ANALYSE. Dans sa dernière édition, le baromètre de l'artisanat ISM-Maaf dresse un premier bilan "après-réforme" de l'apprentissage, et constate globalement une hausse des effectifs et de l'âge moyen des apprentis, mais aussi une progression du niveau de formation. Avec 68.500 alternants dans ses entreprises artisanales, le BTP enregistre un record.
L'apprentissage enregistre des niveaux records. Dans sa dernière édition, le baromètre de l'artisanat publié par l'Institut supérieur des métiers (ISM) et l'assureur Maaf dresse un premier bilan du système d'apprentissage après la loi Avenir professionnel de 2018 qui l'a profondément modifié. Dans les grandes lignes, on observe ainsi une hausse des effectifs et de l'âge moyen des apprentis, mais également une progression du niveau de formation. À tel point que le nombre d'alternants formés dans l'artisanat atteint un niveau inégalé depuis 2010.
"Durant l'année scolaire 2020-2021, les entreprises artisanales de moins de 20 salariés ont accueilli et formé 175.950 apprentis, un nombre en hausse de 15% par rapport à l'année précédente", peut-on lire dans le document. "Bastion historique de l'apprentissage, l'artisanat demeure ainsi un acteur important de cette filière et forme 28% du total des apprentis", porté par une "forte dynamique" amorcée par la réforme de 2018 qui semble "bénéficier" à tous les secteurs d'activité et corps de métiers.
Avec 68.520 alternants dans leurs entreprises artisanales en 2020, le bâtiment et les travaux publics enregistrent un record. Le secteur de la construction profite d'une augmentation exponentielle, surtout depuis un an : les artisans du BTP formaient 57.340 apprentis en 2018, puis 59.970 en 2019, avant de faire bondir les effectifs à 68.520 en 2020, ce qui représente une poussée de 14% en un an. Des chiffres qui devancent très largement les secteurs de l'alimentation, de la fabrication et des services.
Les métiers du bâtiment se hissent dans le top 10 des segments d'activité formant le plus grand nombre d'apprentis : les travaux d'électricité initient ainsi 9.040 alternants (+16% entre les années scolaires 2019-2020 et 2020-2021), la maçonnerie générale 8.100 (+12%), la menuiserie 6.970 (+10%) et la plomberie 6.570 (+8%).
Au niveau géographique, le nombre d'apprentis augmente dans toutes les régions métropolitaines. "Les hausses sont fortes dans les régions où l'apprentissage était moins déployé", précise le baromètre.
À l'instar de l'Île-de-France, où le taux de déploiement au sein des entreprises artisanales est de 7% (le score le plus faible du pays, avec la Corse) mais où l'évolution est de plus de 22%, avec 18.810 alternants en formation. Deuxième région par son taux de déploiement (19%, derrière les 22% des Pays de la Loire), la Normandie bénéficie elle aussi d'une envolée de 14% de ses effectifs (11.320, contre 14.104 pour les Pays de la Loire).
"Dans la moitié Sud du territoire, les hausses sont également plus élevées, notamment en Provence-Alpes-Côte d'Azur (+18,7%), et en Occitanie (+14,1%), où les taux de déploiement sont respectivement de 9% et 10%", peut-on encore lire. Deuxième région économique de l'Hexagone, l'Auvergne-Rhône-Alpes compte pour sa part 24.230 apprentis et enregistre une envolée de 17,5%.
Le baromètre observe en outre une augmentation de l'âge des apprentis, la proportion de mineurs reculant nettement de 51% à 45% du total des effectifs, tandis que la part des majeurs bondit. Les 26 ans et plus sont ainsi passés de 1.800 à 2.790, "en conséquence de la loi reportant la limite d'âge à 29 ans révolus". Les femmes sont aussi un peu mieux représentées : elles constituent 29% des effectifs (contre 27% en 2019-2020), une évolution qui s'explique notamment par "le niveau de diplôme plus élevé préparé par les apprentis en 2020-2021".
En effet, les inscriptions dans les diplômes de l'enseignement supérieur progressent, passant de 16.200 à 25.300. Le nombre d'étudiants inscrits en BTS, qui est le principal diplôme post-Bac préparé par les apprentis, s'est ainsi envolé de 69%. Pour autant, le CAP continue à attirer la moitié des alternants.
Le palmarès des diplômes détaillé dans l'étude montre de même que le BTP demeure l'un des secteurs les plus visés par les étudiants : les CAP Maçon, Monteur en installations sanitaires et Peintre comptent le plus d'inscrits, pendant que les BTS Bâtiment, Conditionnement d'air et le BP Travaux d'aménagement paysager enregistrent les plus fortes augmentations.
