ANALYSE. Les chiffres de la Banque de France pour le mois de mai 2023 continuent à dégringoler, bien que toujours inférieurs à leur niveau d'avant-Covid. Les plus petites entreprises encaissent les plus grosses pertes.

Les mois s'enchaînent et les bonnes nouvelles n'arrivent toujours pas : les défaillances d'entreprises continuent de s'enfoncer dans l'Hexagone. Les chiffres de la Banque de France pour le mois de mai 2023 sont donc encore une fois négatifs, avec 47.231 faillites recensées sur un an, contre 32.401 un an auparavant, et 59.342 en moyenne avant la pandémie.

 

 

Certes, cet aspect des choses permet de relativiser quelque peu la situation actuelle. En revanche, la tendance à l'oeuvre depuis l'automne 2021, c'est-à-dire une remontée progressive et inflexible des dépôts de bilans, inquiète malgré tout les acteurs économiques. D'autant que "ce mouvement haussier touche les divers secteurs de l'économie et les entreprises de toutes tailles (hors micro-entreprises et entreprises de taille indéterminée)", précise la Banque de France.

 

L'institution monétaire se veut toutefois rassurante en analysant l'évolution des statistiques sur une autre période : "Le nombre global de défaillances sur un an reste ainsi inférieur au niveau moyen enregistré sur la période 2010-2019, avant la pandémie de Covid-19. Les défaillances ont en effet fortement reculé à compter du début de la crise sanitaire, à la suite de la modification temporaire des dates de caractérisation et de déclaration de l'état de cessation de paiements, puis aux mesures publiques de soutien en trésorerie permettant d'éviter cet état de cessation des paiements", complète-t-elle.

 

L'écart se resserre dans l'immobilier

 

Dans le détail, le secteur de la construction a connu 9.607 cessations de paiements au mois de mai 2023, contre 6.748 en mai 2022, soit un bond de 42,4%. Mais les faillites d'entreprises de bâtiment et de travaux publics avaient dépassé les 11.000 en 2019, soit +13,4% par rapport à mai 2023.

 

Moins impacté, l'immobilier enregistre tout de même 1.569 dossiers en mai 2023, contre 1.221 à la même période il y a un an, ce qui représente une très forte augmentation de 28,5%. La crainte est néanmoins davantage de mise dans ce secteur, dans la mesure où l'écart avec le niveau d'avant-Covid, justement, se réduit de plus en plus. Les professionnels de l'immobilier avaient en effet subi 1.631 défaillances en 2019, soit seulement 3,8% de plus qu'en mai 2023.

 

Craintes autour du remboursement des PGE

 

L'analyse de la Banque de France par tailles d'entreprises montre une nouvelle fois que les petites et moyennes entreprises encaissent les plus grosses pertes : tous secteurs confondus, 47.190 PME (dont 43.609 micro-entreprises) ont mis la clé sous la porte en mai 2023, contre 32.378 il y a un an, soit une envolée de 45,7%. Elles étaient 51.119 dans cette situation en 2019, ce qui représente un écart de 7,7% avec les chiffres de mai 2023.

 

Du côté du SDI, le Syndicat des indépendants, on fait le lien avec le remboursement des PGE, les Prêts garantis par l'État octroyés durant la crise sanitaire pour soutenir la trésorerie des entreprises. "Selon notre dernière enquête sur l'état des lieux des relations entre les banques et les TPE, nous formons le constat, chiffres à l'appui, que 93.000 TPE ne seront probablement pas en mesure de rembourser leurs 6 milliards d'euros de PGE", pointe le secrétaire général du syndicat, Marc Sanchez.

 

D'après le responsable, "Bercy, pour sa part, constatait à fin janvier 2023 que 40.796 PME-ETI à la situation économique 'fragile' à 'fortement compromise' selon la cotation Banque de France, cumulaient 10,5 milliards d'euros de dettes PGE dans leurs comptes. Au total, le budget de l'État exclut un potentiel total de 16,5 milliards d'euros de dettes PGE non remboursées."

 

D'éventuels impayés qui pourraient non seulement fragiliser davantage les PME, mais aussi représenter un gros manque à gagner pour les finances publiques. Une solution avancée par le SDI pourrait être de donner la possibilité aux chefs d'entreprises le demandant "d'étaler le paiement de leur PGE sur une durée minimum supplémentaire de 2 ans".

 

 

Les grands groupes pas épargnés

 

Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grands groupes, bien que moins nombreux, connaissent aussi des temps difficiles : 41 d'entre eux ont été placés en défaillance en mai 2023, contre 23 en mai 2022, soit un décollage de 78,3%. Cette catégorie d'entreprises a même dépassé son niveau d'avant-Covid : seulement 26 dossiers avaient été comptabilisés en 2019, ce qui représente 57,7% de moins qu'en mai 2023...

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