CONJONCTURE. Quasiment les deux tiers des chefs d'entreprises artisanales affirment être directement impactés par le conflit russo-ukrainien, selon un récent sondage du réseau des Chambres de métiers et de l'artisanat. Un tiers des dirigeants explique avoir besoin d'une aide pour passer le cap, tandis qu'un quart demande un dispositif spécifique au carburant.
Il semblerait que même les entreprises artisanales soient frappés de plein fouet par les répercussions de la guerre entre la Russie et l'Ukraine. Quasiment les deux tiers des dirigeants de petites structures affirment être directement impactés par le conflit, notamment sur le plan des approvisionnements énergétiques, d'après un sondage en ligne réalisé du 25 au 30 mars 2022 par le réseau des Chambres de métiers et de l'artisanat (CMA). Le secteur du bâtiment représente 33% des quelque 8.250 réponses collectées à l'occasion de cette enquête.
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Mais le phénomène ne date pas d'hier : une précédente étude également diligentée par CMA en janvier dernier avait fait dire à plus de 28% des chefs d'entreprises artisanales qu'ils n'avaient pas ménagé leurs efforts au cours des six derniers mois pour tenter de trouver des solutions alternatives afin de gérer et de développer leur activité. Cela en dépit des conséquences de la crise du Covid, évidemment toujours palpables, mais aussi de la flambée des prix des énergies, qui avait débuté bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.
L'activité est impactée à des degrés divers
Du côté du réseau consulaire, on s'inquiète évidemment du moral en berne et du dynamisme ébranlé des artisans. Le sondage réalisé fin mars distingue trois difficultés majeures à l'échelle nationale : la hausse du coût de l'énergie, les problèmes d'approvisionnement ainsi qu'une baisse du chiffre d'affaires. La même enquête relève toutefois que très peu de chefs d'entreprises ont fait part, jusqu'à présent, de problématiques voire d'impossibilité à exporter vers l'Europe de l'Est ou la Russie.
Malgré tout, 11% d'entre eux considèrent que leur activité est d'ores-et-déjà largement plombée par le conflit. Ils sont plus précisément 59% à estimer que leur activité est perturbée dans une fourchette comprise entre 0 et 25%, quand 30% jugent que leur entreprise est pénalisée à hauteur de 25 à 50%.
Un constat peu rassurant qui amène CMA à mettre en garde sur ces difficultés économiques, et à demander la mise en place de mesures de soutien d'urgence. Interrogés sur ce point, 30% des sondés ont d'ailleurs indiqué avoir besoin d'une aide pour maintenir leur chiffre d'affaires, tandis que 26% demandent un dispositif spécifique au carburant. Le plan de résilience économique et social présenté par l'exécutif le 16 mars dernier, qui englobe des mesures destinées à épauler les entreprises dans le contexte actuel, n'irait pas assez loin, d'après le réseau consulaire : en dépit d'"ambitions importantes", le texte "ne cible pas encore suffisamment les artisans".
Des mesures de soutien jugées insuffisantes
Plusieurs organisations professionnelles ont déjà tiré la sonnette d'alarme auprès du Gouvernement ces derniers temps : la Fédération française des combustibles, carburants et chauffage (FF3C), avait appelé dès le début du mois de mars les professionnels à limiter leur consommation de carburant dans la mesure du possible pour ne pas alimenter l'inflation, voire déclencher une pénurie. La Chambre nationale des artisans des travaux publics et du paysage, branche de l'U2P (Union des entreprises de proximité), a même été jusqu'à "exiger" des mesures de compensation.
Des mesures que les professionnels ont néanmoins obtenu il y a quelques jours, avec la présentation par le Gouvernement de cinq dispositifs "exceptionnels" censés permettre aux entreprises du bâtiment comme des travaux publics de faire face à la situation. Leur accueil par les organisations représentatives a cependant été mitigé, celles-ci craignant toujours autant l'inflation, l'augmentation des charges, une baisse des marges, des tensions de trésorerie et plus largement un manque de visibilité persistant.
Un chèque-énergie pour les professionnels
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Le réseau CMA n'a pas manqué lui non plus de formuler des propositions, à commencer par "la mise en place à titre temporaire d'un chèque-énergie permettant de limiter la hausse des factures de gaz ou d'électricité". Alors qu'entre aujourd'hui en vigueur la remise de 15 centimes par litre d'essence, l'artisanat veut aller plus loin avec une réduction à la pompe de 35 centimes par litre de gazole. Les Chambres de métiers demandent par ailleurs "la non-dégradation par les assureurs-crédits de la cotation des entreprises" ainsi que "l'obligation faite aux fournisseurs de garantir leurs prix pendant au moins trois mois".
Les professionnels ayant besoin de conseils sont invités à contacter les cellules locales du réseau consulaire pour obtenir davantage d'informations. CMA se dit en outre prêt "à accompagner les travailleurs ukrainiens qui seront en recherche d'emploi dès que le Gouvernement aura déterminé les conditions administratives de leur recrutement".