MAQUETTE NUMÉRIQUE. Dictionnaires, bibliothèques, terminologie... La stratégie française pour les actions de pré-normalisation et normalisation BIM appliquées au bâtiment repose sur un ensemble de concepts et d'idées, défendues par divers acteurs de la filière, dont datBIM. La société, qui participe à ces travaux, explique les grandes orientations choisies.
C'est tout un nouveau langage qui est en train de s'écrire afin que la maquette numérique soit utilisable par tous les professionnels du bâtiment, où qu'ils soient et avec n'importe quelle solution informatique. Et cette universalité doit reposer sur des bases solides pour que l'interopérabilité soit totale et que les possibilités d'erreurs ou d'incompréhensions soient nulles. Afin de coordonner tous les efforts des éditeurs et des entreprises du secteur de la construction, le gouvernement a donc défini une feuille de route de la normalisation BIM. Le Plan Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB) a publié cette stratégie, comprenant de nombreuses contributions de professionnels issus des différents organismes (Capeb, FFB, AIMCC, Unsfa, BuildingSmart France, ADNc).
DatBIM, qui gère des bibliothèques d'objets et travaille depuis 2015 sur le format Open dthX, analyse : "Les experts impliqués dans la rédaction du document accordent une importance capitale à la 'terminologie' autrement dit aux dictionnaires de propriétés (utilisables par les acteurs et exploitables dans des formats permettant leur traitement automatique par les machines) ainsi qu'à la notion d'objets BIM qui joue un rôle essentiel pour passer du stade d'objet générique au modèle de bâtiment informatisé tel que construit". Chaque objet BIM est ainsi un produit, un système ou un composant, comportant des valeurs et des exigences fournies par l'industriel, d'une représentation géométrique et de propriétés associées. Vu le nombre très important d'objets dans chaque projet architectural, il sera indispensable de les classer et les archiver dans des bibliothèques dédiées, facilitant les recherches d'informations et les transferts de contenus vers des logiciels métier.
Vocabulaire + grammaire = langage intelligible
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Sur le modèle d'échanges de données via les IFC (Industry foundation classes), la feuille de route du PTNB précise qu'il doit être associé "à des dictionnaires de propriétés permettant de définir de façon unique et non ambigüe les données échangées". D'où l'intérêt que rappelle datBim pour des réseaux de dictionnaires interconnectés et gérés de façon normalisée. L'implémentation d'objets BIM dans une maquette numérique ne sera possible "que si les outils à disposition des acteurs partagent un même format de description et d'échange des objets et sont connectés à un même dictionnaire ou des dictionnaires partageant la même méthode de description des propriétés". La stratégie française souligne l'urgence "de pouvoir disposer d'un format d'échange d'objets BIM et/ou de leurs propriétés, entre catalogues, bibliothèques d'objets génériques (ou non) et logiciels métier indépendant des éditeurs". Une description que datBIM rapproche de son format Open dthX, qui est compatible avec la norme IFC et qui permet d'y associer des propriétés via un lien vers un dictionnaire. Ce dictionnaire devrait, selon l'entreprise, "être évolutif, dynamique et indépendant du format pour assurer sa pérennité et la fiabilité des échanges". Le langage commun à toute la maquette numérique reposera donc sur un vocabulaire - contenu dans les dictionnaires - et sur une grammaire, définissant l'ordre des mots dans la phrase.
La stratégie française prévoit enfin la mise en œuvre de la norme expérimentale nationale XP P07-150, imaginée comme "une méthodologie de définition des propriétés et de leur gestion". DatBIM rappelle qu'à la fin de l'année, 200 objets génériques et 2.000 propriétés associées auront été définis. Sur l'interopérabilité entre contenus et logiciels, des travaux européens sont menés au sein d'un groupe de travail du comité technique de normalisation (CEN TC 442/WG2/TG3) et la France se montre particulièrement active afin de faire prévaloir sa vision rationnelle de toute la démarche.