Après l'aéroport Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) et le barrage de Sivens (Tarn), c'est au tour du projet de centre d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure (Meuse) de fédérer des activistes autour d'une "Zone A Défendre" où ils souhaitent stopper les travaux.
Comme au temps de la lutte du Larzac, dans les années 1970, le mouvement de contestation contre les projets d'aménagement s'étend à l'ensemble du territoire. Les opposants visent autant des projets immobiliers (Center Parcs de Roybon en Isère), d'infrastructure de transport (aéroport Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique), de retenue d'eau (barrage de Sivens dans le Tarn) que des projets liés à l'énergie nucléaire. Le centre d'enfouissement des déchets radioactifs de Bure, dans la Meuse, est aujourd'hui au cœur des débats.
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Car la proposition de loi Longuet, qui autorise "l'installation de stockage réversible en couche géologique profonde des déchets radioactifs", doit être examinée ce lundi 11 juillet 2016 à l'Assemblée nationale. En prévision, les opposants ont déjà lancé un appel à tous les écologistes de France, afin qu'ils convergent sur site et qu'ils empêchent le démarrage des travaux (certaines galeries d'essais étant déjà en cours de creusement). Ils souhaitent constituer un camp retranché, du même type que ceux des ZAD précédentes, mais ont déjà été expulsés, ce jeudi 7 juillet de Mandres-en-Barrois, une commune voisine, dont le sous-sol sera percé de galeries à 500 mètres de profondeur.
Que faire de ces encombrants déchets ?
Dans les colonnes du Figaro, une activiste compare la solution d'enfouissement à cacher "la poussière sous le tapis" et recommande d'arrêter de produire des déchets nucléaires en stoppant les centrales existantes. Une solution radicale qui ne réglerait cependant pas la question des déchets déjà existant. L'Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) estime qu'il n'y a pas d'autres solutions que le stockage durable dans des couches géologiques étanches, et que 60 % des matériaux qui seront enterrés sur le site de Bure existent déjà à l'heure actuelle. Ils sont temporairement entreposés dans des bâtiments dont la durée de vie (100 ans) ne correspond pas du tout à celle des déchets qu'ils abritent (plusieurs milliers d'années).
L'arrêt de neufs réacteurs, en plus de ceux déjà programmés de Fessenheim, à Chooz, Brennilis, Saint-Laurent-des-Eaux, Chinon, Bugey et Creys-Malville, génèrerait 180.000 tonnes de déchets radioactifs liés à leur démantèlement (machinerie, tuyauterie, gravats de béton, outils). De quoi démultiplier les besoins de stockage de long terme (sans même parler du combustible nucléaire à très haute activité) et entraîner… la multiplication par deux de la surface creusée dans le sous-sol champenois. Les galeries passeraient ainsi de 15 à 30 km² pour un coût compris entre 15 et 35 milliards d'euros. Il est prévu que la première tranche du Centre industriel de stockage géologique entre en service en 2025. D'ici là, des manifestations, des actions de désobéissance civile et de possibles débordements sont à craindre, comme à Creys-Malville en juillet 1977, où des affrontements entre militants écologistes anti-Superphénix et forces de l'ordre avaient fait un mort. L'Histoire va-t-elle se répéter ?
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