EMPLOI. Plus de 50.000 dirigeants de sociétés ont perdu leurs postes en 2018, selon l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs piloté par l'association GSC et la société Altares. Bien qu'en retrait de 1,6%, le secteur du bâtiment représente toujours le quart de ces destructions d'emplois.
L'année 2018 aura été violente sur le front de l'emploi des dirigeants : 50.185 entrepreneurs ont perdu leurs postes l'année dernière, un chiffre en augmentation de 0,3% d'après la 3e édition de l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs piloté par l'association GSC et la société Altares, spécialisée dans l'information sur les entreprises. D'autres enseignements sont à noter : l'âge médian des chefs d'entreprises ayant fait face à une liquidation judiciaire était de 46 ans, et 1 entrepreneur sur 10 avait moins de 30 ans. Le chômage des dirigeants de moins de 30 ans a d'ailleurs atteint 6,7% en 2018, une situation qui s'explique par l'importante dynamique de création d'entreprises observable chez cette population depuis 2 ans. De l'autre côté de la pyramide des âges, les plus de 50 ans représentaient 35,8% des entrepreneurs confrontés à la perte de leurs emplois. Ce qui prouve que les professionnels plus âgés et donc plus expérimentés ne sont pas nécessairement mieux préparés aux vicissitudes de l'entrepreneuriat. Pour le reste, les tranches 41-50 ans et 31-40 ans représentaient respectivement 29,5% et 24,8%, tandis que les 26 à 30 ans et les moins de 26 ans pesaient respectivement pour 7,2% et 2,7%.
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A lui seul, le secteur du bâtiment a représenté en 2018 le quart (25,3%) des pertes d'emplois des entrepreneurs, en dépit d'une timide baisse de 1,6% en comparaison à l'année 2017. L'industrie a pesé pour 6,9% (-3,7%) pendant que les activités de transport et de logistique ont représenté seulement 4% mais après s'être envolées de 14,7%.
"50.185, ce chiffre est insoutenable ! La mobilisation de l'ensemble des acteurs est indispensable pour sensibiliser les entrepreneurs aux conséquences de la perte d'emploi", réagit le président de l'association GSC, Anthony Streicher. "Tous ceux qui accompagnent quotidiennement les chefs d'entreprises doivent les informer au moins une fois par an des risques de pertes d'emplois et des solutions existantes. Le coup de frein de la croissance en France et en Europe doit nous amener à beaucoup de prudence et d'anticipation pour les mois qui viennent."
Les petites structures en première ligne
Sans grande surprise, le baromètre nous apprend également que ce sont les gérants des petites structures qui sont le plus impactés : 74,8% des entrepreneurs perdant leurs emplois faisaient travailler moins de 3 salariés, un chiffre en progression de 1,5% sur un an. Au total, quelque 6.650 artisans-commerçants se sont retrouvés au chômage en 2018. Les responsables de SARL (Sociétés anonymes à responsabilité limitée) se sont aussi retrouvés en première ligne : avec 27.919 personnes s'étant retrouvées sans emploi, ils ont tout de même constitué 57,7% des destructions de postes, suivis par les dirigeants de SAS (Sociétés par actions simplifiées) à hauteur de 24,7% (11.958 personnes). Sur le plan du chiffre d'affaires, l'Observatoire de l'emploi des entrepreneurs relève que 78% des pertes d'emplois ont eu lieu au sein de structures dont le chiffre d'affaires était inférieur à 500.000 €, concernant in fine 17.359 entrepreneurs.
"Plus de 690.000 nouvelles entreprises ont été créées en 2018, dont près de la moitié en micro-entreprises ; un record ! Tous ces paris entrepreneuriaux sont portés, avant tout, par des énergies humaines capables de mobiliser des ressources autour d'un projet. Ces chefs d'entreprises acceptent alors de prendre un risque financier professionnel", commente Charles Battista, le directeur d'Altares. "Beaucoup, cependant, négligent, voire oublient, d'autres risques, plus personnels parfois. Il en est ainsi de l'assurance perte d'emploi souvent reléguée au second plan. Pourtant, en 2019, les défaillances d'entreprises devraient repartir à la hausse, et les dirigeants d'entreprises en situation de perte d'emploi être toujours plus nombreux !"
La région capitale cristallise les destructions de postes, avec une tendance à la hausse
Ces différents constats s'appliquent à toute la France, même si la moitié des pertes d'emplois s'est localisée en Île-de-France (23%), Auvergne-Rhône-Alpes (12%) et Provence-Alpes-Côte-d'Azur (10%). Globalement, 9 régions de l'Hexagone sur 13 ont enregistré en 2018 une hausse du nombre d'entrepreneurs en situation de perte d'emploi, sachant que les territoires les plus impactés ont été la région parisienne (+7,3%), les Outre-Mer (+4,6%) et les Pays de la Loire (+4,2%). En revanche, la région Paca a reculé de 7%, l'Occitanie s'est rétracté de 5,3% et la Bretagne s'est repliée de 4,8%.
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Quelques précisions sur la méthodologie de l'étude