Deux projets de fermes hydroliennes pilotes qui doivent être implantées au raz Blanchard (Manche) font chacun l'objet d'une enquête publique qui durera un mois. En tout, une douzaine de turbines d'une puissance comprise entre 1,4 et 2 MW devraient être immergées par 30 mètres de profondeur d'ici à 2020.

La course au raz Blanchard est lancée. Alors que les premières hydroliennes ont été immergées par DCNS/OpenHydro à Paimpol-Bréhat (Côtes d'Armor) et par Sabella au passage du Fromveur (Finistère), c'est vers le Cotentin et le cap de la Hague que se tournent aujourd'hui les industriels du secteur des EMR. Deux projets de fermes pilotes font aujourd'hui l'objet d'enquêtes publiques pour une durée d'un mois.

 

 

Le premier, "Normandie Hydro", est porté par l'électricien national EDF et par les chantiers navals DCNS. Il prévoit l'installation de sept turbines sous-marines à 3,5 km de Goury (Manche), à une trentaine de mètres de profondeur. Cette ferme pilote s'étendra sur 28 hectares et concernera six communes du littoral normand. Il est prévu que les travaux démarrent en 2017 et que les machines entrent en phase de production dans les deux ans qui suivront. Chaque hydrolienne, de 16 mètres de diamètre, développe une puissance de 2 MW. Le second projet, "Nepthyd", quant à lui, est soutenu par Engie (ex-GDF) et le turbinier Alstom. Ce sont quatre machines de type Oceade qui devraient être déployées sur 17 hectares de fonds marins, à partir de 2018. Les machines de 18 mètres de diamètre afficheront une puissance unitaire de 1,4 MW.

 

Des fermes de 50 à 150 machines vers 2023

 

 

Ces deux fermes pilotes seront chargées de démontrer la viabilité du modèle économique de cette énergie renouvelable. D'ores et déjà, DCNS a immergé deux hydroliennes et espère les relier à un câble unique afin de les raccorder au réseau électrique national avant la fin de l'été. Cette étape préalable consistera donc à tester les techniques qui seront employées dans le futur. Les industriels envisagent ensuite de passer à l'échelle commerciale, avec des parcs sous-marins de 50 à 150 unités, pour une puissance de plusieurs centaines de MW équivalente à celle de grandes fermes éoliennes. Un appel d'offres devrait d'ailleurs être lancé en ce sens par le ministère de l'Environnement, afin que les premières installations de grande envergure soient opérationnelles au début de la prochaine décennie (2021-2023). Chacun des deux projets, dont l'investissement est estimé entre 100 et 112 M€, recevra des subventions et aides remboursables dans le cadre du Plan d'Investissement d'Avenir, pour un montant correspondant à la moitié de cette somme environ. Engie estime que le seul projet de parc pilote mobilisera 75 emplois en phase de développement, 250 en phase de construction et 40 pendant son exploitation.

 

De leur côté, les associations de défense de l'environnement se sont déjà prononcées "absolument contre ces projets" qui sont situés en zone Natura 2000. Jacky Bonnemains, président des Robin des Bois qui sont déjà engagés dans la lutte contre les futurs parcs éoliens offshore, a notamment déclaré à l'AFP : "Le raz Blanchard, c'est un torrent sous-marin à la fonctionnalité écologique majeure. S'attaquer à lui, c'est comme s'attaquer au mont Blanc". Mais la zone n'a pas été choisie au hasard : c'est dans ce passage sous-marin que les courants sont les plus puissants d'Europe. Ils peuvent avoisiner les 12 nœuds lors des grandes marées d'équinoxe, ce qui en fait une zone particulièrement propice pour y implanter des turbines.

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