Alors que l'initiative de Saint-Gobain a été rejetée par le conseil d'administration de Sika, la famille Burkard-Schenker, qui détient plus de 16 % du capital et plus de la moitié des droits de vote, a décidé de démettre de leurs fonctions les dirigeants hostiles à cette reprise. De quoi rassurer Pierre-André de Chalendar qui espère boucler l'acquisition d'ici à l'été 2015.
Le conseil d'administration de Sika, qui n'a pas sollicité de rapprochement avec Saint-Gobain, s'est déclaré hostile à cette manœuvre. Estimant qu'il n'y avait pas de "logique industrielle", son président, Paul Hägl, a rapidement déclaré chercher des solutions alternatives à cette prise de contrôle externe. Si, dans un premier temps, Pierre-André de Chalendar a exprimé sa surprise face à cette hostilité, il anticipe pourtant un retour au calme : "La réaction du board, in fine, ne me surprend pas complètement". L'explication ? C'est la famille fondatrice de Sika, la dynastie Burkard-Schenker, qui détient 16,1 % du capital de l'entreprise spécialisée dans la chimie de la construction, qui se trouve à l'origine de cette opération. Souhaitant négocier dans le plus grand secret, elle n'a pas prévenu la direction de sa société…
Remplacement du conseil d'administration
Face à la levée de bouclier organisée par Paul Hägl, la holding Schenker a donc simplement demandé sa destitution ainsi que celle d'autres membres du conseil, dont Monika Ribar et Daniel Sauter. La famille a proposé leur remplacement par Max Roesle, pressenti pour occuper la place de président, et Chris Tanner, ainsi que l'élection de Willi Leimer au sein du comité de nomination et de rémunération. Une véritable révolution de palais. Sika a précisé, dans un communiqué, que "le conseil d'administration (en place) examinera la requête et les propositions et (qu'il) prendra position en temps voulu". Une prise de position claire, en faveur de Saint-Gobain, qui rassure Pierre-André de Chalendar : "Je pense que les choses vont se stabiliser. Il y a un moment d'émotion (mais) tout cela va se calmer". Il estime que les première réactions étaient "exagérées et prématurées", y compris au niveau boursier où les deux titres ont dévissé à l'annonce du rapprochement.La transaction prévoit que Saint-Gobain déboursera 2,3 Mrds € pour acquérir les 16,1 % du capital de Sika donnant droit à 52,4 % des voix. Une offre qui représente une prime de 80 % par rapport au cours de l'action Sika avant la divulgation de cette opération. Rappelons qu'il ne s'agit pas d'une offre publique d'achat sur l'ensemble du capital, qui aurait été autrement plus coûteuse. Pierre-André de Chalendar espère que l'affaire sera bouclée d'ici à l'été 2015, car l'entreprise suisse représente son objectif numéro un : "Sika pour Saint-Gobain faisait partie du rêve. C'était en haut de la liste des choses qu'on voulait acheter", déclare-t-il.