Enseignement, orientation, apprentissage : les préoccupations des artisans pour faciliter l'insertion professionnelle ont été débattues lors du second "Lab UPA" ce jeudi 24 octobre à Paris. A cette occasion, Carole Delga, secrétaire d'Etat chargée de l'Artisanat et François Rebsamen, ministre du Travail, sont intervenus sur la question de la formation mais aussi… sur la lutte contre le travail illégal. Décryptage avec Pierre Burban, secrétaire général de l'UPA.
Lors du second "Lab UPA", dernière formule de rencontres et d'échanges au Palais Brongniart à Paris, l'Union professionnelle artisanale a de nouveau marquer le coup devant ses 300 élus ainsi que Carole Delga, secrétaire d'Etat, chargée de l'Artisanat, et François Rebsamen, ministre du Travail. Au menu de ce "Lab", une série de tables rondes sur les thématiques qui préoccupent à l'heure actuelle les artisans du bâtiment : enseignement, orientation et apprentissage.
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"On ne cesse de le dire, les pays dont le système de formation initiale repose le plus largement sur les formations en alternance, tels que l'Allemagne ou la Suisse, sont ceux dans lesquels le taux de chômage des jeunes est parmi les plus faibles", nous décrypte Pierre Burban, secrétaire général de l'UPA.
"Le nombre d'apprentis dégringole dans le bâtiment"
En France, non seulement, le nombre d'apprentis ne progresse pas, mais il est en baisse pour la deuxième année consécutive, après une forte baisse de 13 % entre 2012 et 2013 Même les petites entreprises qui privilégient la voie de l'apprentissage n'augmentent plus leurs effectifs d'apprentis. "La situation est très inquiétante, par exemple, dans le bâtiment, l'un des premiers secteurs, où l'apprentissage dégringole, souffle Pierre Burban. D'ailleurs, les prochains chiffres rapportés prochainement par les organismes de formation, par le CCCA-BTP, par exemple vont nous donner le tournis.""L'apprentissage doit donc devenir une voie choisie et non une voie par défaut"
Toutefois, Pierre Burban reconnait que le chef de l'Etat a annoncé différentes mesures qui "vont dans le bons sens" lors de la grand-messe de l'apprentissage, organisée le 19 septembre dernier à l'Elysée. "En matière d'orientation, les documents de l'Education nationale vont enfin intégrer la voie de l'apprentissage", ajoute-t-il. La ministre Najat Vallaud-Belkacem s'y est d'ailleurs engagée nous attendons de voir les résultats. L'apprentissage doit donc devenir une voie choisie et non une voie par défaut, comme c'est trop souvent le cas aujourd'hui.""On va clairement défendre les TPE", Carole Delga
S'agissant de la question de l'apprentissage, Carole Delga, a tenu à exprimer son soutien auprès des artisans : "Le dernier coup de pouce gouvernemental à l'encontre des artisans va dans ce sens. On va clairement défendre les TPE, car c'est la volonté du Gouvernement."A son tour, François Rebsamen, a tenu faire passer le message suivant : "Sur ce sujet, je crois pouvoir dire que l'UPA a été entendue !" Pour les TPE, la nouvelle aide au recrutement par cumul avec la prime existante, sera portée à 2.000 euros. "Elle s'adresse aux entreprises qui ont conclu un contrat d'apprentissage depuis le 1er juillet dernier et sera versée par les Régions début 2015", a-t-il ajouté. D'ailleurs, le Gouvernement va déposer un amendement en ce sens dans le cadre du vote du budget de l'Etat pour 2015.
"La lutte contre le travail illégal, une priorité", François Rebsamen
Enfin, le ministre du Travail a évoqué la question de la conjoncture et les problématiques liées à l'artisanat du bâtiment. "Les professionnels du bâtiment sont venus me voir. Je sais que la baisse des commandes publiques des collectivités territoriales inquiète.(…) Dans ce contexte, la loi sur la transition écologique ouvrira des opportunités. Cinq milliards d'euros supplémentaires permettront à toutes les collectivités d'engager les travaux sur tous les bâtiments publics", at-il argumenté.Aure sujet évoqué : la concurrence déloyale. "Dans les échanges fréquents que j'ai avec les artisans, on me dit traverser la crise, on peut y arriver. Mais ce qui est insupportable, c'est l'injustice de la concurrence déloyale", a poursuivi François Rebsamen.
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Et de conclure devant un parterre d'élus issus de la Capeb : "Je vous le dis avec conviction, nous avons fait, avec mon prédécesseur Michel Sapin, de la lutte contre le détachement illégal de travailleurs étrangers une priorité. Je souhaite aller plus loin et plus fort sur ce sujet et nous travaillons en ce sens avec mes services pour compléter l'arsenal."
Formation des chefs d'entreprise de l'artisanat : un sujet "inflammable"
Autre sujet de préoccupation de l'UPA : la question du Fonds d'assurance formation des chefs d'entreprise de l'artisanat (FAFCEA) alors que le volet recettes du budget 2015 a été voté en première lecture à l'Assemblée nationale, ce mardi 21 octobre. Rappel : L'organisation patronale s'était alarmée, le 9 octobre dernier, qu'une ligne dans l'article 15 du projet de loi de finances 2015 soit modifiée. "Cela correspond tout de même à trois millions d'euros sur le FAFCEA, qui se trouve donc plafonné désormais à 54 millions d'euros, au lieu des 57 millions d'euros habituels qui financent la formation continue des artisans et de leur conjoint, nous indique Pierre Burban, secrétaire général de l'UPA. C'est inacceptable, l'UPA réagira, car c'est un sujet inflammable. Par ce tour de passe-passe, le Gouvernement souhaite plafonner les ressources du FAFCEA qui proviennent exclusivement des contributions formation des chefs d'entreprises." D'ailleurs, Jean-Pierre Crouzet rencontrera les ministres Michel Sapin et Emmanuel Macron, dès ce lundi 27 et mardi 28 octobre. A noter que l'ensemble du budget sera voté, toujours en première lecture, le 18 novembre, avant d'être examiné par le Sénat.