ETUDE - Diagnostic calamiteux, prix déraisonnables, aucune montée en compétence, approche trop corporatiste, contrôles aux abonnés absents… les griefs de l'UFC-Que Choisir envers les artisans et entreprises qualifiées RGE sont nombreux. Un an après la mise en place de la loi de Transition énergétique, l'association révèle les résultats édifiants d'une enquête de terrain.

L'UFC-Que Choisir est en colère : selon l'association indépendante de défense des consommateurs, la rénovation énergétique est en situation d'échec en France, elle évoque "un système bancal avec des défauts majeur". En 2014 déjà, elle dressait un constat assez sévère. Elle récidive aujourd'hui en rendant publics les résultats d'une enquête de terrain menée au mois de septembre 2016, un an après l'entrée en vigueur de la loi de Transition énergétique.

 

 

Un diagnostic incomplet et des préconisations partielles

 

Il apparaît que les professionnels ne sont pas réellement montés en compétence. "Les résultats sont calamiteux de fond en comble", résume Jacques Blindauer, spécialiste de l'UFC-Que Choisir. L'enquête(*) a porté sur la rénovation proposée de passoires énergétiques sélectionnées sur tout le territoire. Différents professionnels ont été consultés afin de réaliser un diagnostic et établir des devis. L'association rappelle : "Avant toute préconisation de travaux, un diagnostic complet du bâti est nécessaire, portant sur trois critères : ventilation, isolation et production de chaleur". Or, la visite complète des maisons n'a été réalisée que par moins d'un tiers des professionnels (31 %), les autres n'ayant que peu - ou pas - visité les lieux. Il apparaît que seuls 9 % ont correctement inspecté le logement. "Une évaluation beaucoup trop partielle", souligne Jacques Blindauer, qui met en avant le corporatisme des intervenants : "Ils sont 68 % à ne s'intéresser qu'à un seul des trois critères, celui qu'ils savent faire".

 

Pour les préconisations de travaux, l'association pointe une absence d'offre globale : "Aucun artisan n'a fait de préconisations permettant une rénovation globale cohérente et performante, contre 1 sur 23 en 2014". Les proposition formulées aboutissent donc à des économies d'énergie insuffisantes, comprises entre -18 % et -38 % sur les consommations, alors que l'objectif affiché pour 2050 est de parvenir à un parc immobilier à -75 %. Quant aux auditeurs RGE consultés - qui facturent leur prestation contrairement aux artisans potentiellement intervenants dont le diagnostic reste gratuit - ils ne font pas mieux : "Ce qui est un comble, c'est qu'ils n'ont pas fait preuve de plus de rigueur", assène Jacques Blindauer.

 

"Le label RGE n'est qu'un garant sans garantie qui ne sert que de sésame pour remporter des commandes"

 

 

Pour le montant des travaux, l'association prévient : "Des prix exorbitants et des aides souvent oubliées". Les artisans ne maîtriseraient pas les prix de revient et ne connaîtraient pas suffisamment les aides, hormis le crédit d'impôt, "qui lui, fait bien vendre". Le membre de l'UFC poursuit : "Ils pratiquent des prix déraisonnablement élevés. La dérive est extrêmement importante pour l'isolation des combles par exemple, avec un surcoût de +175 %, ou pour les enduits (+185 %)". La méconnaissance des aides empêcherait également les consommateurs d'entreprendre des travaux plus importants en raison de moyens limités. Quant aux pratiques commerciales, l'association les considère toujours douteuses. "L'ensemble des devis était non conforme sauf un : les promesses de résultats n'étaient jamais écrites démontrant que les professionnels ne s'engagent pas. Il n'y avait pas de détails sur leur qualification RGE, risquant par-là de priver le consommateur des aides publiques. Et 71 % ne précisent pas leur assurance". Jacques Blindauer déclare : "Le label RGE n'est qu'un garant sans garantie, qui ne sert que de sésame pour remporter des commandes".

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(*) Enquête menée en août-septembre 2016, auprès de 37 artisans (10 avec la mention "Offre globale", 16 avec la mention "Pro de la performance" et "Eco-artisan" et 10 avec une mention spécialisée) plus 5 auditeurs RGE pour 10 maisons à rénover, construites entre 1975 et 1981 (avec des factures annuelles d'énergie comprises entre 1.160 et 4.600 €)

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