La France va-t-elle abandonner, réduire ou pérenniser son parc de réacteurs nucléaires. Si le ministère de l'Ecologie publie un appel à projets pour des solutions de gestion des déchets issus du démantèlement des centrales, Ségolène Royal explique dans le même temps qu'une nouvelle génération de réacteurs devrait être développée pour prendre le relais des plus anciennes centrales. Explications.

Manuel Valls avait déjà expliqué, en clôture de la conférence environnementale de 2014, qu'un équilibre entre les énergies renouvelables et le nucléaire, qui fournissent toutes de l'électricité décarbonée, était le chemin le plus prometteur pour la France. Sa ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie enfonce le clou, dans un entretien accordé au magazine L'Usine Nouvelle. Ségolène Royal estime en effet que, "dans la construction d'une économie décarbonée, le nucléaire est un atout évident". Elle précise : "Il faut penser la demande nucléaire de manière intelligente dans un contexte de mix énergétique".

 

La ministre évoque la nécessité de sortir du "tout nucléaire" en accélérant le déploiement des énergies renouvelables. Le projet de loi sur la Transition écologique, qu'elle défend actuellement au Parlement, prévoit d'ailleurs le passage de 75 % à 50 % d'énergie nucléaire en dix ans. Mais dans le même temps, elle souhaite qu'EDF puisse "vendre à la Pologne du nucléaire" tout autant que "du renouvelable". Pour conserver le savoir-faire français dans cette ingénierie de pointe, Ségolène Royal propose de "programmer la construction d'une nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées". Pas question donc de sortir du nucléaire dans les 40 ans qui viennent.

Développer de nouvelles technologies pour le démantèlement

Afin d'accompagner le démantèlement programmé de ces centrales vieillissantes - dont celle de Fessenheim, qui pourrait être fermée à la fin de 2016 - l'ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) et l'ANR (Agence nationale de la recherche) ont lancé un appel à projets pour des solutions innovantes de gestion des déchets radioactifs. Cet appel se décline en quatre thématiques : la caractérisation des installations et des sites à démanteler et des déchets générés, le tri et le traitement de ces déchets, les nouveaux matériaux pour le stockage, et enfin l'innovation. Le ministère de l'Ecologie détaille : "Il s'agit en particulier d'encourager l'interaction entre les différents secteurs d'activité et de favoriser la transposition, à la gestion de déchets radioactifs, de technologies et de savoir-faire existants ou en développement dans d'autres domaines. Par exemple les matériaux à grande technicité développés dans les secteurs de l'aéronautique ou de l'aérospatial (céramique high tech)". L'appel à projets entre dans le cadre du Programme des Investissements d'Avenir, permettant le financement à hauteur de 45 M€ des projets lauréats pendant deux à quatre ans. Deux vagues de sélections seront organisées, en février puis septembre 2015.

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