PATRIMOINE. Les deux premières fermes de la charpente en chêne massif de la nef de la cathédrale parisienne ont été montées en atelier, dans l'Eure. Une étape importante pour vérifier l'ouvrage des charpentiers, prélude au montage effectif in situ dans quelques mois.
Une vérification symbolique avant la véritable installation : les deux premières fermes de la charpente en chêne massif de la nef de Notre-Dame de Paris ont été montées à blanc par les charpentiers, dans l'Eure. Alors que le chantier de reconstruction de la cathédrale parisienne se poursuit et tient pour l'heure son calendrier, cette étape importante, effectuée en atelier, permet de contrôler l'ouvrage et constitue donc un prélude indispensable au montage effectif in situ, prévu dans quelques mois.
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"Ce levage manuel, à la seule force humaine, d'une ferme de la charpente de la nef, est la démonstration que les savoir-faire hérités des bâtisseurs de cathédrales ont toujours à nous apprendre - et que l'union, aujourd'hui comme hier, fait la force", salue le général d'armée Jean-Louis Georgelin, président de l'établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris et représentant spécial du président de la République Emmanuel Macron. Ajoutant : "Les charpentiers, amoureux de leur métier, venus des quatre coins de France, parfois de l'étranger, ont rassemblé leurs compétences pour permettre la réouverture de la cathédrale au culte et à la visite en décembre 2024 et nous ont donné à vivre (...) un magnifique moment d'unité".
L'ancienne charpente datait des XIIe et XIIIe siècles
Avec 35 mètres de long, 14 de large et 10 de haut, la charpente de la nef se compose au total de 57 fermes principales et secondaires, qui forment 11 travées. Entièrement détruite par l'incendie du 15 avril 2019, elle datait de la fin du XIIe et du début du XIIIe siècles. Conformément aux avis de la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture (CNPA), elle sera reconstruite en bois de chêne massif sur la base d'un dessin fidèle à l'ouvrage médiéval, en recourant à la taille manuelle, une technique adaptée à son dessin, respectueuse du fil du bois et garantissant une bonne pérennité.
Cette phase des travaux a été confiée par l'établissement public chargé du chantier au groupement d'entreprises Ateliers Desmonts (Eure), spécialisés dans la taille manuelle et qui s'occupent plus particulièrement de la reconstruction de la charpente de la nef, et Ateliers Perrault (Maine-et-Loire), mandataire expérimenté dans les chantiers complexes de monuments historiques, et qui se charge pour sa part de rebâtir le choeur.
Après avoir taillé quelque 1.200 grumes depuis janvier 2023, le montage à blanc permet concrètement aux charpentiers de s'assurer de la bonne exécution de tous les assemblages avant le montage final, au-dessus des voûtes de la cathédrale. D'après le calendrier, l'ensemble de la charpente de la nef devrait être monté au plus tard début 2024.
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"Jalon important"
"Les charpentiers du groupement travaillent actuellement sur la base des relevés que nous avons réalisés en 2014 avec mon confrère, et aujourd'hui associé, Cédric Trentesaux, et sur l'analyse des vestiges de l'ouvrage incendié", explique Rémi Fromont, architecte en chef des monuments historiques. "La charpente de Notre-Dame telle qu'elle existait avant l'incendie représente un témoignage patrimonial unique de l'art des compagnons du XIIIe siècle. Plus nous l'étudions, plus nous comprenons à quel point elle a représenté un jalon important dans l'évolution technologique des charpentes à cette époque", conclut le spécialiste.