurs équipes

 

Dans son tableau de bord, la CCI a aussi demandé aux chefs d'entreprises les qualités qu'ils jugeaient indispensables chez un dirigeant. Dans le secteur du BTP, 67% des patrons ont répondu qu'ils devaient être disponibles pour leurs équipes, quand 41% tâchent d'être des experts de leur secteur.

 

L'engagement en faveur de la société est un autre atout avancé par 34% des répondants, suivi par la communication (auprès des clients, pouvoirs publics...) pour 26%. Seulement 9% des chefs d'entreprises du BTP pensent que les décisions engageant l'avenir de leur entreprise doivent être prises avec autorité.

 

58% mettent en avant l'écoute comme attente de leurs salariés

 

Le sondage s'est également penché sur les attentes des salariés vis-à-vis de leur hiérarchie, telles qu'elles sont ressenties par celle-ci. Cinquante-huit pour cent des dirigeants d'entreprises de la construction mettent en avant l'écoute, 49% la bienveillance, 27% l'équité, 26% la capacité à fédérer et à diriger, et 15% une vision pour l'entreprise.

 

Les retombées locales de leur activité sont par ailleurs passées à la loupe. Quarante-huit pour cent estiment que leur société crée des emplois, 34% qu'elle participe à l'aménagement du territoire, 28% à son attractivité et à son rayonnement, 27% au maintien ou au développement des commerces. Fait notable : seulement 17% des patrons du BTP considèrent que leur activité prodigue des biens ou services de première nécessité, et 16% qu'elle crée du lien social.

 

18% dépeignent l'innovation comme un mirage

 

Souvent présentée comme une solution pour relancer l'activité, l'innovation fait néanmoins l'objet d'un rapport très mitigé de la part des chefs d'entreprises. Dans la construction, 49% des entrepreneurs la considèrent comme un investissement, 15% comme une condition de survie pour leur entreprise et 17% comme une prise de risque. Ils sont même 18% à dépeindre l'innovation comme un mirage, soit une augmentation de 5 points depuis juillet.

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