PROFESSION. Une coopérative de concepteurs vient de naître en France. Elle permet d'exercer le métier différemment.

Être à la fois entrepreneur et salarié, c'est désormais possible pour les architectes. Une première coopérative d'activité et d'emploi (CAE) en architecture a été créée, inscrite à l'Ordre des architectes en septembre 2024 et est aujourd'hui immatriculée.

 

 

Baptisée Hêtres Concepteurs et fondée par deux architectes HMNOP Tsanta Maulay et Flora David, le scénographe Mathieu Lecoutey et le gérant de la coopérative des Chantiers de Demain, Lionel Dujardin-Martin, cette CAE permet de proposer aux maîtres d'œuvre un statut d'entrepreneur salarié et, ainsi, de percevoir un salaire et de bénéficier de la couverture sociale d'un salarié classique. La CAE héberge juridiquement les activités des membres, permet leur rémunération sur la base de leur chiffre d'affaires généré par leur activité, et les accompagne dans leurs démarches administratives. Il n'est donc pas nécessaire d'immatriculer son activité.

 

Accompagner et fédérer

 

Cette communauté s'adresse aux entrepreneurs indépendants, à ceux qui souhaitent créer leur entreprise ou encore à des salariés déjà en poste qui veulent développer une activité secondaire. "C'est la première CAE à être acceptée par l'Ordre des architectes", affirme fièrement Tsanta Maulay, architecte co-gérante à la CAE Hêtres Concepteurs, au Congrès des architectes le 25 octobre dernier à Reims (Marne). Elle est ouverte aux métiers connexes de la conception et pas uniquement aux architectes. La structure soutient toutefois qu'elle doit être composée à 51% minimum d'architectes.

 

 

"Notre CAE accompagne les porteurs de projets à s'inscrire à l'Ordre. Notre objectif est de fédérer et de permettre la transmission de connaissances. Le fonctionnement est simple : un premier contrat de 12 mois, renouvelable, est signé entre l'entrepreneur et la structure afin de mettre en place son activité. L'entrepreneur peut ensuite se salarier et bénéficier de fiches de paie. Au bout de trois ans, il a l'obligation de devenir sociétaire de la coopérative et ainsi, de participer à sa gouvernance. Il devra sinon la quitter", explique Tsanta Maulay.

 

La co-gérante précise qu'il n'est pas obligatoire d'être basé dans un grand centre urbain. "Notre CAE permet, si on le souhaite, de s'implanter en campagne, d'être au plus proche de son territoire et, ainsi, de retrouver son rôle de citoyen." Pour Jean-François Desage, architecte entrepreneur salarié à la CAE Hêtres Concepteurs, la coopérative permet de "s'émanciper". "Nous ne sommes pas au service d'une entreprise mais du bien commun. Cela enrichit la profession et amène la société à se réinterroger." La coopérative permet également aux membres de sortir de la solitude et de tisser des liens entre confrères.

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