INFRASTRUCTURE. La déclaration d'utilité publique de l'autoroute A45, qui devait relier Saint-Etienne à Lyon, a expiré mi-juillet. Ce qui conduit automatiquement à l'abandon définitif du projet au grand dam des collectivités locales.
C'est la fin du feuilleton pour le projet controversé d'autoroute A45. Cette infrastructure qui devait relier Saint-Etienne à Lyon, en désengorgeant l'A47, ne verra pas le jour. La déclaration d'utilité publique a en effet expirée le 16 juillet 2020, impliquant l'abandon pur et simple du projet.
Certaines collectivités locales étaient pourtant favorables à cette nouvelle infrastructure d'une cinquantaine de kilomètres. La région Auvergne-Rhône-Alpes, le département de la Loire, et la métropole de Saint-Etienne avaient provisionné près de 400M€ pour la financer. L'Etat et le concessionnaire retenu Vinci autoroutes devant chacun apporté la même somme.
Le dossier était sur la table de l'exécutif, dont il ne manquait plus que la signature pour démarrer le chantier. Mais le gouvernement ne souhaitait plus mener ce projet à terme. En 2018, le rapport du Conseil d'orientation des infrastructures (COI), mis en place pour aider définir les priorités d'investissement de l'Etat dans le cadre de l'élaboration de la loi d'orientation des mobilités, avait notamment estimé que "le projet A45 continue de soulever de nombreuses interrogations dont celle de son arrivée sur l'agglomération lyonnaise où il risque d'aggraver la congestion déjà importante existante".
Solutions alternatives
Elisabeth Borne, alors ministre des Transports, s'était rangé derrière l'avis du COI. Elle invoquait également de potentiels problèmes agricoles et environnementaux liés à la construction de cette infrastructure, mais aussi l'abandon du contournement ouest, à Lyon, sur lequel devait arriver l'autoroute.
La ministre avait donc préféré une autre option : conserver l'engagement financier de l'Etat de 400M€, et le consacrer à des solutions alternatives pour améliorer les déplacements entre les deux villes. Des alternatives qui devaient s'appuyer sur les réseaux existants, routier mais aussi ferroviaire, que la ministre jugeait sous-exploité.
Des réunions de concertation ont été lancées sur le sujet. Mais les trois exécutifs locaux pro-A45 ont continué à défendre le projet, demandant même au gouvernement de prolonger la DUP de dix ans. En vain.
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Un "grand gâchis"
Il y a quelques semaines, Gaël Perdriau, à la tête de la métropole de Saint-Etienne et qui vient d'y être reconduit, a regretté "l'inconstance" du discours du gouvernement sur ce sujet. A la veille de l'expiration de la DUP, les présidents LR du département de la Loire et de la Région, Georges Ziegler et Laurent Wauquiez, ont déploré cet abandon dans des propos rapportés par l'AFP.
Georges Ziegler a ainsi exprimé une impression de "grand gâchis, car nous avions franchi toutes les étapes, y compris celle du financement, et que nous touchions au but". Laurent Wauquiez est plus dur, dénonçant une "décision qui revient à condamner des milliers d'automobilistes et d'entreprises à subir embouteillages, pollution et perte de compétitivité".