REACTION. Suite à l'enquête de l'UFC Que Choisir sur les pratiques commerciales de certaines entreprises de rénovation énergétique, le dirigeant d'une des entreprises nommément citée dans une liste de sociétés aux nombreux litiges, choisit de réagir auprès de Batiactu. Fabien Augiron (HPS Environnement) nous expose la situation de sa société et de ses concurrents.
L'UFC-Que Choisir dénonçait, voilà deux semaines, le couple infernal formé par les entreprises de rénovation qui font du démarchage et les établissements bancaires qui financent des opérations à grands coups de prêts à la consommation masqués ou non adaptés. L'association de défense des consommateurs publiait, dans une volonté de transparence, la liste des dix entreprises le plus souvent citées dans des cas de litiges selon ses propres sources régionales. Le président-directeur général de Sweetcom avait déjà pris la parole dans nos colonnes et s'étonnait d'y figurer. C'est aujourd'hui Fabien Augiron, dirigeant de HPS Environnement, une autre entreprise de la fameuse liste, qui nous livre ses explications.
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Usurpation d'identité, annulations hors délais…
"Nous avons recensé, avec mon équipe, 14 dossiers de litiges en 2017 sur 6.000 factures annuelles", annonce-t-il. Statistiquement, la fréquence de litige est donc infinitésimale, puisqu'elle dépasse juste les 0,2 %. Il poursuit : "Dans la plupart des cas, il s'agit de litiges pour des annulations hors délai, c'est-à-dire deux ou trois mois après la signature du bon de commande, des clients qui se rétractent. Jamais il n'est question de non-respect de la réglementation". Fabien Augiron mentionne au passage que son entreprise est affiliée à la Fédération française de la vente à domicile (FVD) "très regardante sur la politique tarifaire et les conditions générales de vente". Le responsable de HPS Environnement assure que sa société dispose de toutes les accréditations et certificats de conformité possibles. Et, selon lui, le problème vient de petites sociétés concurrentes qui n'hésitent pas à employer de méthodes frauduleuses : "Elles passent derrière nous, en usurpant l'identité de notre entreprise. Sous couvert d'enquête de satisfaction sur les économies d'énergie, elles obtiennent des informations par téléphone. Puis elles programment de soi-disant contrôles des travaux chez les gens en essayant de revendre une autre prestation avec un bon de commande vierge et de faux tampons".
L'étape suivante, pour les escrocs, consiste à rapprocher les clients d'un organisme de financement afin d'obtenir des fonds : "L'organisme verse la somme sur le compte du client et l'entreprise fournit un RIB pour la récupérer de la part du client et démarrer les travaux". Au passage, Fabien Augiron dénonce ces établissements qui donnent des agréments à toutes les structures, sans vérifier leurs qualifications RGE ni leur situation. "Certaines sont en dépôt de bilan ou n'ont aucun historique mais elles sont quand même financées", s'insurge-t-il. Résultat : des travaux qui sont ensuite surfacturés - il évoque des cabines de douches à 30.000 € - ou bâclés. Dans ce dernier cas de figure, il note : "Les travaux sont faits par un concurrent et la prestation n'est pas du tout la même. Par exemple, pour l'isolation des combles ils remplaceront la ouate de cellulose que nous utilisons, par de la laine de verre, moins chère". Le chef d'entreprise se dit aujourd'hui dépité par ces pratiques malhonnêtes dont les clients et sa société sont victimes.
Le système pervers des rachats de crédit
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Fabien Augiron précise que jamais HPS Environnement n'a eu de procédure au pénal mais qu'elle a déjà été sujette à une usurpation d'identité en 2013. Sur l'activité de sa société il ajoute : "Nous ne faisons pas de choses spécifiques comme le solaire, malgré les nombreuses sollicitations des fabricants. Nous ne faisons pas de travaux liés à de la rentabilité économique, trop liés à la fiscalité de l'Etat". L'entreprise se concentre sur l'amélioration de l'habitat au sens large, avec de l'isolation des combles, des changements de menuiseries et des remplacements de systèmes de chauffage. Le dirigeant annonce employer 250 personnes en tout dont 30 binômes de pose et 80 commerciaux. Ces derniers ne font ni foires, ni d'actions dans les galeries commerciales. Quant aux suites à donner à l'affaire UFC-Que Choisir, il conclut : "Je suis droit dans mes bottes, je n'ai rien à cacher et je ne veux pas être assimilé aux autres entreprises de cette liste. Je vais voir avec la Fédération de vente à domicile. Mais tout cela fait énormément de mal". Le responsable ajoute : "Les organismes de rachat de crédit posent problème. Sans qualifications bancaires, ils recyclent souvent d'ex-commerciaux du marché de l'habitat pour exploiter les failles du système auprès de sociétés comme la nôtre. Ils proposent aux clients de diminuer leurs mensualités en rachetant les crédits mais la durée s'en trouve rallongée et la maison hypothéquée. Ce système est pervers, il faut que ça s'arrête".
L'association de défense des consommateurs a dressé, dans un but de totale transparence, une liste de 10 entreprises présentant le nombre le plus élevé de litiges. Mis en cause, HPS Environnement a souhaité obtenir des réponses auprès de l'UFC sur le nombre et la qualification de ces dossiers : "Je n'ai obtenu aucune réponse de leur part. J'ai été systématiquement bloqué", avoue Fabien Augiron.
Batiactu a donc souhaité en savoir plus avec Matthieu Robin, chargé de l'étude à l'UFC-Que Choisir : "La liste contient les noms des sociétés qui reviennent le plus souvent. Elles ont un nombre de litiges très important, supérieur à la moyenne du secteur, et leurs pratiques perdurent dans les temps, entre 2016 et 2017. C'étaient les deux critères pour figurer dans la liste". Le responsable se borne à citer "plusieurs dizaines de litiges en cours ou clos" pour chaque entreprise, sans plus de précision. Une limite de cette liste déjà évoquée par Raphaël Mignon, le p-dg de Sweetcom, autre société y figurant : "Nous avons une volumétrie importante de 800 rénovations par mois, sur tout le territoire. Même si les problèmes ne touchent qu'un faible pourcentage cela prend tout de suite de l'ampleur". L'association de défense des consommateurs ne voit, de son côté, aucun problème à faire figurer côte à côte petites structures et plus grosses entités, dont le nombre absolu de litiges, s'il est comparable, n'est pas du tout le même lorsqu'il est rapporté au nombre de chantiers menés par an.