INTERVIEW. Brandissant les derniers chiffres des qualifications RGE, Alain Maugard, président de Qualibat, dresse un état des lieux du dispositif - simplification, coût, fonctionnement - et affirme être conforme aux objectifs.
Batiactu : Combien d'entreprises sont aujourd'hui qualifiées RGE* ?
Alain Maugard : Les chiffres au 28 mai font état de 45.700 entreprises RGE, soit près de 380.000 personnes. Par domaines, nous en sommes à un peu plus de 78.000 entreprises (certaines peuvent couvrir plusieurs domaines, ndlr). Il est important de bien rapporter le nombre d'entreprises au nombre d'artisans que cela représente, car si l'on ne se base que par rapport au nombre total d'entreprises artisanales (environ 370.000), le comptage devient caduque car la grande majorité d'entre elles n'ont pas de salariés. Donc si l'on revient aux 380.000 personnes aujourd'hui RGE, sur les 1.2 million de travailleurs du bâtiment en France, c'est presqu'un tiers, soit un poids économique non négligeable !
Alain Maugard : Les chiffres au 28 mai font état de 45.700 entreprises RGE, soit près de 380.000 personnes. Par domaines, nous en sommes à un peu plus de 78.000 entreprises (certaines peuvent couvrir plusieurs domaines, ndlr). Il est important de bien rapporter le nombre d'entreprises au nombre d'artisans que cela représente, car si l'on ne se base que par rapport au nombre total d'entreprises artisanales (environ 370.000), le comptage devient caduque car la grande majorité d'entre elles n'ont pas de salariés. Donc si l'on revient aux 380.000 personnes aujourd'hui RGE, sur les 1.2 million de travailleurs du bâtiment en France, c'est presqu'un tiers, soit un poids économique non négligeable !
Batiactu : A quel rythme les qualifications se font-elles actuellement ? L'engouement est-il bien réel, alors qu'une étude KPMG vient de révéler que près de la moitié des chefs d'entreprise n'ont pas engagé de démarche RGE…
Alain Maugard : Nous commençons à être dans les ordres de grandeur souhaités, avec un rythme de 2.500 à 3.000 labels délivrés chaque mois, et, depuis janvier dernier, ce sont 4.000 nouvelles demandes mensuelles que nous recevons. Les dossiers qui arrivent encore dans les tuyaux sont notamment ceux d'entreprises de petite taille, qui avaient encore des réticences. C'est aujourd'hui plutôt un ajustement territorial qui s'opère.
Quant à l'étude à laquelle vous faites référence, je trouve que c'est plutôt encourageant, cela signifie qu'il va y avoir encore beaucoup de demandes à venir ! Et que ceux qui disent ne pas avoir l'intention de faire la démarche RGE, c'est sûrement parce qu'ils ne veulent pas s'inscrire dans le marché de la rénovation énergétique. Vous savez, il y a déjà du monde, et on ne cherche pas à ce que tout le monde soit RGE. D'abord, il y en a qui ne le mérite pas. On en refuse même. Ce n'est pas : 'je remplis mon dossier, je deviens RGE'. Le taux de refus est d'environ 15%, il varie d'ailleurs entre 10 et 30/35% selon les qualifications demandées (domaines, ndlr). Ce taux de refus est même en train de monter, car les bonnes entreprises, elles, sont déjà presque toutes RGE, et parmi celles qui arrivent à l'heure actuelle, on retrouve des retardataires de deux sortes : des bonnes entreprises qui s'y prennent au dernier moment, qui viennent juste de rencontrer un client par exemple, mais dont le nombre va s'amenuiser d'ici à quelques semaines ; et des entreprises moins compétentes, qui seront plus nombreuses. C'est la réalité !
Batiactu : Comment pouvez-vous juger de l'insuffisance de certaines entreprises ?
Alain Maugard : Nous avons des commissions d'examen composées d'architectes, BET, contrôleurs techniques, maîtres d'ouvrage, artisans et entrepreneurs de toutes les tailles, qui étudient les dossiers. Le label RGE n'est pas attribué les yeux fermés, c'est un véritable examen. Et tant mieux !
Batiactu : Le prolongement des mesures gouvernementales, comme le CIDD, et la simplification annoncée du dispositif ont-ils eu un impact sur l'affluence de dossiers ?
