REPORTAGE. Béton bas carbone, réversibilité, recyclage des eaux usées… Le groupe immobilier s'est donné pour mission de tester plusieurs thématiques durant les chantiers des Jeux olympiques de 2024. Une vision partagée par la Solideo, qui met en avant sa démarche "environnementale".
"Les chantiers avancent bien, il n'y a pas de retard", atteste Florence Chahid-Nourai, directrice grands projets à Icade. Le groupe immobilier français, filiale de la Caisse des dépôts, et la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) ont donné rendez-vous à la presse le 14 juin pour un point d'étape sur les chantiers destinés aux futurs Jeux olympiques de 2024. Au sommet d'un immeuble de logements en construction du secteur D, qui devrait être achevé en décembre 2023, la porte-parole de la société immobilière explique les particularités du projet.
Au total, l'entreprise doit construire 12 bâtiments de logements et un de bureaux sur cette parcelle. Un programme mixte, conçu par six architectes, qui comprend différents types de logements, au nombre de 645, tels que des logements sociaux, en accession mais aussi une résidence étudiante. L'utilisation massive du bois donne le la à ce projet pharaonique. "Les façades en bois sont produites dans les Yvelines pour limiter le transport et le poids carbone. Ici, c'est une structure en béton mais d'autres bâtiments sont en structure bois", explique la directrice.
Le matériau ne sera en revanche pas apparent pour des raisons de sécurité incendie. L'objectif est de se fournir au minimum à 30% en bois français et le reste en bois européen. "Nous avons sécurisé nos approvisionnements en bois, comme pour le reste des matériaux, avant que le conflit en Ukraine n'éclate", précise Florence Chahid-Nourai, interrogée par Batiactu sur la crise actuelle de hausse des prix et des pénuries de matières premières.
Du béton bas carbone sur le site
Icade a installé une centrale à béton sur le Village des athlètes, qui s'étend sur trois communes (Saint-Denis, Saint-Ouen-Sur-Seine et L'Ile-Saint-Denis) et devra accueillir 14.500 personnes durant l'événement sportif. "Nous produisons du béton bas carbone grâce à cette centrale, nous sommes les seuls à le faire au sein du village, ce qui permet une réduction de 40% des émissions de CO2 sur le béton par rapport à un béton classique." Icade prévoit la pose de panneaux solaires sur les toitures de son ensemble immobilier au sein du village des athlètes. La consommation de l'électricité produite ne sera cependant pas réservée aux usagers du site. Quant aux déblais liés aux travaux, 80% sont évacués par voie fluviale sur la Seine, à quelques mètres des bâtiments.
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"La particularité de ce projet est sa réversibilité", continue la porte-parole. Le secteur D doit en effet accueillir 3.000 athlètes mais il servira ensuite aux populations d'Île-de-France pour se loger. 75% des éléments constructifs seront conservés selon Icade, notamment les ascenseurs ou encore les parois qui équipent les chambres des athlètes. Habitat, sport, culture, espace de travail, conciergerie, commerce de proximité vont se côtoyer au sein de cet ensemble immobilier de 50.000 m².
Une meilleure utilisation des déchets et eaux usées
Un bâtiment innovant, nommé "Cycle", verra également le jour à Saint-Ouen. Des solutions de circuits courts pour l'eau et les biodéchets vont être déployées, avec un retraitement des eaux usées. "L'urine sera séparée des excréments. La première sera utilisée en agriculture et les excréments transformés en compost pour nos espaces verts", explique Florence Chahid-Nourai. Les eaux grises (provenant des douches ou éviers) seront réinjectées dans les chasses d'eau, les lave-linge et le nettoyage des espaces communs. "Parce que nous voulons aller plus loin que les législations sanitaires, nous sommes actuellement en discussion avec l'Etat pour obtenir l'autorisation de la mise en place de ces solutions."
Le rez-de-chaussée du bâtiment sera dédié "à la vie de quartier sur la thématique de la transition écologique" et le sous-sol comportera un électro-composteur pour que les habitants puissent déposer leurs déchets organiques. "Notre idée, c'est de prouver que nous pouvons faire autrement en France", assure la responsable d'Icade.
Un espace "accessible à tous et inclusif"
Pour la Solideo, Icade, tout comme les autres maîtrises d'ouvrage présentes sur ce projet, répondent aux objectifs fixés par la charte environnementale et sociale rédigée par la société. "Nous voulons que ce projet s'inscrive dans une démarche environnementale poussée et dans les engagements de la COP21", explique Isabelle Vallentin, directrice générale adjointe de la Solideo, qui ajoute favoriser la présence de TPE et PME sur le site. "Le village a entièrement été pensé pour être accessible à tous, durable, inclusif et connecté. Des réflexions ont été menées sur le confort thermique, les îlots de fraîcheur, la mixité sociale grâce à différents types de logements dont 2.000 sociaux, mais aussi l'espace public pour qu'il soit un lieu accueillant.".
La conception de l'héritage du site a été pensée avant celle des Jeux olympiques, "c'est le raisonnement inverse de ce qui se ferait habituellement", note la directrice. La climatisation a été bannie du territoire pour privilégier un réseau de chauffage et de froid qui refroidira les logements et les bureaux durant les épisodes de fortes chaleurs. "Un système de géothermie va être installé et des pompes à chaleur serviront à alimenter chaque bâtiment", continue-t-elle. Quant aux voiries, elles sont constituées à 94% de béton réemployé. Si un corridor écologique existe déjà dans cette zone, l'équipe de la Solideo dit espérer en créer de nouvelles pour que la biodiversité s'installe durablement en ville.
Comment envisager le bâtiment post-RE2020 ?
