CONJONCTURE. Pour la première fois depuis trois ans, les entreprises artisanales du bâtiment ont accusé un léger repli de leur activité au deuxième trimestre 2023, dans un contexte économique difficile plombé par la forte inflation. Malgré le pessimisme ambiant, les embauches passées et futures se maintiennent à un certain niveau.
L'année 2023 a plutôt mal commencé pour le secteur de la construction, pénalisé par la forte inflation, la crise énergétique, la chute du logement neuf et de la commande publique ou encore les difficultés de recrutement. Ce contexte économique difficile s'est logiquement répercuté sur l'activité de l'artisanat du bâtiment, dont le chiffre d'affaires sur un an s'est replié de 0,4% au deuxième trimestre ; une première depuis trois ans, après déjà plusieurs trimestres de ralentissement.
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Dans son enquête conjoncturelle, l'U2P (Union des entreprises de proximité, dont sont membres la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment - Capeb - et la Chambre nationale des artisans des travaux publics et du paysage - CNATP) précise que le chiffre d'affaires des artisans du bâtiment a progressé de 0,5% en cumul annuel entre le printemps 2023 et celui de 2022, porté par la hausse des prix.
Pouvoir d'achat en berne et hausse des taux d'intérêt
"Longtemps épargné par les dégradations de l'environnement économique, le secteur du bâtiment commence à ressentir de plus en plus nettement les effets négatifs de la faiblesse du pouvoir d'achat et de la hausse des taux d'intérêt", analyse l'organisation patronale. Laquelle parle, dans son étude, d'un "retournement de tendance" et d'une amorce de "récession".
Les professionnels des travaux publics doivent quant à eux composer avec des prises de commandes fragiles qui ont fait baisser leur activité de 0,5% au deuxième trimestre 2023 en comparaison à la même période un an plus tôt. En dépit de l'attribution de marchés en lien avec des grands projets d'infrastructures, les contrats conclus demeurent insuffisants pour soutenir la filière. En cumul sur les 12 derniers mois, celle-ci voit donc son activité se rétracter de 1,5%.
Moindre détérioration des trésoreries
Les entreprises du bâtiment comme des TP signalent cependant une accalmie dans la détérioration de leur trésorerie. Ainsi, seulement 16% des structures interrogées par l'U2P ont fait état d'une aggravation de leur santé financière au deuxième trimestre - elles étaient 24% en début d'année - mais pour autant, le nombre de sociétés constatant une amélioration de leurs comptes ne franchit pas la barre symbolique des 10%. La situation reste donc encore très incertaine pour nombre d'entrepreneurs.
Les perspectives d'activité sont par conséquent empreintes de pessimisme. Les entreprises de la construction ne devraient pas enregistrer une hausse d'activité durant la pause estivale dans la mesure où la demande continue de s'éroder, et le troisième trimestre devrait, dans son ensemble, rester en retrait. Toujours selon l'U2P, 15% des professionnels sondés anticipent une baisse de leur activité, contre 11% qui tablent sur une hausse. La part d'artisans prévoyant une production moins soutenue diminue toutefois puisqu'elle atteignait les 20% au début de l'année.
"Des recrutements qui se maintiennent"
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Peut-être le signe d'un début de rétablissement de l'activité. "Malgré le fléchissement de l'activité économique générale, les artisans apportent une nouvelle preuve de leur résilience avec des recrutements qui se maintiennent", tempère Dominique Métayer, président de l'U2P et artisan maçon de profession. "Il faut espérer un essoufflement progressif de la hausse des prix, de façon à redonner du pouvoir d'achat aux Français et à relancer ainsi l'activité des entreprises de proximité", ajoute-t-il.
Les intentions d'embauches restent effectivement élevées. Le nombre d'entreprises du bâtiment ayant procédé à des recrutements au premier semestre 2023 a atteint 13%, contre 12% un an plus tôt. Dans les TP, le niveau d'embauches a en revanche reculé de 24% en 2022 à 19% en 2023. Si elles persistent, les difficultés de recrutements refluent tous secteurs confondus, passant de 35% à 24% sur les 12 derniers mois. Les CDI sont désormais majoritaires parmi les contrats signés (58%, en augmentation de 5 points sur un an), au détriment évidemment des CDD (32%) et alors que la proportion de contrats d'apprentissage continue de progresser pour atteindre 9%.