Un groupe d'actionnaires de Sika présentera deux résolutions lors de la prochaine assemblée générale du groupe suisse de chimie de spécialités. L'objectif est clair : examiner les conditions de la prise de contrôle du français Saint-Gobain, à laquelle les actionnaires s'opposent. Précisions.

Le groupe d'actionnaires de Sika, spécialiste du domaine de l'étanchéité, du collage, de l'insonorisation, du renforcement et de la protection d'ossatures, qui avait communiqué la semaine dernière sur sa préoccupation quant à l'avenir de la société, dans le cadre de la prise de contrôle par Saint-Gobain, a repris la parole ce jeudi 22 janvier.

 

Ainsi, la société de gestion Cascade Investment L.L.C Bill & Melinda Gates Foundation, appartenant toutes les deux à Bill Gates, Fidelity ou Threadneedle, qui détiennent ensemble 8,16% du capital et 4,62% des droits de vote du groupe suisse, ont réaffirmé "leurs craintes quant à l'avenir de Sika dans le projet de Saint-Gobain, mais aussi les dommages importants et durables qu'il aurait sur la société et ses actionnaires."

 

Et d'ajouter dans la même lettre envoyée à Sika : "Le groupe d'actionnaires constate que l'approche prônée par Saint-Gobain n'a pas évolué et rien n'indique que Saint-Gobain a compris et entendu les inquiétudes légitimes exprimées."

Vers une procédure de "contrôle spécial"

Les sociétés en question vont donc demander en premier lieu l'approbation par les actionnaires d'une procédure de "contrôle spécial", une procédure prévue par le droit suisse qui donne aux actionnaires le pouvoir de vérifier si les intérêts de la société ont été protégés et si le conseil d'administration a rempli ses devoirs. Pour rappel, les représentants examineront les échanges ayant eu lieu entre les héritiers fondateurs, qui contrôlent 52% des droits de vote et Saint-Gobain.

 

"Ce contrôle spécial aurait pour objet d'examiner si, au cours des 24 derniers mois, l'entreprise, et plus particulièrement les représentants de Schenker-Winkler Holding AG (Ndlr : la holding des héritiers) au sein du conseil d'administration, ont communiqué des informations non publiques aux actionnaires vendeurs et à Saint-Gobain", expliquent les actionnaires.

Un comité d'experts requis

La seconde demande de résolution porte sur "la nomination d'un comité d'experts", qui aurait pour mission "d'enquêter et de passer en revue les actions du conseil d'administration et de la direction de Sika ayant trait à Schenker-Winkler Holding AG et/ou Saint-Gobain".

 

"Le conseil d'administration de Sika examinera ces demandes et propositions, et fera part de ses commentaires en temps voulu", complète le groupe suisse. Pour être adoptées, les deux résolutions devront recueillir une simple majorité du capital (Ndlr : et non pas des droits de vote) de Sika. Enfin, l'assemblée générale des actionnaires de Sika doit se tenir au printemps mais sa date n'a pas encore été arrêtée.

 

 

Pour rappel, début décembre 2014, le groupe Saint-Gobain avait annoncé qu'il proposait d'offrir 2,3 milliards d'euros à cinq héritiers du groupe en échange de 16,1% du capital.

 

La cession de Verallia par Saint-Gobain sème l'inquiétude des syndicats
La toute dernière prise de contrôle de Sika estimée à 2,3 milliards d'euros par le groupe Saint-Gobain suscite l'inquiétude des syndicats de Verallia, sa filiale spécialisée dans l'emballage du verre. Ils ont appelé ce mercredi 21 janvier à des rassemblements simultanés sur les six sites de production qui emploient 800 salariés : Cognac (Charente), Saint-Romain Le Puy (Loire), Lagnieu (Ain), Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), Oiry (Marne) et Vauxrot (Aisne). Les syndicats demandent finalement des garanties auprès de la direction de Saint-Gobain, et notamment que sa filiale ne soit pas vendue par appartements et qu'un plan d'investissement sur cinq ans dans tous les sites européens soit défini.

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