Ceci dit, la part de femmes reste extrêmement faible, pour ne pas dire quasi-nulle dans ces formations. Par exemple, on n'en compte que 11% dans le CAP Peintre, 5% dans le BTS Bâtiment, 1% dans le CAP Maçon et même 0% dans le BTS Conditionnement d'air.
De plus en plus d'apprentis décident par ailleurs de poursuivre leurs études. Au total, tous secteurs confondus, 42% d'entre eux se préparent à exercer un métier artisanal tout en enchaînant plusieurs formations diplômantes. Dans la construction, 51% des apprentis en dernière année de CAP continuent leur cursus, contre 31% pour ceux achevant leur BP et 31 % également pour ceux terminant leur BTS.
Enfin, concernant le taux d'emploi, le baromètre ISM/Maaf confirme une nouvelle fois que le taux d'insertion sur le marché de l'emploi est bien plus élevé pour les apprentis titulaires d'un diplôme de niveau BP/Bac ou supérieur. "Les métiers de l'artisanat offrent ainsi de bonnes perspectives d'embauches. Certains diplômés sont particulièrement recherchés, témoignant de tensions sur le marché de l'emploi, notamment dans les métiers (...) de l'étanchéité/isolation, du génie climatique (...). Les perspectives d'emploi sont également élevées dans certains métiers de niche comme la zinguerie (...)", souligne l'étude.
Dans l'ensemble des formations du BTP, le taux d'emploi des ex-apprentis formés à un métier artisanal six mois après avoir été diplômés s'élève à 64%. Il existe toutefois des disparités, à l'image du taux d'emploi en sortie de CAP (55%), relativement faible en comparaison à celui en sortie de BTS (74%).
Mais ce taux varie aussi en fonction des corps de métiers, atteignant parfois des sommets : 80% pour le BP Charpentier bois, 82% pour le BP Carreleur mosaïste, 88% pour le CAP Marbrier du bâtiment et de la décoration, 89% pour le BTM Technicien en systèmes de génie climatique, et jusqu'à 90% pour le MC Maintenance en équipements thermiques.
Le succès de l'apprentissage semble donc bel et bien au rendez-vous, grâce surtout aux aides à l'embauche mises en place par l'exécutif à la sortie du premier confinement sanitaire du printemps 2020, et régulièrement prorogées depuis.
Les acteurs de la formation professionnelle se montrent toutefois prudents, car s'ils ont obtenu récemment un sursis sur la révision du niveau de prise en charge des formations, le Gouvernement devrait tout de même revenir à la charge sur le sujet dans les prochains mois.
"Durant l'année scolaire 2020-2021, les entreprises artisanales de moins de 20 salariés ont accueilli et formé 175.950 apprentis, un nombre en hausse de 15% par rapport à l'année précédente", peut-on lire dans le document. "Bastion historique de l'apprentissage, l'artisanat demeure ainsi un acteur important de cette filière et forme 28% du total des apprentis", porté par une "forte dynamique" amorcée par la réforme de 2018 qui semble "bénéficier" à tous les secteurs d'activité et corps de métiers.
Les formations d'électricien, de maçon, de menuisier et de plombier plébiscitées
Avec 68.520 alternants dans leurs entreprises artisanales en 2020, le bâtiment et les travaux publics enregistrent un record. Le secteur de la construction profite d'une augmentation exponentielle, surtout depuis un an : les artisans du BTP formaient 57.340 apprentis en 2018, puis 59.970 en 2019, avant de faire bondir les effectifs à 68.520 en 2020, ce qui représente une poussée de 14% en un an. Des chiffres qui devancent très largement les secteurs de l'alimentation, de la fabrication et des services.
Les métiers du bâtiment se hissent dans le top 10 des segments d'activité formant le plus grand nombre d'apprentis : les travaux d'électricité initient ainsi 9.040 alternants (+16% entre les années scolaires 2019-2020 et 2020-2021), la maçonnerie générale 8.100 (+12%), la menuiserie 6.970 (+10%) et la plomberie 6.570 (+8%).
Les artisans des Pays de la Loire et de la Normandie sont ceux qui accueillent le plus d'apprentis
Au niveau géographique, le nombre d'apprentis augmente dans toutes les régions métropolitaines. "Les hausses sont fortes dans les régions où l'apprentissage était moins déployé", précise le baromètre.
À l'instar de l'Île-de-France, où le taux de déploiement au sein des entreprises artisanales est de 7% (le score le plus faible du pays, avec la Corse) mais où l'évolution est de plus de 22%, avec 18.810 alternants en formation. Deuxième région par son taux de déploiement (19%, derrière les 22% des Pays de la Loire), la Normandie bénéficie elle aussi d'une envolée de 14% de ses effectifs (11.320, contre 14.104 pour les Pays de la Loire).
