L'enquête sur la rénovation énergétique menée par l'UFC-Que Choisir suscite beaucoup de réactions. Dernière en date, celle de Cinov (fédération des syndicats des métiers de la prestation intellectuelle du conseil, de l'ingénierie et du numérique) qui rappelle le rôle que les ingénieurs indépendants souhaitent tenir dans une approche globale.
Gilles Charbonnel, le président de Cinov Construction, est catégorique : "Au 21e siècle, c'est une utopie de penser que la transition énergétique peut se faire sans algorithmes". Il réagit à la polémique lancée par l'enquête de l'UFC-Que Choisir sur les entreprises RGE (Reconnu Garant de l'Environnement) dont les conclusions sont sévères à l'égard des professionnels, jugés trop corporatistes et insuffisamment formés à l'approche globale que nécessite un projet de réhabilitation thermique.
Dans un courrier, il rappelle : "Cinov Construction, depuis de nombreuses années, plaide pour qu'une maîtrise d'œuvre soit présente dans les opérations de rénovation énergétique ; l'ingénierie est seule à même de réaliser un diagnostic pertinent, de concevoir avec une approche globale (tant techniques qu'économiques) et de faire des préconisations cohérentes et indépendantes". Il rejoint en cela l'avis d'Alain Maugard, président de Qualibat qui confiait à Batiactu que, dans le cas précis de reprise intégrale d'une maison individuelle à l'état d'épave thermique, "la meilleure réponse vient effectivement de l'ingénierie ou de l'architecte. Nous n'avons jamais prétendu que les entreprises RGE étaient spécialistes de la prescription. L'UFC-Que Choisir a raison de prôner la présence d'un ingénieur spécialiste".
"Il est illusoire de penser que 3 jours de formation suffisent à transformer un artisan en ingénieur"
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Le président de Cinov Construction poursuit : "Comme le rappelle l'UFC-Que Choisir, l'indépendance est importante dans le choix des méthodes de conception. Il est illusoire de penser que trois jours de formation suffisent à transformer un artisan, même compétent, en ingénieur". Un discours qui rejoint celui de la présidente du CNOA, Catherine Jacquot, qui déclare dans nos colonnes : "Les artisans connaissent leur métier, mais ils ont besoin d'une maîtrise d'œuvre pour faire des travaux de qualité". Gilles Charbonnel estime que la rénovation énergétique "doit faire l'objet de calculs itératifs performants, réalisés par des acteurs dont c'est la compétence". Il explique que cette démarche, faisant intervenir de multiples professionnels sous la houlette d'un ingénieur serait la seule à même de garantir la performance et de rassurer le client final, grâce à un rôle pédagogique du sachant.
L'UFC-Que Choisir jugeait en effet préjudiciable l'absence de réel coordinateur de l'offre globale, comparable à un maître d'œuvre rencontré dans la construction neuve, "qui accompagnerait le consommateur de bout en bout". L'association de défense des consommateurs qui avance plusieurs pistes pour améliorer une situation décevante, souhaite notamment que les pouvoirs publics fassent la promotion d'une filière spécifique, de chef d'orchestre de la rénovation, sorte d'architecte-énergéticien. Une proposition écartée par Catherine Jacquot : "L'architecte-énergéticien n'existe pas. Un architecte réunit autour de lui les compétences nécessaires. Il a la formation et les outils qui lui permettent de faire un diagnostic, ou bien il fait appel à des bureaux d'études, thermiciens, structures ou autre, qui seront nécessaires". Une mission centrale qui intéresse également Cinov Construction, qui rappelle "que la filière d'experts indépendants préconisée par l'UFC existe au travers des bureaux d'ingénierie présents sur le territoire". A moins que les économistes de la construction ne revendiquent également ce rôle clef à leur tour ?