URBANISME. Les villes sont en pleine évolution depuis les années 2000 et le phénomène s'accélère même, selon David Coutelle, directeur Eau-Energie-Ville & Territoire de Burgeap (groupe Ginger). Il décrypte la composition des agglomérations et des quartiers, leurs usages et leurs façons de s'articuler.
Les paysages urbains changent au fil de l'Histoire. Diverses époques se côtoient donc au sein des agglomérations, avec des aménagements bâtis selon un schéma traditionnel - celui qui a cours depuis l'immédiat Après-guerre - et d'autres beaucoup plus diversifiés dans leur conception et leurs usages. David Coutelle, le directeur Eau-Energie-Ville & Territoire chez Burgeap, signe une tribune sur le blog de Ginger qui analyse les grandes tendances de cette évolution qui aurait tendance à s'accélérer depuis 5 ans.
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Mixité et développement durable
Il note : "Pendant des décennies, les politiques d'aménagement urbain ont plus ou moins volontairement cloisonné les principales fonctions d'une ville". L'expert liste par exemple le quartier d'affaires, la rue commerçante, la zone industrielle, le quartier pavillonnaire ou le secteur de la gare, qui a longtemps été mal considéré. "Aujourd'hui, la ville devient plus mixte et intègre chaque zone au cœur du quartier pour réinstaurer de la proximité". D'autant que le développement de l'intermodalité des transports replace la gare au centre des espaces économiques et de vie. Autre phénomène, la désindustrialisation de l'économie qui tend à libérer des espaces que la ville peut se réapproprier, en prenant compte toutefois des anciennes activités et de leur éventuel impact sur l'environnement.
Car la prise en compte de cette question écologique, en relation avec la lutte contre le réchauffement climatique et l'attention croissante portée à la santé et au bien-être des citadins, influence de plus en plus la politique environnementale urbaine. David Coutelle souligne les enjeux de performance thermique des bâtiments, qu'ils soient neufs ou rénovés, et de déploiement des énergies renouvelables décentralisées, avec l'accent qui est souvent mis sur les réseaux de chaleur. "La durabilité des villes c'est aussi la question des transports", fait-il valoir. Là encore, des bouleversements vont avoir lieu dans les années qui viennent avec la disparition programmée de la motorisation thermique au cœur des métropoles dans les 20 ans, le développement intense de la mobilité électrique ou hydrogène, l'adoption de nouveaux modes de consommation partagée et la transition vers des modes doux ou collectifs.
Transfert de compétences du public vers le privé
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Pour le directeur Eau-Energie-Ville & Territoire de Burgeap, "la transformation urbaine s'accompagne aussi d'un glissement de responsabilité". Il note que le secteur privé parvient davantage à jouer un rôle d'aménageur, autrefois endossé par les seules collectivités. Une "délégation" qui donne de l'autonomie et de la responsabilité à ces acteurs. De leur côté, les collectivités définissent des exigences fonctionnelles pour un quartier et sélectionnent ensuite les entreprises dans le cadre d'un appel à projets. "L'aménageur devra respecter cet objectif en ayant une liberté dans les solutions employées", explique-t-il, citant l'exemple des concours "Réinventer Paris" et "Inventons la Métropole" pour Paris, ou d'Euratlantique pour Bordeaux, d'Euromed pour Marseille ou de Méridia pour Nice.
David Coutelle estime que plusieurs raisons motivent ces évolutions : tout d'abord, un raccourcissement des durées de cycle de production et de renouvellement urbain. "L'appel à des aménageurs privés permet de recentrer les collectivités sur d'autres actions territoriales, comme les transports". Financière ensuite, avec de lourds investissements à consentir, rentabilisés sur le long terme : "En couplant aménagement et promotion, ce temps de retour se trouve réduit et les collectivités ont, par la même occasion, transféré leur capacité d'investissement (qui s'est réduite) sur d'autres domaines prioritaires".