"Dans la moitié Sud du territoire, les hausses sont également plus élevées, notamment en Provence-Alpes-Côte d'Azur (+18,7%), et en Occitanie (+14,1%), où les taux de déploiement sont respectivement de 9% et 10%", peut-on encore lire. Deuxième région économique de l'Hexagone, l'Auvergne-Rhône-Alpes compte pour sa part 24.230 apprentis et enregistre une envolée de 17,5%.
Plus de majeurs et (un peu) plus de femmes
Le baromètre observe en outre une augmentation de l'âge des apprentis, la proportion de mineurs reculant nettement de 51% à 45% du total des effectifs, tandis que la part des majeurs bondit. Les 26 ans et plus sont ainsi passés de 1.800 à 2.790, "en conséquence de la loi reportant la limite d'âge à 29 ans révolus". Les femmes sont aussi un peu mieux représentées : elles constituent 29% des effectifs (contre 27% en 2019-2020), une évolution qui s'explique notamment par "le niveau de diplôme plus élevé préparé par les apprentis en 2020-2021".
En effet, les inscriptions dans les diplômes de l'enseignement supérieur progressent, passant de 16.200 à 25.300. Le nombre d'étudiants inscrits en BTS, qui est le principal diplôme post-Bac préparé par les apprentis, s'est ainsi envolé de 69%. Pour autant, le CAP continue à attirer la moitié des alternants.
Le palmarès des diplômes détaillé dans l'étude montre de même que le BTP demeure l'un des secteurs les plus visés par les étudiants : les CAP Maçon, Monteur en installations sanitaires et Peintre comptent le plus d'inscrits, pendant que les BTS Bâtiment, Conditionnement d'air et le BP Travaux d'aménagement paysager enregistrent les plus fortes augmentations.
Ceci dit, la part de femmes reste extrêmement faible, pour ne pas dire quasi-nulle dans ces formations. Par exemple, on n'en compte que 11% dans le CAP Peintre, 5% dans le BTS Bâtiment, 1% dans le CAP Maçon et même 0% dans le BTS Conditionnement d'air.
Certains métiers sont toujours très recherchés
De plus en plus d'apprentis décident par ailleurs de poursuivre leurs études. Au total, tous secteurs confondus, 42% d'entre eux se préparent à exercer un métier artisanal tout en enchaînant plusieurs formations diplômantes. Dans la construction, 51% des apprentis en dernière année de CAP continuent leur cursus, contre 31% pour ceux achevant leur BP et 31 % également pour ceux terminant leur BTS.
Enfin, concernant le taux d'emploi, le baromètre ISM/Maaf confirme une nouvelle fois que le taux d'insertion sur le marché de l'emploi est bien plus élevé pour les apprentis titulaires d'un diplôme de niveau BP/Bac ou supérieur. "Les métiers de l'artisanat offrent ainsi de bonnes perspectives d'embauches. Certains diplômés sont particulièrement recherchés, témoignant de tensions sur le marché de l'emploi, notamment dans les métiers (...) de l'étanchéité/isolation, du génie climatique (...). Les perspectives d'emploi sont également élevées dans certains métiers de niche comme la zinguerie (...)", souligne l'étude.
Dans l'ensemble des formations du BTP, le taux d'emploi des ex-apprentis formés à un métier artisanal six mois après avoir été diplômés s'élève à 64%. Il existe toutefois des disparités, à l'image du taux d'emploi en sortie de CAP (55%), relativement faible en comparaison à celui en sortie de BTS (74%).
Mais ce taux varie aussi en fonction des corps de métiers, atteignant parfois des sommets : 80% pour le BP Charpentier bois, 82% pour le BP Carreleur mosaïste, 88% pour le CAP Marbrier du bâtiment et de la décoration, 89% pour le BTM Technicien en systèmes de génie climatique, et jusqu'à 90% pour le MC Maintenance en équipements thermiques.
Sursis sur le niveau de prise en charge des "coûts-contrats"
Le succès de l'apprentissage semble donc bel et bien au rendez-vous, grâce surtout aux aides à l'embauche mises en place par l'exécutif à la sortie du premier confinement sanitaire du printemps 2020, et régulièrement prorogées depuis.
Les acteurs de la formation professionnelle se montrent toutefois prudents, car s'ils ont obtenu récemment un sursis sur la révision du niveau de prise en charge des formations, le Gouvernement devrait tout de même revenir à la charge sur le sujet dans les prochains mois.
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