CHANTIER. Détruite dans l'incendie, la flèche de la cathédrale parisienne va commencer à être reconstruite dans les jours qui viennent. Le montage à blanc du tabouret en bois de chêne massif, partie de la flèche qui assure son ancrage dans les piliers de la croisée du transept, vient de s'achever en atelier.
C'est une étape symbolique qui s'apprête à débuter sur le chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris : la flèche de l'édifice, signée Viollet-le-Duc et qui s'était effondrée dans le brasier du transept lors du terrible incendie d'avril 2019, s'élèvera bientôt de nouveau dans le ciel parisien.
à lire aussi
L'établissement public chargé de la conservation et de la restauration de l'un des plus célèbres monuments de la Ville Lumière vient d'annoncer la fin du montage à blanc en atelier du tabouret en bois de chêne massif, "une étape nécessaire" initiée à l'automne 2022 et qui "permet de s'assurer de la bonne exécution de tous les assemblages composant le tabouret, avant l'acheminement dans la cathédrale, pour la mise en place définitive", détaille un communiqué de la structure publique.
Le tabouret fait 15 mètres de long pour 13 mètres de largeur et 6 mètres de hauteur. Il se compose de 110 pièces et intègre 150 assemblages complexes. "Le bois des deux poutres diagonales de 20 mètres de longueur provient notamment des huit chênes exceptionnels de plus d'un mètre de diamètre, qui ont été sélectionnés en forêt domaniale de Bercé (Sarthe)", précise l'établissement public. Un jalon supplémentaire franchi par les charpentiers du projet, et qui ouvre la voie à une reconstruction imminente de la flèche sur site.
Présentée comme un "chef-d'oeuvre de charpente", cette dernière culminait à 96 mètres de hauteur pour une assise s'élevant à 30 mètres du sol et une hauteur propre de 66 mètres. Le tabouret constitue donc sa partie inférieure, assurant son ancrage dans les piliers de la croisée du transept. Il est dépeint comme "une construction en bois d'une très grande hardiesse par laquelle la flèche est solidement ancrée dans les quatre grands piliers d'angle de la croisée du transept, au coeur de la cathédrale", explique l'établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris.
Mobilisation d'un panel d'acteurs
Pour rappel, la reconstruction à l'identique de la flèche a été confiée, en coopération avec les architectes en chef des monuments historiques, maîtres d'oeuvre du chantier, au groupement d'entreprises Le Bras Frères (mandataire), Asselin, Cruard Charpente et MDB Métiers du Bois, qui a constitué un atelier commun à Briey, en Meurthe-et-Moselle, pour l'ensemble des travaux préparatoires à la reconstruction.
"Nous avons préconisé une reconstruction de la charpente dans son matériau d'origine, notamment en raison du caractère authentique et durable du chêne, qui dispose également de la plasticité nécessaire pour supporter les contraintes de l'édifice. La flèche dessinée par Viollet le-Duc était un ouvrage de charpente complexe, constituée de bois de taille exceptionnelle", confirme Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques.
La restitution des charpentes de la flèche et des deux bras du transept a nécessité un millier de grumes de chênes, façonnées par les charpentiers qui ont combiné pour l'occasion les techniques ancestrales de l'art du "trait de charpente" avec les outils numériques et les simulations de leurs bureaux d'études. Nonobstant les charpentiers, tout un panel d'acteurs a été mobilisé pour l'occasion : des professionnels de la filière forêt-bois (forestiers, scieurs...), des ingénieurs en structures pour les calculs, des dessinateurs et projeteurs pour les modélisations numériques ainsi que les plans de taille et d'assemblage, et des conducteurs de travaux pour les études méthodologiques et logistiques.
Calendrier de réouverture maintenu
à lire aussi
Désormais monté, le tabouret va donc être transféré sur l'île de la Cité où il prendra place dans ce décor historique après "une quinzaine d'étapes de montage sur place". L'édification de la nouvelle flèche se fera ensuite progressivement "tout au long de l'année 2023". "C'est un signe tangible que l'on se rapproche vraiment de la réouverture de Notre-Dame, fin 2024", souligne le général d'armée Jean-Louis Georgelin, représentant spécial du président de la République et président de l'établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris.
Les charpentiers vont ainsi bientôt pouvoir faire leur entrée au coeur du chantier le plus emblématique de Paris, rejoignant les restaurateurs des élévations intérieures, des décors peints des chapelles et du mobilier d'art, ainsi que les maçons-tailleurs de pierre, qui restaurent et reconstruisent depuis plusieurs mois déjà les voûtes effondrées pendant l'incendie.