Pierre-André de Chalendar, le pdg de Saint-Gobain, a confirmé à la presse suisse, sa volonté de prendre le contrôle de Sika, malgré l'opposition du groupe de chimie suisse.
Le géant des matériaux de construction Saint-Gobain entend bien poursuivre son projet de prise de contrôle du groupe de chimie suisse Sika, en dépit de l'opposition virulente qu'il rencontre. Loin d'envisager un abandon, Pierre-André de Chalendar, a expliqué au Neue Zürcher Zeitung, qu'il n'avait pas de nouvelle feuille de route, s'en tenant donc à son idée première. Pourtant, l'actuelle direction de Sika et une partie du conseil d'administration, menées par le président Paul Hälg, a entrepris de mener une guérilla visant à décourager le groupe français. "Saint-Gobain, en tant qu'actionnaire minoritaire veut dominer le conseil d'administration et Sika", a-t-il déclaré à l'AFP.
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Dans les faits, Pierre-André de Chalendar se serait directement entendu avec la famille Burkard qui détient 16,1 % du capital (via la Schenker-Winkler Holding), mais qui dispose surtout de 52,4 % des droits de vote. En décembre 2014, Saint-Gobain proposait donc 2,3 Mrds € aux cinq héritiers du fondateur de Sika, afin de prendre le contrôle de la société sans en passer par une offre publique d'achat qui aurait été beaucoup plus coûteuse. Car la société suisse a généré un chiffre d'affaires de 5,24 Mrds € (+8,4 %) en 2014, affichant une insolente croissance annuelle moyenne de 8 % depuis 2007. De quoi susciter la convoitise.
Saint-Gobain, un inconnu en Suisse ?
Les dirigeants de Sika ont tenté de limiter les droits de vote de la famille Burkard à 5 % des actions nominatives, mais la holding Schenker-Winkler a riposté en saisissant la commission suisse des OPA et le tribunal du canton de Zoug. Pierre-André de Chalendar observe ces rebondissements avec philosophie : "Ces questions regardent la famille Burkard et Sika. La famille va faire valoir ses droits. Je suis très confiant à cet égard et je fais pleine confiance à la justice". Le tribunal a donné, le 10 février dernier, une dizaine de jours à l'entreprise pour présenter sa position avant d'entendre les deux parties. Le pdg de Saint-Gobain esquisse un léger mea culpa : "Nous aurions dû, de notre côté, mieux expliquer ce qu'est Saint-Gobain et comment nous voyons l'avenir avec Sika". Mal connu en Suisse, le géant français est cependant présent depuis plus de 80 ans, grâce aux marques comme Isover, Rigips ou Vetrotech. "Si nous sommes peu connus en Suisse, c'est aussi parce que nos sociétés jouissent d'une grande autonomie dans la façon dont elles mènent leurs affaires. Cela vaudra aussi pour Sika", a-t-il conclu, afin de rassurer les dirigeants helvètes sur une éventuelle perte d'indépendance. Le combat est donc loin d'être terminé.