AMÉNAGEMENT. La Ville de Paris réfléchit à transformer une voie du périphérique en route dédiée aux transports en commun et au voiturage, après les Jeux olympiques de 2024. Elle permettrait notamment de réduire le trafic autoroutier et la pollution atmosphérique.
À quoi ressemblera le futur périphérique parisien ? La Ville de Paris imagine une voie réservée aux covoiturage, transports en commun et taxis, ouverte à certaines heures et limitée à 50 km/heure. Si la question n'est pas tranchée, la municipalité lance une consultation sur le sujet. Organisée sous l'égide de la Commission nationale du débat public (CNDP), cette participation du public par voie électronique (PPVE), "ouverte à tous", se tiendra du 17 avril au 28 mai 2023. Franciliens, usagers et riverains du boulevard sont invités à se prononcer sur les modalités du projet sur une plateforme dédiée, dont les résultats seront communiqués en juillet prochain.
"L'héritage des Jeux olympiques"
"La transformation du périphérique est un enjeu majeur pour la métropole", assure Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire de Paris en charge de l'urbanisme, de l'architecture, du Grand Paris, lors d'un point presse le 5 avril 2023. "C'est l'héritage des Jeux olympiques."
L'événement sportif, tenu en 2024 dans la capitale, doit en effet permettre la création de voies olympiques et paralympiques prioritaires réservées aux transports des athlètes, des officiels et des secours d'un site à un autre. Une "obligation inscrite dans le cahier des charges", souligne le premier adjoint. L'installation de ces voies, du réseau de signalétique et de contrôle seront financés par la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques), à hauteur de 18,7 millions d'euros. Une aubaine pour la Ville de Paris qui veut, après l'événement sportif, conserver cette voie dédiée pour l'ouvrir à certains automobilistes. "Cet axe vient compléter les voies similaires créées sur les autoroutes A1 et A13 dans le cadre d'un projet porté par l'État", précise le porte-parole.
Une grande majorité d'automobilistes est seule dans son véhicule
La voie dédiée aux transports collectifs et au covoiturage permettrait de fluidifier les transports, d'alléger les dépenses des ménages, de réduire la pollution sonore et atmosphérique, et "d'avoir un impact positif sur l'environnement" alors que "80 à 85% des automobilistes qui empruntent chaque jour le périphérique sont seuls dans leur véhicule", rappelle Emmanuel Grégoire. Au total, 1,2 million de personnes utilisent le périphérique chaque jour.
Une "prime" pourrait même être distribuée à ceux qui feraient du covoiturage, "comme c'est le cas à Lyon, Grenoble ou Los Angeles", indique David Belliard, adjoint à la maire de Paris en charge de la transformation de l'espace public, des transports, des mobilités et de la voirie.
Quelques propositions dessinées
Si rien n'est encore décidé, la PPVE soumet néanmoins quelques propositions, dont les horaires d'utilisation (entre 6h30 et 11h puis de 15h30 à 20h), le type d'automobilistes autorisé (taxis, transports en commun, covoiturage) ou encore la vitesse (50 km/heure pour l'ensemble du périphérique). "Un losange blanc s'allumerait lors des horaires d'utilisation de la voie", précise l'adjoint, qui assure que la Ville ne souhaite pas réserver le boulevard à ces usages "24 heures sur 24". Autre détail : il n'existera pas de marquage au sol ni de séparateur.
Les trois-quarts de la voie pourraient être empruntés dès fin 2024 et entièrement mi-2025. Des travaux préparatoires ont déjà commencé. Le périphérique sera fermé par tronçon et les chantiers s'effectueront de nuit. "Les travaux seront indolores pour les Parisiens", affirme Emmanuel Grégoire, qui se veut rassurant. Les personnes ne respectant pas les futures mesures risqueront une amende de 135 euros. Seul un agent sera autorisé à verbaliser, en s'appuyant sur un réseau de caméras. Deux radars permettant de comptabiliser le nombre de personnes dans un véhicule sont déjà en cours de test.
Quid des professionnels du Bâtiment ?
Les professionnels, notamment les ouvriers et artisans intervenant sur des opérations urgentes et qui souhaiteraient utiliser cette voie, devront, eux aussi, se soumettre à l'obligation d'avoir plusieurs personnes dans leur véhicule. "La création de cet axe a pour but de fluidifier et réduire le trafic routier", rappelle David Belliard, estimant à 200.000 le nombre de voitures en moins roulant quotidiennement sur le périphérique. "Moins d'automobilistes sur la route, c'est positif pour les artisans et les ouvriers, qui mettront moins de temps à se déplacer."
Mais le projet n'enthousiasme pas tout le monde. La Région, dirigée par Valérie Pécresse, se dit opposée à cette transformation d'un axe du périphérique, qu'elle qualifie de "fermeture". Elle avait organisé, en ce sens, une consultation en ligne fin 2021 qui avait récolté 90% d'opposition.
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