Alain Maugard : ça avait déjà démarré avant la prolongation, à vrai dire. Ça a pu rebooster certains qui se disaient 'je vais attendre encore, ça sera peut-être fini à la fin de l'année'.
D'ailleurs je tiens à saluer l'intuition de Mme Royal, qui a instauré un crédit d'impôt de 30%. Pourquoi 30% et pas 10 ou 15% ? Simplement parce qu'à 10 ou 15%, beaucoup d'entreprises auraient appliqué une ristourne équivalente à leurs clients, tandis qu'à 30%, le client se dit qu'il aurait tort de ne pas profiter de ce crédit d'impôt. L'effet 30% est un effet de moralisation très important.
Pour ce qui est de la simplification, un dialogue constructif se poursuit avec les pouvoirs publics.
Batiactu : La lisibilité du dispositif était un élément montré du doigt par les réfractaires, tout comme le coût…
Alain Maugard : Pour ce qui est du coût, je vais être transparent. Pour une entreprise de moins de 5 salariés, sur 4 ans, est de 790 €, soit moins de 200 € par an. Ceux qui disent que ça coûte des milliers d'euros sont dans le faux ! Ce qui peut coûter des milliers d'euros, c'est le temps passé pour faire les formations, constituer le dossier, etc. Et encore, je crois que la formation FEEBat est payée. Pour moi, il n'y a pas d'arguments sérieux sur cette question. Ni sur le fait que l'offre en efficacité énergétique serait insuffisante selon certains détracteurs…
Batiactu : Quid des traitements de dossiers ?
Alain Maugard : Certains trouvent que le traitement des dossiers n'est pas assez rapide, ce sont généralement les retardataires, qui ont aujourd'hui un client en demande de travaux d'efficacité énergétique, et qui désirent donc être RGE tout de suite. Mais le process est le suivant : tout dossier complet émis par le demandeur est traité en commission d'examen dans un délai d'un mois maximum. Pour y arriver, une commission nationale a même été créée pour suppléer les commissions départementales et traiter les engorgements. Reste la question du délai pour décider qu'un dossier est complet ou pas… Il peut y avoir, ici ou là, quelques lenteurs pour valider les dossiers complets. Mais des efforts sont faits pour combler ces retards.
Batiactu : La qualité des dossiers s'est-elle améliorée, notamment avec les dispositifs mis en place par les organisations professionnelles, les industriels pour aider et accompagner l'artisan ?
Alain Maugard : En effet, oui, leur intervention est efficace. Pour information, à ce jour, on dénombre 8.630 Eco Artisans® et 1.826 Pros de la Performance Energétique (PPE).
Batiactu : Quid de la pénurie d'artisans labellisés RGE à Paris et région parisienne ?
Alain Maugard : Cette pénurie est toute relative, car c'est une zone où il y a beaucoup de logements collectifs et donc peu de maisons individuelles, premières cibles des travaux d'efficacité énergétique. Il faut donc tenir compte de cette particularité.
Batiactu : Quels sont les domaines d'activité qui ont le plus de succès ?
Alain Maugard : Ce sont les changements de chaudière pour des chaudières à condensation et la pose de fenêtres. En revanche, il y a moins d'effet sur le domaine de l'isolation, pour le moment. Mais je crois surtout que les travaux d'isolation se font et se feront de façon embarquée. C'est comme cela que l'efficacité énergétique parviendra à gagner les foyers.
Batiactu : C'est votre solution pour amener les gens à raisonner efficacité énergétique ?
Alain Maugard : Dans le rapport GT4 sur l'innovation, remis à l'époque à Mme Duflot dans le cadre d'Objectifs 500.000, nous avions émis l'idée suivante : établir une sorte de livret à points qui permettrait de faire les travaux d'efficacité énergétique au fur et à mesure, que seul une entreprise RGE pourrait valider. Au bout d'un certain nombre de points, et donc de travaux d'efficacité énergétique, un bonus ou nouveau crédit d'impôt pourrait être attribué… Une aubaine pour l'Etat qui lisse les octrois de crédits d'impôt et donc son budget - car que faire à partir de 2017 ? - et une aubaine pour le consommateur qui se voit récompenser pour sa fidélité à l'efficacité énergétique. C'est assez simple et motivant... A bon entendeur.