Le plus haut immeuble de Paris, toujours en cours de désamiantage, perd peu à peu ses locataires. Les employeurs, qui s'inquiètent d'une ambiance de travail anxiogène, déménagent leurs salariés vers d'autres sites. Près de 10 % des occupants auraient quitté la tour en un an, même si aucun arrêté d'évacuation n'a été pris.

De moins en moins d'amiante et de moins en moins d'occupants. Telle est la situation paradoxale de la tour Montparnasse, le principal chantier de désamiantage de France. Depuis la constatation de dépassements des seuils d'empoussièrement, au mois de juin 2013, plusieurs sociétés et organismes installés dans l'immeuble de 210 mètres de haut ont décidé de quitter les locaux, de façon préventive. Dès ces premiers signes de pollution par l'amiante repérés, Amundi, une filiale du Crédit Agricole, et CNP Assurances avaient choisi d'évacuer leurs employés vers d'autres sites franciliens, dont certains n'ont jamais réintégré leurs locaux dans la tour. Leur emboîtant le pas, le Conseil régional d'Île-de-France avait choisi, au mois de janvier dernier, de faire immédiatement quitter les lieux à l'ensemble de ses 200 agents y travaillant, en considérant l'existence d'un risque sanitaire et en exerçant le principe de précaution.

 

Psychose au 43e étage

Selon Le Figaro, d'autres sociétés auraient depuis choisi d'abandonner le vaisseau. Le quotidien national évoque le Crips (une association de lutte contre le Sida), une antenne de l'Apec (Agence pour l'emploi des cadres) ou les agents de la mutuelle d'assurances Le Conservateur. En tout, plus de 450 personnes auraient déserté l'immeuble qui peut en accueillir jusqu'à 5.000… Les responsables des agences évoquent un "climat anxiogène" pour les salariés et "une psychose sur ce sujet". Les travaux de désamiantage, débutés en 2005, se sont poursuivis en site occupé, secteur confiné par secteur confiné. Cependant, des anomalies dans la conduite du chantier auraient entraîné le relargage de poussières et de fibres d'amiante dans les conduits de ventilation, répandant ainsi le matériau cancérigène.

 

Cependant, l'Ensemble immobilier Tour Maine-Montparnasse est encore loin de devenir un immeuble fantôme. Sur les 300 copropriétaires, seule une poignée aurait fait le choix de déménager. Le Conseil national de l'Ordre des architectes conserve par exemples ses bureaux. Rappelons que l'intégralité de la facture du chantier est supportée par cet ensemble de sociétés pour un montant estimé à 250 M€, et que la recherche de nouveaux locaux pèserait encore davantage sur leur budget. Evoquée par la candidate UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, la démolition de l'édifice, n'a jamais été considérée par les membres de l'EITMM qui mettent en avant le coût supplémentaire qu'entraînerait cette opération : 800 M€, réglés cette fois par les contribuables parisiens, sans même inclure les indemnités compensatoires pour les propriétaires et locataires, ni celui des nouvelles constructions pour le réaménagement du site… La tour Montparnasse est donc encore là pour de longues années.

 

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