Une exposition met en valeur le chantier de restauration de Notre-Dame de Paris

 

Valoriser les savoir-faire

 

Le 15 avril 2019, un violent incendie dévaste une grande partie de la cathédrale. Le drame provoque un tel choc que des donateurs du monde entier se mobilisent pour financer sa restauration. Au total, 845 millions d'euros sont récoltés. Un chantier hors du commun se met en place sous la responsabilité d'un établissement public dédié, qui tient le rôle de maître d'ouvrage. Une restauration à l'identique, dans le respect des matériaux d'origine, est approuvée par la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture en 2020.

 

 

Le chantier de restauration du bâtiment est particulièrement mis en lumière dans cette exposition, et apporte un éclairage sur le travail des compagnons et artisans chargés d'y travailler. "L'exposition célèbre les bâtisseurs d'aujourd'hui et d'hier", explique Philippe Jost, directeur adjoint de l'établissement public chargé de la restructuration, lors d'une visite de presse. "Passion et savoir-faire sont mobilisés dans ce chantier hors du commun." En effet, la transmission des compétences est illustrée en photos et vidéos. Des maquettes de grandes tailles des documents d'archive complètent cet ensemble.

 

Zoom sur la charpente

 

Les matériaux et méthodes utilisés pour donner une seconde vie à l'édifice suite à l'incendie sont exposés. Des éléments en plomb de la couverture, du bois calciné de la charpente et des pierres de la croisée du transept figurent parmi les pièces dévoilées derrière les vitrines du musée.

 

Le travail de reconstruction de la charpente est symbolisé par quelques grumes, à différents stades d'équarrissage, de haches de dégrossi et de doloires spécialement conçues pour le chantier. "Deux mille chênes sont coupés en France pour réaliser l'assemblage. Le dernier a été abattu dans l'Orne la semaine dernière", indique Isabelle Marquette, co-commissaire de l'exposition. Ce sont les Ateliers Perrault et l'Atelier Desmonts qui sont chargés de la restitution de la charpente. Ils utilisent pour cela des outils et techniques de l'époque médiévale.

 

 

Quelques mètres plus loin, les visiteurs peuvent découvrir certains tuyaux du grand orgue. Ce dernier en possède au total 8.000, qui doivent être nettoyés par trois ateliers de facteurs d'orgue, en France. L'instrument sera remonté en 2024.

 

Une grande collection d'éléments architecturaux et décoratifs

 

La collection impressionnante d'œuvres issues du bâtiment pourra également séduire les visiteurs. Sculptures monumentales, peintures et vitraux se côtoient au sein de la galerie des moulages. "L'architecte Eugène Viollet-le-Duc, qui remporte au XIXe siècle le concours de restauration de Notre-Dame, a insufflé un esprit néo-gothique à la cathédrale. Il a notamment importé 16 sculptures faites de feuilles de cuivre martelées, réalisées entre 1858 à 1861. Une façon de donner à la fois une hégémonie et une originalité au monument", raconte Isabelle Marquette. Quant aux vitraux, encrassés, ils doivent être nettoyés.

 

 

Les commissaires ont pris le soin d'afficher des maquettes et dessins, notamment celui du projet de la flèche. "Il a été plus compliqué de ramener, de par leur volume, certains éléments du chantier, comme les pierres et la charpente", concède la commissaire. "Nous aspirons, à travers cette installation, montrer comment ce chantier, certes exceptionnel, représente une toute petite partie de l'histoire de Notre-Dame."