RÉACTIONS. Les acteurs du bâtiment et de la rénovation énergétique ont été reçus, le 20 décembre 2018, par le ministre de la Transition écologique et solidaire. L'objectif : lancer le nouveau travail de concertation visant à nourrir le débat national annoncé par Emmanuel Macron. Réactions d'acteurs.
C'est le 20 décembre, en soirée, que le coup d'envoi de la concertation sur le thème "Se chauffer, se loger", a été lancé. Une initiative annoncée par le président de la République, lors de son intervention télévisée à la suite de la révolte des gilets jaunes. Étaient présents une trentaine d'acteurs (organisations professionnelles, associations, syndicats...), qui se sont exprimés devant les ministres François de Rugy (Transition écologique et solidaire) et Julien Denormandie (Logement), ainsi que la secrétaire d'État Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire.
Le thème de la rénovation énergétique a logiquement occupé l'essentiel des prises de parole. "Chaque acteur a donné son avis pour faire avancer les choses", nous informe Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment, contacté par Batiactu. "Les responsables présents ont été à l'écoute." Le représentant des entreprises du bâtiment a pour sa part fait passer son message : "Il faut arrêter de dire aux gens que les travaux seront financés par les économies d'énergie réalisées", assure-t-il. "Cela ne sera pas le cas. Et quand vous dites à un particulier qu'il rentabilisera ses travaux au bout de 20 ans, il ne les fera pas."
"Je suis méfiant quand j'entends dire que le privé prendra le relais du public"
Pour le responsable et chef d'entreprise, un soutien conséquent de l'État est donc indispensable pour avancer en rénovation. "Je suis très méfiant quand j'entends dire que le privé prendra le relais du public", illustre-t-il. "Car le privé commence à investir quand un marché existe, c'est-à-dire un équilibre économique. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas."
Le sujet de l'obligation de travaux a également été au cœur des propos. Il a ses détracteurs, comme Jacques Chanut ("Si on oblige les propriétaires à faire des travaux avant de louer, c'est simple, ils ne loueront plus et cela bloquera le marché"), ou ses soutiens, comme le réseau pour la transition énergétique (Cler). "Le ministre François de Rugy avait évoqué des moyens contraignants pour rénover les passoires énergétiques [lire notre article ici]", rappelle Romain Riollet, responsable de projets Efficacité énergétique au Cler. "Mais le mouvement des gilets jaunes a tout arrêté sur ce plan. De la même manière que pour la taxe carbone qui reviendra bien un jour. Auquel cas nous serons vigilants sur la manière avec laquelle les fonds seront fléchés." L'association aurait également souhaité que l'État fixe un cap, avec certaines propositions de mesures qui auraient pu être affinées lors d'échanges avec les acteurs.
La qualité des travaux de rénovation est-elle au rendez-vous ?
Le réseau pour la transition énergétique rejoint toutefois la position des professionnels de la construction en regrettant que l'État se désengage progressivement de l'accompagnement des clients. "Alors qu'il faudrait accompagner les gens vers des travaux de qualité - l'étude Trémi [lire notre article ici] ayant prouvé que les travaux menés ne sont pas performants." Il faut également, selon le Cler, que les systèmes d'aides soit plus lisibles, accessibles, et ne soit pas modifiés chaque année.
Au @Min_Ecologie en présence de @FdeRugy @J_Denormandie @EmmWargon et les nombreux acteurs de la filière du #Batiment #logement pour accompagner les Français à mieux se loger et se chauffer#GrandDebatNational pic.twitter.com/XGWgKx1xW0
- Coénove (@Coenove) 20 décembre 2018
Florence Lievyn, déléguée générale de l'association Coenove, note pour sa part que les participants en sont restés à l'étape du "constat", ce qui est naturel pour ce qui était une forme de réunion préparatoire. "Le travail de discussion débutera formellement aux environs de mi-janvier, pour un rendu de la copie vers mi-mars. Il sera large, du citoyen aux organisations professionnelles, et il nous a été assuré que toutes les bonnes idées seraient entendues."
Des ministres "en phase"
Enfin, Philippe Pelletier, président du Plan bâtiment durable, se félicite de son côté du fait que les trois ministres présents étaient "en phase les uns avec les autres". "C'est un signal clair sur le fait qu'il copiloteront ensemble le plan de rénovation énergétique des bâtiments (Preb)", explique-t-il à Batiactu. Pour lui, le bilan de cette première réunion est "positif". "Le ministre François de Rugy a réaffirmé que le moment était venu de mettre en œuvre le Preb. J'attends donc un souffle, un élan sur différents sujets comme la charte Faire, la lutte contre la précarité énergétique, et l'impulsion donnée aux collectivités locales pour rénover le parc."
Le Plan bâtiment durable s'est porté volontaire pour recueillir sous formes de cahiers d'acteurs ce que les composantes de la demande (ménages, conseils syndicaux, copropriétés, conseillers Faire, Adil...) peuvent dire de la rénovation énergétique. "Nous organiserons également des réunions en régions pour approfondir, compléter le sujet", précise Philippe Pelletier.
La réseau pour la transition énergétique (Cler) s'inquiète de la version de l'éco-PTZ retenue par l'Assemblée nationale, en deuxième lecture, dans le cadre du PLF 2019. "La date de construction des bâtiments éligibles à l'éco-PTZ est relevée de 1990 à '2 ans et plus'", nous explique-t-on. "Ainsi, au lieu de concentrer les moyens sur les bâtiments les plus inefficaces, on octroie des aides à la rénovation de bâtiments quasi neufs, construits sous RT 2012."