EN CHIFFRES. Les dirigeants des très petites structures sont de plus en plus inquiets pour leur activité mais voient aussi d'un bon oeil l'action des pouvoirs publics, ce qui n'a pas toujours été le cas. En dépit d'une conjoncture morose, les TPE continuent également à entretenir de bons rapports avec leurs banques.
Dans les TPE, l'attentisme est de mise pour 2024. D'une part, les dirigeants des très petites structures sont de plus en plus inquiets pour leur activité. D'autre part, ils voient d'un bon oeil l'action des pouvoirs publics, ce qui n'a pas toujours été le cas. Ce sont les principaux enseignements du 74e baromètre de conjoncture des TPE (tous secteurs confondus) réalisé par l'institut Ifop pour le compte du cabinet Fiducial, et qui porte sur le 4e trimestre 2023.
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32% des TPE du BTP font confiance à la politique d'Emmanuel Macron
Les quelque 1.005 petits patrons interrogés pour cette enquête indiquent donc être moins sereins pour l'avenir de leurs entreprises : ils étaient 63% à être optimistes au 3e trimestre 2023, ils ne sont plus que 58% trois mois plus tard. Ce taux s'établit à 36% dans la construction.
Auparavant méfiants envers la politique du Gouvernement, ils terminent en revanche l'exercice 2023 en faisant davantage confiance à l'exécutif : ils sont 39% dans ce cas, soit un bond de 12 points entre les deux trimestres, et un niveau supérieur à la moyenne des 20 dernières années (32%). Dans le bâtiment et les travaux publics, 32% des TPE font confiance à la politique du gouvernement d'Emmanuel Macron.
Idem pour le climat général des affaires, qui progresse de 7 points entre octobre et décembre : 33% des entrepreneurs ont une bonne opinion de la conjoncture actuelle, contre 26% entre juillet et septembre. De l'ordre de 66%, l'optimisme des TPE du BTP détonne particulièrement.
8% des petits patrons du BTP ont renoncé à un emprunt
À l'image de ce qu'a relevé la dernière enquête de conjoncture de l'U2P (Union des entreprises de proximité), la santé financière des TPE demeure cependant fragile.
Fin décembre 2023, 1 dirigeant de TPE sur 3 affirmait rencontrer des difficultés financières, 15% évoquant même des problématiques importantes. Si ces deux indicateurs sont en hausse, ils restent toutefois inférieurs à leur niveau de début d'année (respectivement 44% et 22% en mars 2023).
Mais la situation de certains dirigeants se précarise : sur les 15% faisant mention de problèmes importants, 45% envisagent de déposer le bilan ou de cesser leurs activité, dont 28% au cours des six prochains mois.
Ce taux atteint ainsi un plus haut depuis le début de l'année, et double en comparaison au 3e trimestre (14%). Les petits patrons du bâtiment et des travaux publics sont 15% à faire état de telles difficultés.
De même, 13% des sondés signalent avoir renoncé à un emprunt du fait des taux d'intérêt élevés (8% dans le BTP), ce qui représente une augmentation de 6 points.
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9% des TPE de la construction envisagent d'embaucher
Côté emploi, les projets d'embauches et de licenciements sont restés quasiment stables tout au long de l'année 2023. À fin décembre, 13% des petits patrons souhaitaient procéder à des recrutements, soit un point de plus que fin septembre. Ce taux grimpait même jusqu'à 49% chez les dirigeants de TPE de plus de 10 salariés, mais tombait à seulement 9% dans le BTP.
À l'inverse, 6% des personnes interrogées avaient supprimé, ou comptaient supprimer des postes (2 points de moins en 3 mois) - elles étaient 4% dans la construction. Fait notable : 85% des TPE disent n'avoir aucun poste à pourvoir au sein de leur structure.
Et pour 2024 ? Environ la moitié (49%) des entrepreneurs s'attendent à voir leur activité stagner, 30% misent sur une croissance de leur chiffre d'affaires et 21% sur une baisse.
Les plus grandes TPE, celles employant entre 10 et 19 salariés, sont les plus optimistes : 43% d'entre elles misent sur une augmentation de leur activité. Ce taux s'élève à 30% dans le secteur de la construction, quelle que soit la taille de la structure.
86% des TPE de la construction ont une très bonne relation avec leur banque
Le baromètre Ifop-Fiducial s'est également penché sur les relations entre les TPE et leurs banques. Des relations qui semblent toujours au beau fixe en dépit d'une conjoncture morose.
On apprend notamment que presque 8 dirigeants de TPE sur 10 (78%) travaillent avec un seul établissement bancaire (71% dans la construction), que 65% ont domicilié leurs comptes personnels et professionnels au sein de la même banque, et que seulement 7% travaillent avec une banque en ligne ou envisagent de le faire. En cause : l'absence d'interlocuteur dédié et la difficulté à en joindre un. En outre, jusqu'à 10% des entrepreneurs du BTP peuvent recourir à 3 banques ou plus.
Pour le reste, 43% des professionnels jugent leur situation bancaire positive, 47% "à l'équilibre" et 10% négative. On relève néanmoins que 13% des TPE du BTP sont confrontées à une situation bancaire problématique. Mais si 83% des entrepreneurs, tous secteurs confondus, jugent leur relation satisfaisante avec leur banque, ce taux grapille encore quelques points pour s'élever à 86% parmi les petites structures de la construction.
75% des petits patrons décrochent facilement des crédits
"Ce qui tendrait à montrer que, malgré la situation bancaire des TPE parfois délicate, les banques sont davantage perçues comme des acteurs de conseil et de soutien plutôt que comme des organismes faisant pression sur les patrons et leurs finances, en rupture avec le discours critique des années 2008-2010 à l'égard des banques", analyse le baromètre.
La facilité à se voir octroyer des crédits est par ailleurs jugée satisfaisante par les trois quarts des sondés. Malgré tout, un quart des petits patrons réfléchissent à faire jouer la concurrence entre les banques en 2024, 17% prévoient de travailler avec plusieurs établissements et 15% ont déjà décidé de changer de banque.
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