CONSULTATION. Ce mardi 15 janvier, Emmanuel Macron lancera officiellement le "grand débat national" en réponse à la révolte sociale exprimée par le mouvement des Gilets jaunes. Dans une lettre aux Français, le président de la République est revenu sur ses motivations et sur les sujets qu'il souhaiterait aborder, dont la transition énergétique. Les personnalités pilotant le débat ont également été annoncées.
Il veut en faire une réponse à la révolte sociale. Le 17 novembre 2018, le mouvement des Gilets jaunes a commencé à défiler dans les rues et sur les ronds-points de France pour adresser à Emmanuel Macron une large contestation populaire, cristallisée par l'épineuse problématique du reste à vivre des Français. Face à cette situation, le Gouvernement a proposé vers la mi-décembre une série de "mesures d'urgences économiques et sociales" pour tenter d'apaiser la colère de ses concitoyens, en redynamisant un pouvoir d'achat en berne. Mais les manifestations de Gilets jaunes se sont poursuivies, et le président de la République, lors de ses vœux à la Nation le 31 décembre au soir, a annoncé qu'il allait écrire une "lettre aux Français" pour cadrer le futur "grand débat national", dont l'objectif est de consulter la population par le biais des collectivités territoriales, des associations et d'Internet.
Les citoyens invités à se prononcer sur la transition écologique et énergétique
Ce dimanche 13 janvier 2019, la fameuse lettre a été publiée dans la presse et sur les réseaux sociaux. Qu'en ressort-il ? Quatre thèmes majeurs ont été retenus par l'exécutif pour orienter les débats : la fiscalité et les dépenses publiques, l'organisation de l'Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté. Le secteur du bâtiment est évidemment concerné par la transition écologique, un sujet sur lequel Emmanuel Macron rappelle dans sa missive qu'il s'est "engagé sur des objectifs de préservation de la biodiversité et de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l'air". Le chef de l'Etat ajoute : "Faire la transition écologique permet de réduire les dépenses contraintes des ménages en carburant, en chauffage, en gestion des déchets et en transports. Mais pour réussir cette transition, il faut investir massivement et accompagner nos concitoyens les plus modestes." Partant de ce constat, voici les questions formulées par le président à ses compatriotes :
- Comment finance-t-on la transition écologique : par l'impôt, par les taxes, et qui doit être concerné en priorité ?
- Comment rend-on les solutions concrètes accessibles à tous, par exemple pour remplacer sa vieille chaudière ou sa vieille voiture ?
- Quelles sont les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier ?
- Quelles sont les solutions pour se déplacer, se loger, se chauffer, se nourrir, qui doivent être conçues plutôt au niveau local que national ?
- Quelles propositions concrètes feriez-vous pour accélérer notre transition environnementale ?
Aux particuliers et aux professionnels, maintenant, de formuler leurs propositions. En conclusion de cette lettre, dont le format est inédit dans la communication élyséenne, Emmanuel Macron invite les Français "à débattre pour répondre à ces questions déterminantes pour l'avenir de notre Nation", assurant qu'il a "la ferme volonté de tirer toutes les conclusions" de ce débat. "Vos propositions permettront donc de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l'action du Gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international", ajoute le président, avant d'indiquer qu'il en "[rendra] compte directement dans le mois qui suivra la fin du débat", prévue pour le 15 mars prochain.
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Deux membres du Gouvernement choisis pour diriger le débat
Pour piloter ce "grand débat national", l'exécutif a finalement choisi Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales, et Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire. L'ancienne ministre des Sports de Nicolas Sarkozy, Chantal Jouanno, avait été pressentie pour ce poste, mais a préféré renoncer après une polémique autour de son salaire de présidente de la Commission nationale du débat public (14.700 € bruts par mois). Ce sont donc les deux membres du Gouvernement qui chapeauteront les échanges, en raison de leur spécialisation respective - les liens avec les élus locaux pour Sébastien Lecornu, et les questions plus larges de transition écologique, en lien avec la société civile, pour Emmanuelle Wargon. Par ailleurs, un autre binôme de personnalités issues de la société civile pourrait compléter cette équipe : d'après nos confrères de RTL, les noms de Nicole Notat, ancienne secrétaire générale de la CFDT, et de Jean-Paul Bailly, ancien président de la RATP et de La Poste, circuleraient également, mais n'ont pour l'heure pas été confirmés.